GRAISSE ABDOMINALE : Elle prospère avec le manque de sommeil
Le manque de sommeil favorise l’augmentation de la graisse abdominale malsaine, conclut cette équipe de cardiologues de la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota). Le manque de sommeil combiné à un accès libre à la nourriture augmente l’apport calorique et par conséquent l'accumulation de graisse, en particulier la graisse abdominale. Ces données, publiées dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC) rappellent que le sommeil est un facteur majeur de bonne santé cardiovasculaire, au même titre que l’alimentation ou la pratique de l’exercice.
Le manque de sommeil suffisant est souvent un choix de comportement et de mode de vie, et pourtant le manque de sommeil est devenu une véritable épidémie dans nos sociétés modernes. On estime ainsi qu’un tiers des adultes des pays riches ne dorment pas suffisamment. Ce décalage fréquent avec l’horloge biologique et le cycle circadien désorganise également les habitudes alimentaires et de plus en plus de personnes mangent au cours de ces longues heures d'éveil sans pour autant compenser par une activité physique accrue, souligne l’auteur principal, Naima Covassin, chercheur en médecine cardiovasculaire à la Mayo Clinic.
Faible durée de sommeil et apport calorique plus élevé
L'étude a suivi 12 participants en bonne santé et non obèses, invités à passer 2 sessions de 21 jours en milieu hospitalier. Les participants ont été assignés au hasard au groupe témoin (sommeil normal) ou au groupe de sommeil restreint pendant une session et à l'inverse lors de la session suivante, après une période d’interruption de 3 mois. Chaque groupe avait accès aux aliments de son choix tout au long de l'étude. Les chercheurs ont surveillé et mesuré l'apport énergétique, les dépenses d'énergie, l’évolution de la composition et du poids corporels, la répartition des graisses et les biomarqueurs circulants de l'appétit et de la satiété. L’étude constate que :
- les participants consomment plus de 300 calories supplémentaires par jour pendant la période de restriction de sommeil, soit environ 13 % de protéines en plus et 17 % de matières grasses en plus ;
- cette augmentation des apports alimentaires est la plus élevée dans les premiers jours de la privation de sommeil, puis diminue et reprend ses niveaux d’origine au cours de la période de récupération ;
- les dépenses énergétiques sont restées stables tout au long de l’étude ;
- une accumulation de graisse viscérale est détectée par tomodensitométrie, alors que sur cette courte période, l'augmentation de poids reste assez modeste : cela suggère que la prise de poids est « faussement » rassurante en termes de conséquences sur la santé de la privation de sommeil insuffisant.
Même chez les adultes jeunes : les auteurs relèvent en effet que même chez les participants plus jeunes, en bonne santé et relativement minces, le manque de sommeil est naturellement associé à une augmentation de l'apport calorique, parfoir à une faible augmentation du poids mais toujours à une augmentation significative de l'accumulation de graisse à l'intérieur du ventre.
10 % de graisse viscérale en plus : cet essai croisé contrôlée randomisé précise ainsi que le manque de sommeil peut entraîner :
- une augmentation de 9 % du volume de graisse abdominale ;
- une augmentation de 11 % de la graisse viscérale (située autour des organes) abdominale, par rapport à un sommeil sain.
Or on sait que la graisse viscérale qui se dépose profondément à l'intérieur de l'abdomen autour des organes internes est un facteur majeur de maladies cardiaques et métaboliques. « Normalement, la graisse se dépose sous la peau. Cependant, le manque de sommeil semble favoriser l’accumulation de graisse viscérale, plus dangereuse. Bien que durant le sommeil, il y a diminution de l'apport calorique et du poids, la graisse viscérale continue alors d'augmenter.
Un sommeil insuffisant est donc un déclencheur de dépôt de graisse viscérale,
et le rattrapage du sommeil, au moins à court terme, n'inverse pas ce processus d’accumulation de graisse viscérale".
À long terme, ces résultats impliquent le manque de sommeil dans l’épidémie d'obésité, de maladies cardiovasculaires et métaboliques.
Les chercheurs appellent donc à des interventions comportementales, telles qu'une activité physique accrue et des choix alimentaires sains, pour les personnes qui ne peuvent pas facilement éviter les perturbations du sommeil, comme les travailleurs de nuit, par exemple.
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