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ESTIME de SOI : Elle implique une certaine négligence mnésique

Actualité publiée il y a 1 année 4 mois 5 jours
Cognitive Therapy and Research
La perception négative de soi semble se perpétuer et rarement s’inverser (Visuel Adobe Stock 507191894)

La perception négative de soi semble se perpétuer et rarement s’inverser, selon ces chercheurs psychologues de l’Université de Shinshu (Nagano, Japon) qui décryptent, dans la revue Cognitive Therapy and Research, les schémas de « renouvellement de soi ». Cette étude basée sur la simulation des expériences positives et négatives vécues au cours de la vie et qui façonnent notre « schéma de soi », confirme que sans un peu d’auto-indulgence ou de ce que les chercheurs appellent « négligence mnésique », il est difficile de regagner en estime de soi.

 

« Les personnes souffrant de troubles de la santé mentale, dont la dépression majeure, ont tendance à avoir des schémas de soi négatifs qui peuvent se résumer par des pensées du type « je suis incompétent » ou encore

« je ne suis qu’un loser »,

explique le plus simplement possible l'un des principaux auteurs, Noboru Matsumoto, professeur agrégé de psychologie de l'Université de Shinshu. Les schémas de soi se traduisent plus simplement par ce qu’une personne pense d'elle-même. Si l’estime de soi est un facteur indiscutable d’équilibre mental, d’épanouissement et de bien-être, on ignore elle se forme et se déforme et par quels processus les gens mettent à jour leur « schéma de soi ». C’est le champ de recherche exploré par cette équipe japonaise.

 

L'expérience : afin de mieux comprendre la formation et le renouvellement du « schéma de soi », les chercheurs ont conçu une expérience psychologique dans laquelle des étudiants croyaient participer à un test d’une évaluation de la personnalité basée sur l'apprentissage automatique. Après chaque question d'un test psychologique fictif, les participants ont reçu une phrase de « rétroaction » décrivant un de leurs traits de personnalité, une tendance comportementale ou d’évolution de leur personnalité. Tous les participants ont reçu en fait le même feedback, mais dans un ordre aléatoire. Ils ont ensuite évalué chaque phrase de rétroaction sur la façon dont elle s'appliquait à eux. Après avoir terminé l'évaluation, ils ont reçu un test de mémoire surprise dans lequel ils devaient se rappeler des commentaires reçus.

Cette expérience a permis d’identifier 2 facteurs importants impliqués dans la formation et la mise à jour de l'auto-schéma :

 

  1. la valence émotionnelle - positive ou négative - de l'événement vécu ;
  2. la réactivité cognitive ou la mesure dans laquelle les gens pensent que l'événement est cohérent avec leur moi actuel : ainsi une plus forte réactivité cognitive, ou tendance à réagir de manière excessive en cas d'humeur négative ou dépressive, s’avère associée à une mise à jour négative de l'auto-schéma.

 

Quelle explication : cette expérience est basée sur le concept de la négligence mnésique ou la capacité d'oublier sélectivement des données négatives les concernant. Les personnes qui souffrent de troubles psychologiques, tels que la dépression, sont moins susceptibles de faire preuve de cette capacité de négligence mnésique et sont plus susceptibles de se souvenir des informations négatives. En d’autres termes, une image déjà négative de soi favorise le souvenir d'expériences et de commentaires négatifs, car ils correspondent à une perception de soi déjà établie. Les personnes ayant un schéma de soi négatif sont aussi plus susceptibles d'être susceptibles, soit de prendre pour elles des informations négatives même mineures.

 

Le tout premier auto-schéma cognitif : pour explorer davantage comment sont établis en premier lieu ces auto-schémas, les chercheurs ont également effectué des simulations d'expériences positives et négatives qui révèlent que lorsque des personnes à réactivité cognitive élevée subissent des événements négatifs, un schéma de soi négatif se développe et se renforce au fil du temps, même si ces mêmes personnes connaissent ensuite de nombreux événements positifs. Ainsi, un auto-schéma négatif au début de la vie ou une faible estime de soi aurait tendance à se « renforcer » plutôt qu'à s'inverser.

 

Ces conclusions contribuent à expliquer pourquoi certaines personnes développent des maladies mentales même en évoluant dans des environnements positifs. Pour inverser la tendance, il faudrait, écrivent les chercheurs,

« modifier la façon dont ces personnes encodent et intègrent les événements dans leur auto-schéma ».

 

Il est donc complexe de modifier une perception négative de soi, ou plus largement de modifier « le schéma de soi », sauf à « travailler » à réguler la réactivité cognitive face à des événements négatifs, et à apprendre à développer cette forme d’auto-indulgence ou « négligence mnésique »

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