DÉPENDANCE au SMARTPHONE : Trop de bla bla, trop de GABA
Ces chercheurs du Pew Research Center (Washington) et de l'Université de Corée à Séoul qui présentent leurs résultats à la Réunion annuelle de la Radiological Society of North America (RSNA), décrivent le déséquilibre dans le cerveau associé à la dépendance au smartphone : au-delà de symptômes de dépression, d’anxiété, d’insomnie et d'impulsivité, dûment mesurés par des échelles reconnues, les jeunes dépendants au mobile présentent un déséquilibre dans le cerveau dans le rapport de 2 neurotransmetteurs clés, GABA et Glx -qui contrôle maîtrise et excitation…Un constat ici biochimique d’un déséquilibre dans les signaux du cerveau.
46% des Américains déclarent dans une enquête récente qu'ils ne pourraient pas vivre sans leur smartphone. La dépendance au smartphone est devenue un phénomène de société, en particulier chez les jeunes. Au-delà d’effets néfastes multiples et bien documentés associés à un temps d’écran prolongé, les effets immédiats sur le cerveau et les conséquences possibles à long terme de cet usage du smartphone restent à préciser.
Les scientifiques utilisent ici la spectroscopie par résonance magnétique pour obtenir une image chimique unique du cerveau d’adolescents dépendants de leur smartphone et d'Internet. L'étude porte précisément sur 19 jeunes âgés d’environ 16 ans, diagnostiqués avec une dépendance à l'internet ou au smartphone vs 19 témoins en bonne santé, appariés pour le sexe et l'âge. 12 des jeunes participants dépendants ont suivi 9 semaines de thérapie cognitivo-comportementale pour la dépendance au jeu, dans le cadre de cette étude. Les chercheurs ont utilisé des tests d'addiction reconnus pour mesurer la sévérité de la dépendance au smartphone et à Internet. L’étude constate que :
- mon seulement les adolescents dépendants obtiennent des scores significativement plus élevés pour la dépression, l'anxiété, l'insomnie et l'impulsivité ;
- mais l’imagerie cérébrale révèle, chez ces jeunes dépendants, un déséquilibre du rapport entre 2 neurotransmetteurs majeurs, GABA -qui inhibe ou ralentit les signaux du cerveau- et le glutamate -glutamine (Glx) -qui provoque l'excitation électrique des neurones-. Or GABA est impliqué dans le contrôle de certaines fonctions dont la motricité et diverses fonctions cérébrales, dont l'anxiété. Chez les jeunes dépendants, le rapport entre le GABA et le Glx est significativement augmenté dans le cortex cingulaire antérieur. Et « avoir trop de GABA peut entraîner un certain nombre d'effets secondaires, y compris la somnolence et l'anxiété ».
Trop de GABA ! Cette identification d’un équilibre perturbé entre le GABA et le glutamate dans le cortex cingulaire va permettre d’avancer dans la compréhension des effets de ce nouveau type d’addiction. Certes d’autres études seront nécessaires pour identifier les implications cliniques de ces résultats, mais les auteurs suggèrent que l'augmentation du GABA dans le gyrus cingulaire antérieur pourrait perturber en particulier, la signalisation dans certains réseaux neuronaux cognitifs et émotionnels.
En revanche, une thérapie cognitivo-comportementale permet de normaliser ce rapport entre neurotransmetteurs.
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