Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

COVID long : Anosmie et dysgueusie, des symptômes presque toujours concomitants

Actualité publiée il y a 2 années 2 mois 2 semaines
JAMA Otolaryngol Head Neck Surg.
Les dysfonctionnements olfactifs et gustatifs sont parmi les symptômes autodéclarés fréquents du COVID-19 et en particulier du COVID long.  (Visuel Adobe Stock 442668381)

Les dysfonctionnements olfactifs et gustatifs sont parmi les symptômes autodéclarés fréquents du COVID-19 et en particulier du COVID long. Plusieurs études ont démontré l'effet d'une forme aiguë et sévère du COVID sur la fonction olfactive. Cependant, les preuves sont moins nombreuses sur les symptômes « gustatifs ». Cette recherche, publiée dans le JAMA Otolaryngology- Head and Neck Surgery est l’une des premières à confirmer et à décrypter l’implication directe du virus dans la pathogenèse des troubles gustatifs.

 

Pour identifier voire confirmer un lien entre la maladie COVID et ces troubles gustatifs, les chercheurs de l’Université de Trieste ont évalué une série de patients autodéclarant une perception des goûts altérée ou dysgueusie persistante, après un COVID-19. La corrélation entre la fonction olfactive autodéclarée et des résultats négatifs aux tests psychophysiques a été analysée, suggérant une concordance, légère, entre ces 2 évaluations.

Un lien confirmé entre fonction olfactive, fonction gustative et COVID-long

Ainsi, 172 patients, référés à la clinique ambulatoire ORL du Trieste University Hospital ont subi une évaluation psychophysique, gustative et olfactive complète. Chez tous ces participants, l’infection par le SRAS-CoV-2 avait été confirmée par test PCR et le goût était toujours altéré plus de 3 mois après la phase aiguë de l'infection par le SRAS-CoV-2. La fonction olfactive a été évaluée à l’aide de toute une batterie de tests olfactifs (Sniffin' Sticks test battery) et la fonction gustative à l'aide du test validé Taste Strips ; de plus, la fonction olfactive a été testée en utilisant 20 arômes en poudre et la fonction gustative par test de bandelettes de goût.

 

  • Parmi les 172 participants, 110 ont connu une altération de la fonction gustative persistante liée au COVID ;
  • 5 patients ont été exclus en raison d'une évaluation psychophysique incomplète ;
  • 105 patients post-COVID-19 avec dysgueusie, âgés en moyenne de 45 ans, dont 76% de femmes ont donc été inclus dans l’étude ;
  • 98 % des participants avaient développé un COVID-19 légèrement symptomatique sans signe de pneumonie ;
  • 94 % ont déclaré eux-mêmes une déficience olfactive associée ;
  • Sur la base des données de tests, la prévalence de l'hypogueusie s’élève en réalité à 41,9 % ;
  • seuls 2,9 % présentent une hypogueusie mais n’ont pas de dysfonction olfactive (ils sont normosmiques lors de l'évaluation psychophysique) ;
  • la prévalence des patients normogeusiques augmente avec une fonction olfactive normale (Indice normosmique) : en d’autres termes, plus la fonction olfactive est normale, plus la fonction gustative l’est également ;
  • plus de la moitié des patients déclarant avoir une perception gustative altérée présentent en fait une fonction gustative normale ;
  • la plupart des patients déclarant avoir une perception gustative altérée présentent aussi une déficience olfactive.
  • 42 % des patients déclarant avoir une perception gustative altérée présentent une véritable hypogueusie.

 

Ainsi, le lien entre fonction olfactive et gustative est confirmé, tout comme la concomitance des dysfonctions olfactive et gustative. Le COVID-long est bien confirmé comme une cause majeure de ces 2 dysfonctions. Des interventions apportant une rééducation olfactive pourraient « aider » les personnes souffrant aussi de dysgueusie, cependant des stratégies supplémentaires pourraient être nécessaires pour les personnes souffrant exclusivement de troubles gustatifs. Enfin, si cette étude psychophysique est peut-être limitée par le fait que les participants avaient développé un COVID-19 légèrement symptomatique et étaient majoritairement des femmes,

elle révèle aussi une surestimation de l'altération du goût autodéclarée et soutient le recours à des tests validés pour confirmer ces dysfonctionnements chez les personnes atteintes de COVID long.