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e-SANTÉ : Le paradoxe français

Actualité publiée il y a 8 années 1 mois 1 semaine
PIPAME

Cette étude du Pôle Interministériel de Prospective et d'Anticipation des Mutations Economiques (PIPAME), publiée le 9 février 2016, fait le point sur le développement de l'e-santé en France. Principal constat : l'e-santé représente un « potentiel sous-exploité ». La France a tous les atouts mais « l'usage est encore timide » et les perspectives « incertaines ». Un paradoxe sur lequel l'étude apporte des éclairages et auquel elle propose de remédier en formulant des recommandations. D'autant que l'étude souligne un large consensus des acteurs de l'écosystème santé sur les bénéfices de l'e-santé.

Menée de décembre 2014 à décembre 2015, l'étude intitulée "E-santé : faire émerger l'offre française en répondant aux besoins actuels et futurs des acteurs de santé" s'est attachée à analyser le niveau de développement de l'e-santé en France, ses forces et ses faiblesses, les leviers à actionner pour accélérer ce développement (avec notamment un benchmark international de 18 pays). Cette étude a été pilotée par un comité de suivi (1) ouvrant de larges consultations et interactions avec les acteurs de santé.


Forces et faiblesses de l'e-santé en France

Au chapitre des forces, l'étude du Pipame décrit le dynamisme industriel et l'innovation de nos entreprises. Des start-up notamment, très actives et présentes sur de nombreux segments de l'e-santé, qui « excellent dans l'innovation technologique ». Et plus globalement, des PME du secteur e-santé (télémédecine, objets connectés, applications mobiles, serious games, logiciels). Le rapport pointe cependant une offre encore « immature » avec des initiatives qui émergent un peu partout, tout en notant sur ce point la création récente de l'Alliance eHealth France, dont l'objectif est précisément de mieux représenter le secteur et mieux coordonner les initiatives, tout comme France eHealth Tech côté start-up.

Une politique publique pourtant volontariste, dans le soutien de ces entreprises et le financement de projets, selon cette étude : en témoignent la création de l'ASIP Santé (Agence des systèmes d'information partagés de santé) ou de la Délégation à la Stratégie des Systèmes d'Information de Santé (DSSIS) qui démontre une réelle volonté de maîtriser et développer l'e-santé au bénéfice des professionnels de santé et des patients, ou encore l'action de la Direction générale de l'Offre de soins (DGOS) qui pousse les projets de télémédecine, de MSS et des Territoire de Soins Numériques (TSN). Mais le rapport pointe là encore, « des dispositifs incomplets et parfois incohérents avec la volonté affichée », soulignant les expérimentations qui ne débouchent pas sur des déploiements généralisés de solutions.

Une prudence qui s'explique par des difficultés à effectuer la transformation indispensable du modèle organisationnel. « Le choix de la transition numérique n'est pas complètement assumé », souligne le rapport. En effet, si les bénéfices de l'e-santé font consensus et la stratégie est résolument tournée vers davantage de coordination, le rapport note un attachement revendiqué des professionnels de santé et des patients au maintien du modèle actuel avec « un professionnel de santé autonome facilement accessible ». Or c'est l'e-santé qui apportera des réponses aux problématiques de prise en charge dans un contexte de vieillissement de la population, de développement des maladies chroniques, de désertification médicale et d'exigence accrue des patients.

Les leviers du développement de l'e-santé : le travail de comparaison avec 18 pays effectué par l'étude, fait émerger des leviers communs qui, si l'on a la capacité à les combiner, semblent favoriser le développement de l'e-santé :

1. stratégie des pouvoirs publics,

2. organisation et intégration de l'offre,

3. organisation des institutions,

4. politiques patients / citoyens,

5. modalités de rémunération et de financement,

6. financement des projets,

7. encouragement aux exportations,

8. accessibilité des soins,

9. et recherche innovation.

La France a été qualifiée de « moyennement avancée » dans le développement de l'e-santé. Combiner ces leviers et financer l'e-santé signifiera pour l'Assurance Maladie d'« impulser une réorganisation profonde du système ». Le rapport souligne également la nécessité de davantage vanter les bénéfices de l'e-santé pour les patients et les professionnels de santé afin d'installer la confiance.

Les recommandations de l'étude : Le rapport du Pipame liste des évolutions faciles à court terme et formule des recommandations plus larges :

- relancer le Dossier Médical Personnel (DMP) avec une feuille de route claire,

- préciser les conditions de la généralisation des expérimentations TSN,

- et, plus largement, proposer une « issue claire aux expérimentations emblématiques » en les encadrant quand elles touchent au modèle organisationnel des acteurs de santé,

- mettre en place le cadre technique et réglementaire nécessaire pour la télémédecine,

- créer enfin un système d'évaluation efficace des solutions d'e-santé sur le terrain.

En France, en 2015, l'e-santé reste encore une promesse d'innovation au service des professionnels de santé et des patients. Une promesse à transformer en réalité.

(1) Voir composition du comité de suivi dans le document source

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