INFECTIONS NOSOCOMIALES : Vers un vaccin universel ?
Un vaccin universel pour lutter contre tous les supermicrobes hospitaliers ? L’idée fait son chemin, avec ces travaux d’une équipe de virologues et de vaccinologues de l’Université de Californie du Sud qui documentent un premier candidat. Ce vaccin expérimental, testé chez la souris fait ses preuves d’efficacité contre l’infection à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et d'autres infections connues pour être résistantes aux antibiotiques.
Il s’agit ici de contrecarrer les infections nosocomiales qui entraînent un taux de mortalité estimé à 3,8 pour 100 000 personnes- année dans le monde (source : OMS). Chaque année, les infections nosocomiales tuent plus de 90.000 personnes aux seuls États-Unis. Chaque jour, environ 1 patient hospitalisé sur 31 développe au moins 1 de ces infections.
Dans de nombreux cas, les infections sont causées par des superbactéries telles que le SARM –ou Acinetobacter baumannii. Les infections se propagent via des surfaces ou des équipements contaminés, tels que des cathéters ou des ventilateurs, ou de personne à personne, souvent à partir de mains contaminées. Le risque est le plus élevé chez les patients en soins intensifs qui peuvent souffrir d'infections du site opératoire (ISO), d'infections du sang (AES), d'infections des voies urinaires et de pneumonie associée à la ventilation.
Les vaccins typiques incitent généralement l’organisme à produire des anticorps contre un agent pathogène spécifique. Malgré l'incidence élevée des infections nosocomiales, il n'existe actuellement aucun vaccin approuvé par la FDA qui prévienne les infections résistantes aux antibiotiques les plus graves. Le concept serait donc d’administrer un vaccin aux patients juste avant ou après leur arrivée à l’hôpital pour les protéger contre les superbactéries mortelles disséminées au sein des établissements de soins.
L’étude : les chercheurs ont conçu la formule pour prévenir les infections graves causées par des agents pathogènes résistants aux médicaments. L’équipe montre qu'une dose unique, administrée à des souris modèles d’infections, active les cellules immunitaires de manière à développer une protection rapide contre 8 espèces de bactéries et de champignons.
« Le principe est celui d’un système d’alerte précoce », explique l’auteur principal, le Dr Brad Spellberg, médecin-chef du Los Angeles General Medical Center affilié à l’USC. « L’arrivée de mauvaises superbactéries déclenche la réponse immunitaire ».
Le vaccin expérimental adopte une approche innovante : il exploite l’approvisionnement préexistant du corps en cellules immunitaires macrophages, qui engloutissent et digèrent les bactéries, les champignons. Un fois activés, les macrophages, présents dans tous les tissus, neutralisent rapidement les envahisseurs qui pourraient autrement se multiplier rapidement et submerger les défenses de l’organisme.
- Le vaccin ne contient que 3 ingrédients, dont 2 sont déjà utilisés dans les vaccins approuvés par l’Agence américaine FDA. Un 3è composant est un minuscule morceau de la surface d’un champignon que l’on trouve couramment sur la peau humaine. Testé dans 2 laboratoires indépendants,
- le vaccin agit en 24 heures et son action dure jusqu'à 28 jours,
- chez les souris modèles de laboratoire, le nombre de macrophages a augmenté de façon spectaculaire et la durée de survie des infections invasives du sang et des poumons s’est améliorée ;
- les premières données suggèrent qu’une 2è dose pourrait prolonger la fenêtre de prévention de l’infection.
Un brevet vient d’être déposé, avec le soutien du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID/NIH) : « La pandémie a stimulé une innovation sans précédent dans le développement de nouveaux vaccins », commentent les chercheurs.
La prochaine étape consistera à obtenir les exigences de la FDA sur la réalisation d'études précliniques.
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