L'e-CIGARETTE, substitut nicotinique ? Il est trop tôt pour conclure
Si la cigarette électronique est de plus en plus plébiscitée, y compris par les Autorités sanitaires de certains pays comme dispositif possible de substitution nicotinique, cet examen de la littérature mené par une équipe d’experts de l'American Heart Association (AHA), appelle tout de même à davantage de recherches sur son impact à long terme. En cause, les risques directement associés à certains ingrédients dont évidemment la nicotine, mais aussi les aromatisants, les édulcorants, le propylène glycol et le glycérol végétal. Ce point réactualisé, publié dans la revue Circulation de l’AHA, suggère ainsi une réévaluation rigoureuse du rapport bénéfice-risque des e-cigarettes, comme alternatives aux cigarettes traditionnelles.
D’autant que le nombre d’utilisateurs de ces « systèmes électroniques d'administration de nicotine », augmente toujours de façon exponentielle, en particulier chez les jeunes et les jeunes adultes. Ainsi aux Etats-Unis et en Europe, l’utilisation de la cigarette électronique a plus que doublé entre 2017 et 2019 chez les jeunes. Ainsi, près de 3 jeunes sur 4 utilisent des cigarettes électroniques aromatisées. Ce taux élevé d'utilisation par les jeunes rend essentiel l'évaluation des effets à court et à long terme de ces dispositifs sur la santé. D’autant que de nombreuses études alertent sur l'impact nocif, à long terme, de la cigarette électronique sur le cœur, les vaisseaux sanguins et les poumons.
L’étude, à la fois examen et méta-analyse des dernières preuves de la littérature fait en effet valoir les risques pour la santé liés à l'utilisation de la cigarette électronique et précise les priorités de recherche.
Un point sur les différents dispositifs de « vapotage » existants, rappelle que ce sont des systèmes à piles qui chauffent une solution liquide, ou e-liquide, pour créer un aérosol qui est inhalé dans les poumons. La plupart des e-liquides délivrent de la nicotine, un composant dont les effets négatifs dont addictifs ne sont plus à démontrer. Les e-liquides contiennent de nombreuses autres substances, parfois du tétrahydrocannabinol (THC), l'élément psychoactif du cannabis, et il en existe aussi avec de la méthamphétamine ou de la méthadone. Des humectants (supports hygroscopiques tels que le propylène glycol et le glycérol végétal) agissent également comme des solvants et créent l’aérosol. Enfin, des agents aromatisants, des agents de refroidissement tels que le menthol et des édulcorants, les métaux du système de chauffage et d'autres composés chimiques exercent aussi leurs effets sur la santé. Compte-tenu du nombre de variété de e-liquides sur le marché, il est difficile de s’y retrouver…
Jusqu'à la crise cardiaque : « Les cigarettes électroniques libèrent dans le corps de nombreuses substances nocives, notamment des produits chimiques qui ne sont pas connus de l'utilisateur. Les cigarettes électroniques contenant de la nicotine sont associées à des changements aigus dans plusieurs mesures hémodynamiques, dont des augmentations de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque », rappelle l’un des auteurs principaux, le Dr Jason J. Rose, professeur agrégé de médecine à l'Université du Maryland (Baltimore). Et même en l'absence de nicotine, les ingrédients des cigarettes électroniques, en particulier les agents aromatisants, induisent des risques de maladies cardiaques et pulmonaires, bien documentés, mais chez les animaux. Un composé spécifique, l'acétate de vitamine E, utilisé comme agent épaississant dans certains e-liquides a été particulièrement impliqué. Enfin, les experts citent les études in vitro, in vivo et chez l’Homme qui précisent ces risques.
Jusqu’à l’hospitalisation : les auteurs rappellent qu’aux seuls États-Unis, près de 3.000 hospitalisations sont liées à l’usage de cigarettes électroniques, chaque année. Quelques études ont évalué l'impact spécifique des cigarettes électroniques en termes de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). D’autres ont précisé les effets de l'utilisation de la cigarette électronique chez les fumeurs de cigarettes traditionnelles. Cependant, les preuves manquent et d’autres recherches à plus long terme s’imposent sur des groupes spécifiques de population, comme les jeunes, les fumeurs ou les personnes déjà atteintes de maladies cardiovasculaires.
Jusqu'à la maladie respiratoire incidente : les auteurs citent une analyse récente (PATH) qui révèle une association statistiquement significative entre l'utilisation ancienne ou actuelle de la cigarette électronique et le développement d'une maladie respiratoire de type pulmonaire obstructive chronique (MPCO), bronchite chronique, emphysème ou asthme dans les 2 années.
E-cigarette, un substitut au tabac ? Chez les jeunes, les études restent contradictoires, certaines suggérant que les jeunes qui utilisent des cigarettes électroniques continuent à utiliser d'autres produits du tabac, et qu’il existe une corrélation entre l'utilisation de cigarettes électroniques et les troubles liés à l'utilisation de substances. Le comité d’experts souligne ici
l’absence de preuve solide permettant de soutenir ce rôle de substitut aux produits du tabac.
Finalement, il existe un manque de données scientifiques de sécurité à long terme, sur le risque de dépendance, le risque de trouble respiratoire et sur le risque cardiovasculaire. « Il est également important de noter que les cigarettes électroniques ne sont pas approuvées par l’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) pour le sevrage tabagique ».
Les experts soulignent donc, avant de conclure, le besoin critique de connaissances et de recherches supplémentaires, en particulier sur les effets graves et potentiellement à long terme des cigarettes électroniques sur le cœur, les vaisseaux sanguins et les poumons. Et, plus largement sur les effets ingrédients chimiques courants.
Étant donné que l'impact à long terme des cigarettes électroniques sur la santé peut prendre des décennies à émerger, d'autres études moléculaires et de laboratoire sont nécessaires dans l'intervalle pour tenter de cerner les implications biologiques de leur utilisation.
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