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La MICI, c’est lorsque le biofilm bactérien envahit l’intestin

Actualité publiée il y a 2 années 10 mois 1 jour
Gastroenterology
Le biofilm bactérien qui envahit l’intestin, de par son étendue permet de caractériser le stade et la sévérité de la MICI (Visuel Adobe Stock 124370033)

Dans la plupart des cas de la maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI), le biofilm bactérien a déjà envahi l’intestin, parfois le « grêle » et « le gros » et s’est déjà bien incrusté, modifiant ainsi totalement l’environnement gastrointestinal. Détecter le biofilm muqueux via l’endoscopie permet ainsi de détecter la maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) et ici le syndrome du côlon irritable, conclut cette équipe de l’Université médicale de Vienne. Alors que dans les pays riches une femme sur 6 et 1 homme sur 10 environ souffrent d’une maladie intestinale chronique, il est essentiel de disposer d’outils diagnostiques. Au-delà, le biofilm bactérien qui envahit l’intestin, de par son étendue permet de caractériser le stade et la sévérité de la MICI.

 

Aujourd’hui, avec les techniques actuelles, il n'est possible de diagnostiquer un syndrome du côlon irritable que par un processus d'élimination. De plus la plupart des personnes souffrant du syndrome du côlon irritable ne consultent que lorsque les symptômes dont la constipation, la diarrhée, les douleurs abdominales- sont sévères. Cette équipe autrichienne montre que, dans la plupart des cas, le syndrome du côlon irritable est associé et caractérisé par des biofilms bactériens dans l'intestin.

Et ces biofilms sont visibles à l'examen endoscopique.

C’est donc à la fois une cause, une caractéristique et un marqueur du syndrome du côlon irritable. Le biofilm peut également de caractériser la maladie, son stade, son étendue, explique l’auteur principal, le Dr Christoph Gasche, chef du laboratoire de gastroentérologie moléculaire de l'Université de Vienne.

L'étude multicentrique qui a analysé les données de plus de 1.000 coloscopies constate en effet que chez les 2 tiers des patients avec symptômes du syndrome du côlon irritable, les biofilms bactériens ont envahi leur intestin grêle ou leur gros intestin. Ces biofilms muqueux sont également retrouvés chez un tiers des patients atteints de rectocolite hémorragique.

 

Le biofilm, c’est quand les bactéries passent en mode survie et « s’incrustent » : pour se donner une meilleure chance de survivre au stress des médicaments, les bactéries se regroupent pour renforcer leur sécurité et forment ces biofilms, une sorte d'espace protecteur qui les rend plus résistantes non seulement aux antibiotiques mais aussi aux toxines environnementales. Cette matrice bactérienne, qui peut être réticulaire ou même plane, adhère comme une fine couche sur la muqueuse intestinale - un peu comme la plaque dentaire dans la carie - altérant ainsi ses fonctions et induit l’inflammation.

 

Des facteurs majeurs de biofilms intestinaux : les chercheurs constatent ici que :

  • les personnes qui ont pris beaucoup de médicaments au cours de leur vie, qui ont perturbé leur flore intestinale sont plus vulnérables à la formation et au développement du biofilm bactérien dans l’intestin ;
  • les patients qui ont subi une greffe et reçu des immunosuppresseurs ;
  • d’autres médicaments comme les inhibiteurs de la pompe à protons, peuvent également perturber l'équilibre de l'écosystème bactérien.

Une découverte révolutionnaire car ces biofilms finissent par envahir l’intestin et modifient pour longtemps l'environnement gastrique.

Comment les éliminer ? Dans de nombreux cas, il est possible d'éliminer ces biofilms dans le gros intestin à l'aide d'un « pistolet pulvérisateur » endoscopique. Mais ce « nettoyage » permet-il d’atténuer les symptômes de la MICI, cela reste à confirmer. De plus, la technique ne peut pas être utilisée pour éliminer les biofilms de l'intestin grêle, où ils se développent également.

 

« Les biofilms reflètent un déséquilibre profond de la flore intestinale et contribuent à expliquer les symptômes des patients atteints de MICI et finalement inspirent de nouvelles approches thérapeutiques ». Enfin, sensibiliser les patients à cet envahissement des intestins par ces biofilms bactériens tenaces peut peut-être inciter à aller consulter de manière plus précoce en cas de symptômes, et à gérer de plus près sa santé gastro-intestinale.

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