MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE : L’amputation menace plus avant la cinquantaine
C’est une nouvelle donnée cruciale pour la surveillance des patients souffrant de maladie artérielle périphérique (MAP): les patients dans la cinquantaine encourent en effet un risque d’amputation plus élevé que les personnes plus âgées après une intervention à la jambe, pourquoi ? Cette recherche menée par une équipe d’angiologues et d’épidémiologistes de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, révèle dans la revue Circulation, que les adultes âgés de 50 à 54 ans en raison d’artères de jambe rétrécies, présentent ce risque plus élevé d'amputation après intervention chirurgicale d'urgence sur les artères des jambes.
Cette analyse des résultats de patients de plus de 50 ans hospitalisés pour MAP et suivis durant 8 années, en montrant que le risque d’amputation de ce groupe de patients est plus élevé à la cinquantaine, que chez les patients plus âgés, de 80 à 84 ans, suggère bien qu’un diagnostic précoce, une modification des facteurs de risque et un traitement peut permettre de prévenir une forme grave d’AOMI.
La maladie artérielle périphérique (MAP) survient lorsque les artères partant du cœur se rétrécissent en raison de dépôts de cholestérol, empêchant ainsi une circulation sanguine adéquate dans tout le corps et généralement les membres inférieurs. On estime que la MAP affecte 10 à 12 millions d’adultes âgés de 40 ans et plus aux seuls États-Unis et plus de 200 millions de personnes dans le monde.
La MAP symptomatique se caractérise par des crampes musculaires douloureuses au niveau des hanches, des cuisses, des mollets ou des pieds lors de la marche, de la montée des escaliers ou de l'exercice. La douleur ne s'atténue pas avec le repos. Les facteurs de risque modifiables d’MAP comprennent le tabagisme, le diabète, l’hypertension et/ou un taux de cholestérol anormal.
L’auteur principal, le chercheur Qiuju Li, à la London School of Hygiene and Tropical Medicine précise que « les patients atteints de formes graves d’AOMI nécessitant une intervention chirurgicale urgente ont tendance à avoir une évolution extrêmement lente de la maladie. Ils encourent un risque élevé de perte d’un membre et de décès toutes causes confondues après la chirurgie initiale ».
Les personnes moins âgées encourent en fait un risque accru d’amputation
L’étude suit et analyse les données de près de 95.000 participants âgés de plus de 50 ans atteints de MAP et ayant subi une revascularisation. Précisément, les 2 tiers des participants ont subi cette intervention chirurgicale élective pour rétablir la circulation sanguine, un tiers ayant subi une intervention chirurgicale en urgence. L’analyse constate que :
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le risque d'amputation majeure chez ces patients âgés de 50 à 54 ans s’élève à 18 % 1 an après la revascularisation
- et à 29 % 5 ans après l'intervention ;
- chez les patients âgés de 80 à 84 ans, ces taux de risque s’élèvent, respectivement à 12 et 17 % ;
- parmi les patients ayant subi une revascularisation élective, le risque d'amputation reste relativement faible quel que soit l'âge du patient : 11 % pour les 50 à 54 ans et 6,5 % pour les 80 à 84 ans ;
- le risque de décès augmente cependant considérablement chez les patients plus âgés après revascularisation élective et non élective : 49 % et 59 %, respectivement à 1 et 5 ans, pour les patients âgés de 80 à 84 ans vs 13 et 17 % , respectivement, pour les 50-54 ans ;
- après une amputation les participants encourent un risque accru de décès lorsqu’ils ont subi une amputation majeure dans les 6 mois qui suivent la revascularisation.
Cette recherche révèle la complexité des trajectoires de maladie en fonction des caractéristiques des patients : « Bien que le fait d'être plus âgé au moment de la chirurgie de rétablissement du flux sanguin soit associé à une augmentation marquée du risque de décès, le risque d'amputation majeure après cette chirurgie reste plus faible chez les patients plus âgés vs les patients plus jeunes ».
« Il n'existe donc pas de réponse simple et universelle pour tous les patients et il convient que le clinicien détermine, avec son patient, la meilleure option de traitement possible ».
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