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GROSSESSE : Quels risques avec les antidépresseurs ?

Actualité publiée il y a 4 années 3 mois 3 semaines
Journal of Steroid Biochemistry and Molecular Biology
Quelle est la conduite à tenir chez la femme enceinte atteinte de dépression majeure ?

De nombreuses équipes de recherche se posent la question de la conduite à tenir chez la femme enceinte atteinte de dépression majeure. De nombreuses études ont documenté les possibles effets de la prise d’antidépresseurs durant la grossesse, en particulier sur le développement du bébé. Alors que tous ces experts chercheurs concluent à la nécessité de traiter la dépression chez la mère, cette équipe de Institut national de la recherche scientifique (INRS, Canada) tente de déterminer si certains antidépresseurs sont tout de même moins risqués pour les femmes enceintes. Des travaux toujours en cours, présentés dans le Journal of Steroid Biochemistry and Molecular Biology qui doivent à terme, aboutir à une cartographie des effets des différentes molécules sur la santé des mères et le développement cardiaque et cérébral des enfants. Les premiers résultats suggèrent néanmoins que « certains antidépresseurs sont plus sûrs et que d'autres pourraient être développés pour une utilisation plus sécure pendant la grossesse ».

 

Environ une femme sur 10 souffre de dépression pendant la grossesse. Sans traitement, la maladie comporte des risques pour la mère et l'enfant. Cependant, les antidépresseurs ne sont pas sans conséquences sur le développement fœtal. L'équipe du professeur Cathy Vaillancourt à l’INRS étudie les effets de ces médicaments afin d'identifier les moins nocifs. L’équipe vient de modéliser pour la première fois l'interaction des antidépresseurs couramment utilisés avec l'œstrogène, et plus particulièrement avec l'enzyme qui synthétise l'œstrogène : l'aromatase. Une première étape, mais essentielle, alors que la production d'œstrogènes est essentielle au développement du fœtus et à l'adaptation physiologique de la mère pendant la grossesse.

Poursuivre le traitement durant la grossesse en optant pour le meilleur des antidépresseurs

La prescription d'antidépresseurs aux femmes enceintes est sujet à débats, certaines études documentant différents risques dont de malformations cardiaques et pulmonaires, de retard ou d’altération du développement cognitif, dont l'autisme. Or ces effets nocifs sont très probablement liés à l’interaction des médicaments avec certaines hormones clés. La plupart des antidépresseurs prescrits aux femmes enceintes (les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine ou ISRS) ciblent la sérotonine, une hormone produite à la fois dans le cerveau et dans le placenta. Les œstrogènes seraient également ciblés par ces traitements.

 

ISRS, œstrogène et aromatase :  l’équipe a regardé si ces antidépresseurs, développés pour bloquer le transporteur de sérotonine, affectent également l'aromatase. En utilisant des modèles moléculaires, ils constatent qu’en effet les ISRS sont capables de se lier directement à l'enzyme et de réguler son activité. Différents types d'antidépresseurs testés sur des échantillons de placenta prélevés après l'accouchement entrainent aussi des effets spécifiques : il semble donc possible, écrivent les chercheurs, en observant les effets des antidépresseurs sur le système hormonal du placenta, de détecter à l'avance les risques pour le fœtus.

 

Des antidépresseurs plus sûrs : tous les types d'antidépresseurs n'ont pas ces effets nocifs. Toutes les molécules pharmacologiques n'ont pas la même affinité hormonale. En testant plusieurs types d'antidépresseurs à différentes doses, les scientifiques semblent certains de pouvoir déterminer les meilleurs choix d'antidépresseurs et de dose pour les femmes enceintes, avec le moins d’effets secondaires possible sur le déroulement de la grossesse et sur le développement fœtal.

 

L'arrêt des médicaments n'est pas toujours conseillé. Encore une fois, l’équipe défend l’idée de la poursuite du traitement mais en optant pour le meilleur des antidépresseurs. Elle travaille actuellement auprès d’une cohorte de femmes enceintes et suit leurs enfants sur le long terme.

 

« Cela permettra d’aboutir à une cartographie des différents effets de ces médicaments sur la santé des mères et le développement de leurs enfants ».

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