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COVID-19 : Les masques ont-ils tué l’émotion ?

Actualité publiée il y a 3 années 5 mois 3 semaines
Frontiers in Psychology
Quelles seront chez les plus jeunes, les conséquences à terme du port du masque durant ces longs mois de pandémie COVID-19 ? (Visuel Adsobe Stock 375036866)

Quelles seront chez les plus jeunes, les conséquences à terme du port du masque durant ces longs mois de pandémie COVID-19 ? Cette étude de l’Istituto Italiano di Tecnologia (IIT, Gênes) apporte un début de réponse : les jeunes enfants ne peuvent pas percevoir facilement la tristesse et joie chez les personnes qui portent des masques. L'étude publiée dans Frontiers in Psychology, montre en effet que les enfants âgés de 3 à 5 ans ne sont capables de comprendre les émotions cachées sous les masques que dans seulement 40 % des cas. Les conclusions font craindre un impact réel du port du masque sur la capacité d'interaction des enfants.

 

Car pouvoir reconnaître l’émotion chez l’autre participe à l’interaction sociale. Cet effet collatéral des mesures préventives liées à l'urgence sanitaire pourrait influencer le bon développement des capacités d'interaction sociale des enfants, même si l’utilisation de masques faciaux pour les enfants dans le contexte de la pandémie de COVID-19 a été consciencieusement réfléchie par les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'UNICEF. Les experts ont notamment déconseillé l'exposition aux masques faciaux lorsqu'il s'agit d'enfants âgés de moins de 5 ans. Et même pour les enfants plus âgés, l'OMS recommande d'examiner attentivement les avantages du port de masques faciaux par rapport aux risques possibles dans certains contextes sociaux et psychologiques, ou d'apprentissage notamment.

Les chercheurs de l'IIT ont préparé un quiz basé des images de personnes avec et sans masque facial (Visuel L.Taverna/IIT-Istituto Italiano di Tecnologia)

L’enfant de 3 à 5 ans face au masque ne lit pas toujours les émotions

L'étude de l'équipe de recherche menée par Monica Gori, un expert du développement, de l'intégration multisensorielle, de la rééducation, de la plasticité corticale et du handicap de l’IIT, s’est concentrée sur les enfants d'âge préscolaire et a évalué l'impact de l'utilisation de masques chez et auprès de ces enfants. En effet, même si de 3 à 5 ans, le port du masque n'est pas obligatoire, les enfants doivent parfois le porter dans certains contextes sociaux, éducatifs ou sanitaires.

 

Les chercheurs de l'IIT ont préparé un quiz basé des images de personnes avec et sans masque facial. 119 participants dont 31 enfants âgés de 3 à 5 ans, 49 enfants âgés de 6 à 8 ans et 39 jeunes adultes âgés 18 et 30 ans ont été invités à tenter de reconnaître les expressions des visages, avec et sans masque facial, ces visages exprimant différentes émotions telles que le bonheur, la tristesse, la peur et la colère. L’expérience montre que lorsque les visages sont masqués :

 

  • les enfants âgés de 3 à 5 ans sont capables de reconnaître les expressions faciales véhiculant le bonheur et la tristesse dans seulement 40 % des cas ;
  • ces taux de réussite sont plus élevés pour les autres tranches d'âge : les enfants de 6 à 8 ans décryptent l’émotion dans 55 à 65 % des cas et les adultes dans 70 à 80 % des cas ;
  • quel que soit leur âge, tous les participants confirment une certaine difficulté à interpréter les émotions exprimées par un visage masqué ; mais
  • la tranche d'âge préscolaire est celle qui a le plus de difficultés à lire les émotions.

 

Les chercheurs fondent leurs espoirs dans la plasticité cérébrale élevée des plus jeunes : « le cerveau des enfants est très flexible et nous effectuons des tests pour suivre la compréhension des émotions des enfants ».

Mais, ils se posent la question des effets possibles chez les enfants atteints de handicap, chez qui l’exposition à des visages masqués pourrait avoir des effets plus marqués.

 

Il restera également à mener d’autres études mais dans quelques années pour regarder si cette période de masquage a marqué les esprits et impacté durablement les capacités d’interactions sociales.

 


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