DÉMENCE : Elle se développe plus tôt au fil des générations
Entre 10% et 15% des enfants de patients atteints de la maladie d'Alzheimer développent à leur tour les symptômes de la maladie. Des facteurs génétiques peuvent en effet affecter l’apparition des symptômes de démence mais ce constat d’une équipe de l'Université de Washington est clair et frappant : les enfants de patients atteints de démence, lorsqu’ils développent une démence à leur tour, la développent de manière beaucoup plus précoce que leurs parents. Alors qu’on savait que les risques de développer une démence sont influencés par les antécédents familiaux, les variations de certains gènes et certaines conditions médicales, on apprend, avec ces travaux, présentés dans le JAMA, que des facteurs, encore inconnus, « accélèrent » l’âge de l’apparition de la démence pour les générations suivantes.
Précisément, l’étude révèle que les personnes atteintes de démence et dont les parents sont ou ont également été atteints de démence, développent des symptômes 6 ans plus tôt en moyenne que leurs parents. Si des facteurs tels que l’éducation, la tension artérielle et la variante génétique APOE4, qui augmente le risque de démence, sont en cause dans cette variation de l’âge d’apparition de la démence, les chercheurs démontrent que ces mêmes facteurs ne représentent que moins du tiers de la variation et donc que plus des deux tiers restent à expliquer.
Démence : savoir qui sera touché mais aussi quand
« Il est important de savoir qui va développer une démence, mais aussi quand les symptômes vont apparaître », explique l’auteur principal, le Dr Gregory Day, professeur de neurologie : « Si nous pouvons mieux comprendre les facteurs qui retardent ou accélèrent l’âge du début de la démence, nous pourrons déterminer précisément ses débuts chez les patients ».
6 à 13 ans plus tôt que le ou les parent(s) : les chercheurs ont suivi 164 patients atteints de démence dont au moins un parent avait reçu un diagnostic de démence. À l'aide de dossiers médicaux et d'entretiens avec des participants et des amis ou membres de la famille bien informés, les chercheurs ont déterminé l'âge de début de démence pour chaque participant et pour son ou ses parents.
- Les personnes dont l'un des parents était atteint de démence ont présenté des symptômes en moyenne 6,1 ans plus tôt que le parent ;
- si les deux parents étaient atteints de démence, l'âge du début de la démence se situait 13 ans plus tôt que la moyenne de l'âge du diagnostic chez les parents.
2 parents touchés, une double dose de facteurs de risque génétiques ? Certes les progrès accomplis dans le diagnostic du déclin cognitif peuvent expliquer en partie pourquoi les participants à l’étude ont été diagnostiqués plus jeunes que leurs parents, mais d'autres facteurs sont très probablement en cause. D’autant que cet accès plus large et systématique au diagnostic ne peut expliquer la différence d’âge d’apparition chez les personnes ayant deux parents atteints de démence. Les chercheurs expliquent ce décalage plutôt par une double dose de facteurs de risque génétiques. Car, dans cette étude, les chercheurs ont analysé un très large éventail de facteurs de risque connus de la maladie d'Alzheimer : les facteurs « héréditaires » bien sûr, mais également l'éducation, l'indice de masse corporelle, le diabète, les maladies cardiovasculaires, la tension artérielle, le taux de cholestérol sanguin, la dépression, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool et les antécédents de lésion cérébrale traumatique.
Tous les facteurs connus ne représentent que 29% de la variabilité : l'essentiel reste donc à découvrir. Idem pour les patients qui échappent à la règle, et qui ont développé une démence encore beaucoup plus tôt ou beaucoup plus tardivement que leurs parents.
Bien qu’il reste à explorer comment certains gènes peuvent accélérer ou ralentir l’apparition de la démence, on retient de ces travaux une accélération globale de l’apparition de la maladie au fil des générations.
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