INCONTINENCE FÉCALE : Les promesses de la stimulation magnétique
La stimulation magnétique pour traiter l'incontinence fécale, c’est une préconisation de cette équipe de neuro-gastroentérologues de l'Université Augusta (Géorgie) qui fait ses preuves, ici dans l'American Journal of Gastroenterology (AJG). La stimulation magnétique apaise les nerfs qui régulent les muscles de l'anus et du rectum, améliore leur fonction et permet ainsi de réduire considérablement les épisodes d'incontinence fécale.
On parle peu de l’incontinence fécale qui reste, comme l’incontinence urinaire, une condition « tabou » et pourtant c’est un « problème » débilitant qui affecte près de 10% de la population. Les traitements de l’incontinence fécale sont multiples, rééducation des muscles du plancher pelvien, électrostimulation, chirurgie et médicaments (anti-diarrhéiques) avec des réponses très variables selon les patients. Cependant, des preuves préliminaires ont suggéré les promesses d’une forme de stimulation magnétique, la thérapie de neuromodulation trans-lombosacrée. La thérapie apparaît en effet sûre, peu coûteuse et efficace à renforcer les nerfs clés et à réduire voire éliminer les épisodes de fuite de selles, rapportent ces gastro-entérologues américains.
Calmer les lésions nerveuses, un mécanisme clé dans la pathogenèse des fuites
Le rectum connecte le côlon et l'anus et les muscles directement impliqués dans la motilité intestinale sont une cible critique pour le traitement de l'incontinence fécale. Cependant, les stratégies actuelles (rééducation, électrostimulation) ne sont pas satisfaisantes pour plus de la moitié des patients car elles ne s'attaquent pas directement aux causes, dont le dysfonctionnement nerveux de l'anus et du rectum. L’équipe s’est donc concentrée sur la fonction des nerfs qui contrôlent ces muscles. Pour cette étude, les chercheurs ont développé un dispositif de stimulation magnétique anorectale trans-lombosacrée, qui leur permettait d’examiner l'activité nerveuse en plaçant une sonde dans le rectum et une bobine sur le dos pour fournir une stimulation magnétique aux nerfs de l'anus et du rectum et observer la réponse. C’est alors que les chercheurs ont découvert que la fonction nerveuse était en cause chez 80 à 90% des patients. Ils ont donc testé la stimulation magnétique externe et répétitive pour traiter la condition.
6 séances suffisent …La stimulation trans-lombosacrée a été testée chez 33 participants âgés en moyenne de 60 ans, souffrant d'incontinence fécale. « L’objectif est de corriger l’une des causes majeures de l’incontinence fécale, les lésions nerveuses avec un traitement non invasif et ciblé », explique le Dr Satish SC Rao, directeur du Département motilité digestive du Medical College of Georgia. « Nous constatons avec la neuromodulation sacrée une amélioration significative de l'incontinence fécale dans tous ses marqueurs », explique le Dr Rao, « après seulement 6 séances de traitement hebdomadaire, nous constatons un effet significatif sur la fonction nerveuse ce qui conduit à une amélioration des symptômes ».
Comment se passe la séance : le patient s'allonge confortablement sur le ventre. Le traitement dure de 15 minutes à une heure selon la fréquence. La version de 15 minutes par ex. comprend 15 stimulations par seconde, soit à une fréquence 15 hertz, rapide mais « pas forcément » la plus efficace. En effet, c’est la fréquence la plus basse, 1 hertz sur une séance d’1 heure, qui semble être la plus bénéfique. Les patients ainsi traités connaissent une réduction d'environ 90% des épisodes de fuite ainsi qu'une capacité de contrôle considérablement renforcée.
«C'est encore au stade précoce, mais nous obtenons des résultats remarquables »
Une question de neuroplasticité ? Enfin la recherche confirme la prévalence des lésions nerveuses chez les patients atteints d’incontinence fécale. La stimulation permet de réaccourcir considérablement le temps de réponse musculaire au signal nerveux jusqu’à le rétablir à la normale. L’équipe soupçonnait qu’une stimulation répétée des nerfs induirait leur capacité innée à s'adapter en réponse à une variété de stimulations, constituant « la neuroplasticité », une compétence des nerfs du cerveau et du corps qui permet à la fois l'apprentissage et la guérison d'une blessure ou d'une maladie.
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