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COVID-19 : Première identification des facteurs majeurs associés au décès

Actualité publiée il y a 4 années 1 mois 1 semaine
The Lancet
Cette étude à paraître sous peu dans la prestigieuse revue The Lancet est la première à identifier et préciser les facteurs de risque de décès chez les adultes hospitalisés en raison de l'épidémie COVID-19 à Wuhan

Cette étude à paraître sous peu dans la prestigieuse revue The Lancet est la première à identifier et préciser les facteurs de risque de décès chez les adultes hospitalisés en raison de l'épidémie COVID-19 à Wuhan, site d’émergence du nouveau coronavirus SRAS-CoV-2. Parmi les conclusions, être âgé, montrer des signes de septicémie et avoir des troubles de la coagulation sanguine lors de l’admission à l'hôpital sont des facteurs de risque clés associés à un risque plus élevé de décès. Enfin, la durée d’excrétion virale est ici estimée à 20 jours, ce qui suggère que certaines personnes infectées pourraient encore propager le virus après les 14 jours jusque-là retenus- les chercheurs précisant néanmoins que ces durées ont été estimées ici chez des patients présentant une forme sévère de la maladie.

 

Il s’agit d’une étude observationnelle menée dans 2 hôpitaux de Wuhan (Chine) auprès de 191 patients confirmés positifs au COVID-19. Cette étude apporte des données précieuses alors que l’épidémie poursuit sa propagation, en particulier hors de Chine, où le nombre de cas confirmés plafonne aux environs de 80.000. Ainsi, à ce jour, 10 mars 2020, près de 115.000 cas sont confirmés (Chine incluse) et plus de 4.000 décès ont été recensés.

3 facteurs majeurs associés à un pronostic précoce négatif

 

Plus largement, c’est la première fois qu’une équipe de recherche examine en détails les facteurs de risque associés à une forme sévère de la pneumonie et au décès chez les adultes hospitalisés suite à infection au SRAS-CoV-2, décédés ou sortis de l'hôpital. Dans cette étude menée auprès de 191 patients,

  • 137 (>70%) sont sortis de l’hôpital,
  • 54 sont décédés à l'hôpital. Cependant, les auteurs précisent que l’échantillon est ici trop faible pour tirer des conclusions définitives sur ces taux.

 

 

3 facteurs majeurs : plus précisément, peuvent aider les médecins à identifier les patients à mauvais pronostic à stade précoce :

  1. un âge plus avancé,
  2. un score SOFA (Sequential Organ Failure Assessment) élevé- ce score étant utilisé en soins intensifs pour évaluer l'état d'un patient à partir de 6 scores intermédiaires portant respectivement sur l’état des systèmes respiratoire, neurologique, cardiovasculaire, hépatique, rénal et la coagulation ;
  3. un d-dimère supérieur à 1 μg / mL (risque de caillot sanguin).

Plus largement, « l'âge avancé, des signes de septicémie à l'admission, des maladies sous-jacentes comme l'hypertension artérielle et le diabète, et l'utilisation prolongée de la ventilation non invasive ont été des facteurs importants dans les décès. Ces résultats médiocres chez les personnes âgées peuvent être liés, en partie, à l'affaiblissement du système immunitaire lié à l'âge et à une inflammation accrue qui pourrait favoriser la réplication virale et des réponses prolongées à cette inflammation, causant des dommages durables au cœur, au cerveau et d'autres organes », commente le Dr Zhibo Liu de l'hôpital Jinyintan (Chine), co-auteur de l’étude.

 

Des caractéristiques plus précises des patients, des signes, symptômes et de l’évolution de la maladie :

  • En moyenne, les patients étaient d'âge moyen (âge médian de 56 ans),
  • la plupart étaient des hommes (62%, 119 patients),
  • environ la moitié avaient des problèmes de santé sous-jacents (48%) : la maladie la plus courante étant l'hypertension artérielle (30%) et le diabète (19%).
  • Depuis le début de la maladie, le délai médian de sortie est de 22 jours et le délai moyen de décès est de 18,5 jours.
  • La durée médiane de la fièvre est d'environ 12 jours ;
  • la toux peut durer longtemps : 45% des survivants toussaient toujours à la sortie de l’hôpital ;
  • chez les survivants, la dyspnée (essoufflement) cesse après environ 13 jours- mais dure jusqu'à la mort chez les non-survivants.
  • Comparativement aux survivants, les patients décédés sont plus susceptibles d'être plus âgés (âge moyen 69 ans vs 52 ans) ;
  • une diminution du nombre de lymphocytes (un type de globules blancs), des niveaux élevés d'interleukine 6 (IL-6, un biomarqueur de l'inflammation et de maladies chroniques) et une augmentation des concentrations de troponine I à haute sensibilité (un marqueur de crise cardiaque) sont des caractéristiques plus fréquemment observées chez les personnes atteintes d’une forme grave ;
  • la fréquence des complications telles que l'insuffisance respiratoire, la septicémie et les infections secondaires est également plus élevée chez les personnes décédées que chez les survivants.

 

 

De nouvelles données sur l'excrétion virale : l’étude révèle que la durée médiane de l'excrétion virale est de 20 jours chez les survivants et comprise entre 8 et 37 jours. Cette nouvelle donnée compromet le principe jusque-là retenu de la quatorzaine. De plus, le virus est resté détectable jusqu'à la mort chez les 54 patients décédés.

Si l'excrétion virale prolongée suggère que les patients peuvent propager COVID-19 plus longtemps,

les auteurs avertissent que la durée de l'excrétion virale est influencée par la sévérité de la maladie et que tous les patients de l'étude ont été hospitalisés, et que les deux tiers présentaient une forme grave.

 

Ne pas confondre durée d’excrétion virale et durée d’incubation : «L'excrétion virale prolongée notée dans notre étude a des implications importantes pour guider les décisions concernant les précautions d'isolement et le traitement antiviral chez les patients présentant une infection confirmée par COVID-19. Cependant, nous devons être clairs sur le fait que la durée d'excrétion virale ne doit pas être confondue avec le temps d'incubation du virus qui détermine un certain nombre de mesures et « l’auto-isolement » de personnes qui peuvent avoir été exposées au COVID-19 mais ne présentent aucun symptôme », explique l’un des auteurs, le Pr Bin Cao, du China-Japan Friendship Hospital et de la Capital Medical University (Chine). Mais il s’agirait donc d’«exiger des tests négatifs avant la sortie des patients de l'hôpital », écrivent les chercheurs dans le communiqué.