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MICI : Ces neurones entériques qui protègent nos intestins

Actualité publiée il y a 1 année 3 mois 3 semaines
Cell
Ces neurones intestinaux bien particuliers, plus sensibles à la douleur, protègent nos intestins contre l'inflammation et permettent de prévenir la plupart des lésions tissulaires associées en régulant le microbiote intestinal (Visuel Adobe Stock 380690420)

Ces neurones intestinaux bien particuliers, très sensibles à la douleur, protègent nos intestins contre l'inflammation et permettent de prévenir la plupart des lésions tissulaires associées en régulant le microbiote intestinal. Les chercheurs du Weill Cornell Medicine (New York), décryptent ici dans la revue Cell, le rôle protecteur d’une molécule secrétée par ces neurones, qui augmente, notamment, les communautés de microbes bénéfiques.

 

Les millions de neurones du tractus gastro-intestinal pourraient être éradiqués par une seule infection, prédisposant ainsi le sujet à la maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI). Mais dans la réalité et dans la plupart des infections entériques, dès la première infection, une protection se met en place pour préserver les neurones entériques, médiée par cette molécule, appelée substance P.

Les chercheurs constatent également que ces neurones sensibles à la douleur sont moins nombreux, avec des perturbations importantes de leurs gènes de signalisation de la douleur, chez les personnes atteintes de maladies inflammatoires de l'intestin (MICI).

Une nouvelle compréhension des MICI

Les MICI, qui englobent la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse et affectent des millions de personnes dans le monde, sont généralement traitées avec des médicaments qui ciblent directement certains éléments du système immunitaire.

 

Le microbiote régule l’inflammation : les scientifiques réalisent de plus en plus que les bactéries intestinales et d'autres microbes contribuent, aussi, à réguler l'inflammation intestinale.

 

  • "La découverte du rôle clé de substance P ouvre ainsi une nouvelle approche thérapeutique", souligne l'auteur principal, le Dr David Artis, professeur d'immunologie au Weill Cornell Medicine

 

Le système nerveux, présent dans la plupart des organes, semble être un autre puissant régulateur du système immunitaire au niveau des muqueuses barrières du corps. Cette recherche concentrée sur un certain type de neurones de l'intestin documente le rôle du système nerveux entérique en cas d’inflammation : ces neurones sensibles à la douleur innervant l'intestin, dont les corps cellulaires siègent dans la partie inférieure de la colonne vertébrale, expriment une protéine de surface appelée TRPV1, qui sert de récepteur aux signaux liés à la douleur. TRPV1 peut être activée par une chaleur élevée, un acide ou encore la capsaïcine, un composé du piment. Le cerveau traduit alors cette activation en une sensation de brûlure.

 

  • Mais lorsque les scientifiques éteignent ces récepteurs TRPV1 dans les nerfs intestinaux de souris modèles du côlon irritable, ou suppriment les neurones exprimant TRPV1, l’inflammation et les lésions tissulaires sévères se développent alors. L'aggravation de l'inflammation et des lésions tissulaires chez s’avère de plus associée à des changements de communautés bactériennes du microbiote intestinal ;
  • transplanté dans des souris normales, ce microbiote déséquilibré induit la même aggravation de la sensibilité à l'inflammation et aux dommages ;
  • un traitement antibiotique à large spectre permet d’inverser cette sensibilité même chez les souris privées de récepteurs TRPV1 : les nerfs exprimant TRPV1 protègent l'intestin principalement en maintenant un microbiote intestinal en bonne santé.
  • Cet effet bénéfique des neurones entériques « sensibles » repose, en grande partie, sur la molécule qu’ils sécrètent, appelée substance P : à elle seule elle peut inverser la plupart des effets nocifs du blocage de TRPV1.

 

Enfin, la pertinence de ces conclusions pour l’Homme est démontrée via l’analyse de tissus intestinaux de patients atteints de MICI : ces tissus présentent une activité anormale du gène TRPV1 et de la substance P, et présentent moins de neurones entériques sensibles.

 

Préciser comment la substance P exerce ses effets sur le microbiote et comment le microbiote répond, exactement à la substance P est, certainement, la prochaine étape. Mais d’ores et déjà, ces travaux montrent que la prochaine génération de médicaments anti-inflammatoires pour traiter les MICI et d'autres troubles intestinaux pourrait cibler le système nerveux entérique.

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