FATIGABILITÉ : C'est le score à surveiller à l’âge avancé
Il ne s’agit pas de la plainte d’une fatigue ou de son constat informel chez la personne très âgée, mais de la juste évaluation de la fatigue perçue avec une échelle standard. Une évaluation qui se trouve associée, selon cette équipe d’épidémiologistes de l’Université de Pittsburgh, à l’échéance du décès. L’étude publiée aujourd'hui dans le Journal of Gerontology: Medical Sciences montre en effet que la fatigue associée à certaines activités, ou fatigabilité chez une personne âgée peut permettre de prédire son risque de décès à 3 ans. Il s'agit de la première étude à établir la fatigabilité physique perçue mais dûment évaluée, comme un indicateur de mortalité précoce.
L’auteur principal, le Dr Nancy W. Glynn, professeur agrégé au Département d'épidémiologie de l'École supérieure de santé publique de l'Université de Pittsburgh explique que les personnes âgées qui obtiennent les scores les plus élevés en termes de fatigue ou d'épuisement après certaines activités sont plus de 2 fois plus susceptibles de mourir au cours des 2,7 années à venir, par rapport à leurs homologues ayant obtenu des scores inférieurs. À l'inverse, des scores plus faibles indiquent une plus grande énergie et une plus grande longévité.
Evaluer la fatigabilité pour une gamme d'activités
Dans cette étude la fatigabilité a été évaluée à l'aide de la nouvelle échelle développée à l’Université de Pittsburgh.
L’équipe a évalué, à l’aide de l'échelle de fatigue de Pittsburgh, la fatigabilité de 2.906 participants âgés de 60 ans ou plus dans le cadre de la Long Life Family Study, une étude internationale qui suit les familles sur plusieurs générations. Les participants ont été suivis jusqu’à fin 2019, soit en moyenne durant 2,7 ans (afin d’éviter le biais sur la mortalité lié à la pandémie de COVID-19). Après prise en compte des facteurs de confusion possibles, dont la dépression, les maladies en phase terminale préexistantes ou sous-jacentes, l'âge et le sexe, l’analyse constate que :
- les participants qui ont obtenu 25 points ou plus sur l'échelle de fatigabilité de Pittsburgh sont 2,3 fois plus susceptibles de mourir dans les 2,7 années qui suivent, vs un score inférieur à 25 ;
- les personnes qui augmentent leur pratique de l’activité physique peuvent diminuer leur score de fatigabilité : la pratique de l’exercice même chez les personnes très âgées est inversement associée à la fatigabilité -et donc associée à l’espérance de vie. « Nous espérons que nos découvertes encourageront les personnes âgées à s'en tenir aux objectifs d'exercice. De précédentes recherches avaient déjà indiqué que pratiquer plus d'activité physique peut réduire la fatigabilité ». Et l'un des meilleurs moyens d'augmenter l'activité est de se fixer des objectifs gérables et de commencer une routine, comme une promenade régulière ou un exercice programmé ;
- enfin, la valeur de l'échelle de fatigabilité de Pittsburgh est bien confirmée- aujourd’hui, l’échelle a été traduite en 11 langues. Mais, bien que largement adoptée par les chercheurs et les médecins comme un moyen fiable et sensible de mesurer la fatigabilité, l’échelle reste sous-utilisée en milieu hospitalier et dans les essais cliniques, ajoutent les auteurs.
Quelles implications ? La fatigabilité est bien une cible prometteuse d’interventions chez la personne âgée. Ainsi, il reste à développer des programmes d'activité physique ciblant une réduction de la fatigabilité comme moyen d'endiguer la progression du dysfonctionnement physique au cours du processus de vieillissement.
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