COVID-19 : Repenser totalement l'infrastructure des EHPAD
Les résidents des Services de soins de longue durée et des EHPAD ont souffert de manière disproportionnée pendant la pandémie de COVID-19, de la circulation élevée du virus en milieu fermé, mais aussi des mesures d’isolement et de confinement. Cette réunion virtuelle de 130 chercheurs, de cliniciens et de politiques du monde entier, a réfléchi sur la base des retours d’expériences aux interventions à développer pour mieux faire face à de futures situations pandémiques. Une équipe de l’Université de Waterloo propose le compte-rendu de ces réflexions dans le Journal of the American Medical Directors Association (JAMDA).
Les résidents âgés et fragiles des structures de soins de long terme ont encaissé un impact disproportionné de la pandémie qui reflète un manque de prise en compte de ces groupes de population par les décideurs du système de santé du monde entier. Les principaux facteurs de risque associés à cet impact ont été identifiés : il s’agit principalement de la localisation de la structure et de la circulation du virus dans la région et les communautés environnantes, du nombre de personnels et de visiteurs, du « surpeuplement » de ces structures et des conditions sanitaires. Sur la localisation, les auteurs précisent que les données d'analyse géospatiale et de suivi des mobiles confirment que les épidémies dans ces structures sont plus probables lorsque les personnels vivent dans des quartiers à forte circulation virale.
Développer de vraies normes d'assurance qualité
Les experts réaffirment l’importance de la mise en œuvre de mesures de prévention contre l’infection dans ces services de soins de longue durée mais aussi l’importance de protéger leurs résidents fragiles et vulnérables d’une application trop brutale qui les prive des soutiens physique et psychosocial nécessaires à leur équilibre, de leur bien-être et dans certains cas de leur survie.
La dotation en équipements de protection devrait être revue : « Les éclosions dans la communauté et le manque d'équipement de protection individuelle ont été les principaux facteurs de survenue d'éclosion dans ces services et maisons de soins de longue durée », rappelle George Heckman, professeur à l'École de santé publique et de santé de Waterloo.
La dotation en personnels est également réaffirmée comme essentielle, devant être consolidée en termes d'effectifs globaux, mais aussi en formation et en compétences en leadership, notamment « interprofessionnel », tout comme en gestion de crise. Les effectifs n’étaient pas suffisamment préparés à une telle crise sanitaire. De plus certaines infrastructures avaient été conçues « trop petites » pour être suffisamment résilientes aux pénuries de personnel critiques.
L’ergonomie et la conception de ces services et des EHPAD devraient également être repensées à la fois dans l’objectif du bien-être optimal des résidents mais aussi du contrôle des infections.
« Ces 2 objectifs ne doivent pas être considérés comme exclusifs »,
écrivent les chercheurs. Ainsi, les experts proposent de concevoir des espaces plus petits et plus accueillants, ce qui minimiserait la propagation des virus tout en favorisant une meilleure santé et une meilleure qualité de vie pour les résidents. Une étude, menée en Ontario, montre que 31% des infections et 31% des décès auraient pu être évités si tous les résidents des établissements de soins de longue durée avaient eu leur chambre individuelle.
Des normes de qualité : enfin, il s’agirait de développer un système et une culture d'assurance qualité efficaces basés sur des données standardisées, complètes, accessibles et cliniquement pertinentes, impliquant de vrais changements dans ces modes d’accueil pour les personnes âgées fragiles. Les experts suggèrent ainsi de désigner un agent de contrôle des infections dans tous les foyers de soins de longue durée ou EHPAD. C’est le cas à Hong Kong, depuis l'épidémie de SRAS en 2003 : au-delà de désigner un agent de contrôle des infections, chaque structure organise des « alertes épidémie annuelles » et dispose d'un stock permanent d'équipements de protection individuelle (EPI).
On retiendra donc l’idée de structures à taille humaine, permettant une meilleure résilience aux épidémies et de meilleurs résultats pour les résidents. Ces travaux soulignent également l'importance cruciale de l'apprentissage des systèmes de santé d’une vraie culture d'assurance qualité.
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