DÉMENCE : 14 mesures pour diviser par 2 son incidence
Près de la moitié des cas de démence pourraient être évités ou retardés en s'attaquant à 14 facteurs de risque dès l'enfance, dont 2 encore peu documentés : l'hypercholestérolémie et la perte de la vue. 2 « nouveaux facteurs » qui viennent s’ajouter à 12 facteurs de risque modifiables déjà identifiés, conclut ce nouvel état des lieux, basé sur une large revue de la littérature et publié dans le Lancet.
En raison du vieillissement rapide de la population dans le monde, le nombre de personnes atteintes de démence devrait presque tripler d'ici 2050, passant de 57 millions en 2019 à 153 millions. L'augmentation de l'espérance de vie entraîne également une augmentation du nombre de personnes atteintes de démence dans les pays à faible revenu. Les coûts sanitaires et sociaux mondiaux liés à la démence sont estimés à plus de 1.000 milliards de dollars chaque année.
On constate néanmoins dans les pays à revenu élevé que la prévalence des démences a tendance à diminuer, cette baisse s’expliquant probablement par le développement d’une résilience cognitive et physique au cours de la vie, une diminution des lésions vasculaires ainsi que par des améliorations des soins de santé et des modes de vie, ce qui démontre en soi l’efficacité des approches de prévention les plus précoces possibles.
La principale conclusion de ce bilan est enfin le potentiel considérable de prévention, à condition de mettre en œuvre dès l'enfance les mesures visant à lutter contre ces facteurs de risque et à veiller à leur observance optimale en population générale, tout au long de la vie. A fortiori chez les personnes présentant un risque génétique élevé de démence.
14 facteurs de risque modifiables, dès l’enfance et tout au long de la vie
Cette nouvelle revue précise aussi les recommandations visant à réduire les risques, notamment :
- la prévention et le traitement de la perte auditive, de la perte de la vue et de la dépression ;
- la pratique d’exercices ou d’efforts cognitifs tout au long de la vie ;
- le port d’une protection de la tête dans les sports de contact ;
- la bonne gestion des facteurs de risque vasculaires (hypercholestérolémie, diabète, obésité, hypertension artérielle) ;
- l’amélioration de la qualité de l'air ;
- le maintien d’interactions sociales.
2 nouveaux facteurs de risque apparaissent, avec ce nouveau bilan, comme associés à 9 % des cas de démence :
- 7 % des cas seraient en effet attribuables à un taux élevé de lipoprotéines de basse densité (LDL) ou « mauvais » cholestérol à la quarantaine ;
- 2 % des cas à une perte de vision non traitée à l’enfance et plus tard dans la vie.
Ces nouveaux facteurs de risque s’ajoutent aux 12 facteurs de risque précédemment identifiés par la Commission d’experts qui avait effectué ce même bilan en 2010 : il s’agit d’un faible niveau d’étude, de la déficience auditive, l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’obésité, la dépression, l’inactivité physique, le diabète, une consommation excessive d’alcool, les traumatismes crâniens, la pollution de l’air et l’isolement social ;
ces 12 facteurs de risque sont en cause dans 40 % des cas de démence.
D’énormes économies de santé et de productivité seraient possibles en mettant en œuvre ces mesures : pour l’Angleterre seule, la modélisation de la mise en œuvre de certaines de ces recommandations dont la réduction de la consommation excessive d’alcool, la réduction des lésions cérébrales, de la pollution de l’air, du tabagisme, de l’obésité et une meilleure gestion de l’hypertension artérielle (HTA) suggèrent possibles des économies d’environ 4 milliards de livres sterling
Ce groupe de 27 experts mondiaux de la démence appelle ainsi les gouvernements mais aussi le public à réduire ces risques modifiables, pour la plupart, tout au long de la vie, et dès l’enfance si possible.
Les recommandations à adopter par les gouvernements et le public, sont proposées par ces experts :
- offrir à tous les enfants une éducation de qualité et aux adultes, une activité cognitive à l’âge mûr ;
- équiper de prothèses auditives toutes les personnes malentendantes et réduire l’exposition à la pollution sonore ;
- mieux gérer les taux élevés de cholestérol LDL au moins dès l’âge de 40 ans environ ;
- élargir à tous l’accès au dépistage et au traitement des déficiences visuelles ;
- donner accès à tous à un traitement efficace de la dépression ;
- imposer le port du casque et/ou d’une protection de la tête dans les sports de contact et à vélo ;
- favoriser les contacts sociaux au sein des communautés ;
- réduire l’exposition à la pollution de l’air grâce à des politiques plus strictes ;
- réduire le tabagisme, avec l’augmentation des prix et de l’âge minimum ;
- réduire la teneur en sucre et en sel des aliments transformés.
Ces mesures pourraient non seulement permettre une réduction notable du risque de démence, mais plus largement un vieillissement en meilleure santé, soulignent les auteurs.
« Donner la priorité aux approches à l’échelle de la population qui améliorent la prévention primaire (par exemple, réduire la consommation de sel et de sucre) et aux soins de santé efficaces pour des maladies comme l’obésité et l’hypertension artérielle, limiter le tabagisme et la pollution de l’air, et permettre à tous les enfants d’accéder à une bonne éducation, pourrait avoir un effet profond sur la prévalence de la démence et les inégalités, ainsi que permettre des économies significatives ».
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