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DISTANCIATION SOCIALE : Ce qu’elle inflige au cerveau

Actualité publiée il y a 3 années 4 mois 3 semaines
Nature
Une signature hormonale et cérébrale de l'isolement qui pourrait cependant être inversée rapidement (Visuel Adobe Stock 331501473)

Ce que la distance sociale fait subir à notre cerveau, c’est l’objet de l’analyse de cette équipe de scientifiques du Max-Planck-Gesellschaft qui identifient un neuropeptide qui reflète l'état actuel de l'environnement social. Certes l’étude, publiée dans la revue nature, est menée chez le poisson zèbre, au demeurant un excellent modèle d’étude génétique, mais suggère que chez l’Homme aussi, il existerait un « indicateur de socialisation ». Une signature hormonale et cérébrale de l'isolement qui pourrait cependant être inversée rapidement.

 

Car ces travaux expérimentaux montrent que les niveaux d'expression du neuropeptide Pth2 dans le cerveau du poisson zèbre suivent la présence et la densité « des autres » dans l'environnement. Ils apportent ainsi un premier aperçu des effets et d’une signature de la distanciation sociale et du confinement dans le cerveau. L’auteur principal, Erin Schuman de l'Institut Max Planck pour la recherche sur le cerveau décrit cette molécule cérébrale « comme un thermomètre de la présence d'autres personnes dans l'environnement ».

Chez l’Homme aussi, il existerait un « indicateur de socialisation » (Max Planck Institute for Brain Research / J. Kuhl).

Un thermomètre cérébral de la socialisation

Le poisson zèbre ressent la présence des autres poissons via la mécano-sensation et les mouvements de l'eau qui activent l'hormone cérébrale en question. Chez le poisson zèbre, comme chez d’autres animaux et les humains, l'isolement social peut avoir des effets dévastateurs sur le comportement.  Cependant, les systèmes cérébraux qui détectent l'environnement social ne sont pas bien compris. Pour savoir si les gènes neuronaux réagissent aux changements dramatiques de l'environnement social, l’équipe a élevé des poissons zèbres seuls ou avec d’autres poissons pendant différentes périodes de temps. Puis, par séquençage de l'ARN, les scientifiques ont mesuré les niveaux d'expression de milliers de gènes neuronaux.

 

Suivre la densité sociale, c’est possible : les scientifiques identifient un changement dans l'expression d’un ensemble de gènes chez les poissons élevés dans l'isolement social. L'un d'eux était l'hormone parathyroïdienne 2 (pth2), codant pour un peptide relativement inconnu dans le cerveau. Curieusement, l'expression de pth2 mesure non seulement la présence des autres, mais aussi leur densité. Lorsque le poisson zèbre « a vécu seul », la pth2 disparait totalement dans le cerveau, mais son niveau d'expression augmente à nouveau et rapidement, sur le même principe qu’un thermomètre, lorsque d'autres poissons sont ajoutés à son aquarium.

 

Inverser les effets de l'isolement ? Après seulement 30 minutes de nage avec les autres poissons, les poissons solitaires voient leurs niveaux de pth2 se mettre à augmenter. Après 12 heures de compagnie, leurs niveaux de pth2 sont revenus au même niveau que celui des poissons élevés socialement. La régulation de cette hormone de socialisation qui traduit un lien très étroit entre l'expression des gènes et l'environnement est donc excessivement rapide.

 

Mais comment l’isolement monte au cerveau ? Chez le poisson, il s’agit de détecter les mouvements de l'eau. Cette mécano-sensation passe par un organe sensoriel appelé ligne latérale. L’équipe montre ici que la suppression de cette ligne bloque la régulation de la neurohormone habituellement induite par la présence des autres poissons.

Nous autres humains, comme le poisson, sommes sensibles au toucher

 

Cependant, il reste à démontrer que ce neuropeptide Pth2 qui répond à la densité de population de l'environnement social d'un animal a son équivalent chez l’Homme. Cependant, il est clair que chez l’Homme comme chez d’autres animaux, la présence d'autres personnes a des conséquences considérables sur l’accès aux ressources et, globalement sur la survie. Il est donc probable que cette neurohormone a son équivalent humain qui régule nos réseaux sociaux cérébraux et comportementaux en fonction de notre environnement social.

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