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GROSSESSE et COVID : Comment la pandémie a exacerbé la tokophobie

Actualité publiée il y a 10 mois 2 semaines 6 jours
Evolution Medicine and Public Health
Comment la peur de l’accouchement – ou tokophobie- durant la pandémie de COVID a pu affecter les résultats de naissance (Visuel Adobe Stock).

Cette équipe de gynécologues du Collège de Dartmouth revient sur la peur de l’accouchement – ou tokophobie- durant la pandémie de COVID et comment une telle peur peut affecter les résultats de naissance. Les conclusions, publiées dans la revue Evolution, Medicine, and Public Health confirment la prévalence de l’anxiété chez les femmes enceintes durant la crise sanitaire et rappellent l'association entre la tokophobie et la prématurité.

 

L’auteur principal, Zaneta Thayer, professeur agrégé d'anthropologie à Dartmouth explique qu’en raison de l’absence de données prépandémiques américaines sur la peur d’accoucher, l’étude ne peut que conclure à des taux très élevés par rapport à ceux relevés par les études internationales menées dans d’autres pays, avant la pandémie.

Pendant la pandémie, 62 % des femmes enceintes ont développé une tokophobie

L’étude a analysé les données de l’enquête COVID-19 and Reproductive Effects Study, menée en ligne pour comprendre comment le COVID-19 avait pu affecter le bien-être et les expériences de soins de santé des femmes enceintes, d’avril 2020 à février 2021 soit de 1.775 participantes enceintes, dont 1.110 un mois après leur date d'accouchement. Ces données comportaient les caractéristiques des expériences d'accouchement et les résultats de la naissance. L’analyse révèle :

 

  • 62% des participantes ont éprouvé des niveaux cliniquement élevés de peur de l'accouchement ;
  • les mères appartenant aux minorités ethniques avaient un risque accru de 90% d'avoir peur de l'accouchement ce qui peut évoquer, écrivent les auteurs, des expériences de racisme au cours du suivi et des soins obstétricaux ;
  • les mères de foyers les plus démunis et ayant les niveaux d’études les plus faibles sont celles qui ont éprouvé les niveaux les plus élevés de peur de l'accouchement ;
  • une grossesse à haut risque, la dépression prénatale et un problème de santé préexistant sont, logiquement, associés à une peur plus marquée de l'accouchement ;
  • enfin, les femmes ayant le plus peur de l'accouchement encourent un risque accru de 91% d’accouchement prématuré, avant la 37è semaine de grossesse ;
  • en revanche, le faible poids de naissance n'apparait pas significativement associé à la peur de l'accouchement.

 

Quelles préoccupations, quelles peurs ? Durant les temps forts de la pandémie, ces participantes expriment leurs craintes de ne pouvoir bénéficier du soutien nécessaire pendant le travail, de se voir retirer leur bébé dans le cas où elles contracteraient l’infection, ou encore de transmettre le COVID à leur bébé.

 

L'accouchement est devenu un acte médical plus technique, les femmes et leurs proches sont moins familiarisées avec l’accouchement et de nombreuses femmes accouchent pour la première fois. Toutes ces raisons peuvent contribuer au stress et à l'anxiété. Cette étude, l'une des premières études publiées à évaluer la tokophobie pendant la pandémie, révèle au moins une chose, « c’est que les femmes ne reçoivent pas le soutien émotionnel dont elles ont besoin en cas de crise sanitaire ».

 

Il est enfin temps de mieux prendre en compte cette peur de l'accouchement dans les soins de santé maternelle, concluent les auteurs.

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