GROSSESSE : Pourquoi il faut sérieusement arrêter cannabis et nicotine
Une multiplication par 4 du taux de mortalité infantile, c’est ce que nous annonce cette équipe de gynécologues et de pédiatres de l’Université de l’Oregon (OHSU), avec la consommation combinée de nicotine ou de cannabis durant la grossesse. L’étude, publiée dans le JAMA, appelle à davantage de recherche et à une meilleure éducation des patientes sur le sujet, et relève qu’éviter l’une des substances réduit le risque de moitié.
On savait que la consommation combinée de cannabis et de nicotine pendant la grossesse est associée à un risque significativement plus élevé de problèmes de santé pour les nouveau-nés, cette nouvelle recherche précise l’ampleur du risque et les effets de cette consommation maternelle combinée des 2 substances tout au long de la grossesse, soit une petite taille pour l’âge gestationnel, la naissance prématurée, ou le décès.
Les chercheurs précisent que la moitié des femmes qui consomment du cannabis -soit près de 15 %- pendant la grossesse consomment aussi des produits à base de tabac ou de nicotine. La prévalence de la consommation combinée n’est donc pas négligeable.
« Avec la légalisation croissante du cannabis dans tout le pays, on a souvent l’impression que le cannabis est sans danger pendant la grossesse », explique l’un des auteurs principaux, le Dr Lo. « Parce que nous savons que de nombreuses femmes qui consomment du cannabis consomment des produits du tabac, il est essentiel de comprendre les implications potentielles de la combinaison des 2 substances, sur la santé de la mère et du bébé ».
L’étude analyse les données de sortie d’hôpital et de santé de plus de 3 millions de patientes enceintes ayant une consommation documentée de cannabis et de nicotine. L’analyse révèle que :
- par rapport aux femmes ne consommant aucune substance, celles qui consomment du cannabis ou de la nicotine seules présentent déjà des taux accrus de décès du nourrisson, de naissance prématurée ;
- ce risque est encore plus élevé lorsque la mère consomme les 2 substances ;
- dans ce cas, le risque plus notable est le taux de mortalité infantile, 4 fois plus élevé chez les consommatrices de cannabis et de nicotine que chez les non-consommatrices ;
- ce taux est environ 2 fois plus élevé en cas de consommation d’une seule des 2 substances.
- Ces résultats appellent les professionnels de santé à apporter aux femmes qui conçoivent, une éducation (ETP) sur les avantages de l'arrêt des deux substances, ou a minima, d’au moins 1 des 2.
« Cependant, des circonstances individuelles peuvent rendre l’objectif d’arrêt des 2 substances difficile pour certaines patientes, il est donc important de rester réaliste », souligne l’un des auteurs, le Dr Adam Crosland, professeur d'obstétrique et de gynécologie à l'OHSU : « Nos résultats suggèrent qu'éviter la consommation d'1 seule de ces substances peut déjà diminuer par 2 les risques de grossesse que nous constatons lorsque les 2 substances sont consommées ensemble, ce qui constitue un élément d'information essentiel que les professionnels de santé peuvent mettre en avant lors de leurs conseils ».
Il reste à surmonter aussi la stigmatisation, qui subsiste fréquemment autour de la consommation de substances pendant la grossesse. Le sujet peut être un sujet difficile à aborder tant pour les patientes que pour les médecins.
L’étude soutient donc, accessoirement, un dialogue plus ouvert médecin-patiente, pour une grossesse plus saine.
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