MORPHÉE PANSCLÉROTIQUE : Enfin, un traitement pour cette maladie rare de la peau
La morphée pansclérotique, une maladie génétique et inflammatoire grave de la peau a peut-être enfin trouvé son traitement grâce aux recherches de cette équipe des National Institutes of Health (NIH). L’étude, publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM), suggère qu’un inhibiteur de JAK, un médicament déjà utilisé pour traiter l'arthrite, l'eczéma, la colite ulcéreuse et d'autres maladies inflammatoires chroniques, pourrait être une option efficace pour ces patients.
La maladie, documentée depuis une centaine d’années n’a été à ce jour diagnostiquée que chez une poignée de patients. Cependant, la maladie provoque de graves lésions cutanées avec un retard de cicatrisation des plaies, ce qui entraîne des cicatrices profondes de toutes les couches de la peau mais aussi des muscles. Les muscles finissent par se durcir et se décomposer tandis que les articulations se raidissent, ce qui entraîne une mobilité réduite.
Jusque-là, la morphée pansclérotique était caractérisée comme une maladie auto-immune, avec des attaques du système immunitaire contre la peau, explique l’auteur principal, Sarah Blackstone, chercheur au Département des maladies inflammatoires du National Human Genome Research Institute (NHGRI/NIH) et sa cause génétique n'avait pas été identifiée.
L‘étude décrypte les processus en cause et révèle que la peau et le système immunitaire peuvent un rôle actif dans la désactivation de la morphée pansclérotique. En particulier,
ils identifient une nouvelle variation génomique qui désorganise le rôle clé des fibroblastes, dans la cicatrisation des plaies.
Les scientifiques du NHGRI/NIH, avec leurs collègues de l'Université de Californie à San Diego et de l'Université de Pittsburgh, identifient, par séquençage du génome de 4 patients atteints, les facteurs génétiques, précisément les variantes génomiques qui provoquent ce trouble cutané inflammatoire rare et grave et ce faisant suggèrent aussi un traitement possible pour la maladie :
- les patients atteints de la maladie portent une version hyperactive de la protéine STAT4, censée réguler l'inflammation et la cicatrisation des plaies ; les 4 patients de l’étude portent cette variante du gène STAT4. La protéine STAT4 joue non seulement un rôle important dans la cicatrisation de la peau, mais également un rôle dans la lutte contre les infections ;
- la variante de STAT4 entraîne une hyperactivité de la protéine chez ces 4 patients, créant une boucle de rétroaction positive d'inflammation et de retard de cicatrisation qui s'aggrave avec le temps ;
- un médicament existant, qui cible justement une voie contrôlée par la protéine STAT4 permet de réduire significativement les symptômes chez ces patients : un médicament inhibiteur de JAK appelé ruxolitinib qui cible une autre protéine (Janus kinase) qui interagit avec STAT4 permet de stopper cette boucle de rétroaction nocive et de réduire considérablement les éruptions et les ulcères cutanés des patients.
La recherche apporte ainsi une option de traitement pour ces patients et répond à un véritable besoin, alors que les traitements existants pour désactiver la morphée pansclérotique sont largement « inefficaces et induisent des effets secondaires graves ». Le pronostic de ces patients reste ainsi très négatif, avec une survie qui plafonne à 10 ans après le diagnostic. Le ruxolitinib, qui fait partie d'une classe de médicaments, bien documentée, les inhibiteurs de JAK, couramment utilisés pour traiter l'arthrite, l'eczéma, la colite ulcéreuse et d'autres maladies inflammatoires chroniques, pourrait en effet être une option efficace pour ces patients.
Les chercheurs espèrent identifier d’autres cibles et d’autres molécules efficaces chez les patients atteints de morphée pansclérotique, qui pourraient également trouver des applications dans d’autres affections cutanées apparentées.
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