OTITE : Un gel topique plutôt que des antibiotiques ?

L'otite moyenne aiguë (OMA) est l'une des principales causes de prescription d'antibiotiques oraux chez les enfants, avec le risque connu d’effets secondaires systémiques et de contribution à l’antibiorésistance. Cette équipe de la Cornell University (New York) propose ici, dans la revue ACS Nano, un gel topique, permettant donc une administration locale - et non systémique- d'antibiotiques. Avec pour base de délivrance, des liposomes, encapsulant le principe actif.
Jusque-là l’administration locale se heurtait à l’obstacle de l’imperméabilité de la membrane tympanique, qui bloque la plupart des molécules via sa couche cornée la plus externe. L’équipe a donc eu l’idée d’exploiter les liposomes pour encapsuler et délivrer des antibiotiques en contournant la membrane. Ici, l’équipe encapsule l'antibiotique ciprofloxacine dans des liposomes, qui interagissent avec la structure cellulaire des membranes comme le tympan et la peau pour faciliter l’absorption.
L’étude, préclinique, teste ce gel topique donc chez des animaux modèles d’OMA et démontre son efficacité après une seule application :
-
l’otite moyenne est résorbée en 24 heures avec 1 seule dose ;
- tous les modèles animaux ont été guéris ;
- les animaux n'ont présenté aucune inflammation du tympan ni récidive d'infection pendant les 7 jours de traitement ;
- en comparaison, à 7 jours, seule une partie des animaux recevant des formulations en gel contenant soit un antibiotique libre (25 %), soit un antibiotique encapsulé dans des liposomes chargés positivement (50 %) étaient guéris.
Les liposomes chargés positivement sont considérés, en général, comme plus efficaces pour transporter les médicaments à travers les tissus multicouches comme la peau. Mais ici, ce sont les liposomes chargés négativement qui se révèlent les plus efficaces pour administrer les médicaments à travers les tympans infectés. Dans ce cas, en effet, l'absorption des liposomes s’effectue par les cellules immunitaires en réponse à l'infection.
Ce traitement à dose unique contre les otites moyennes représente une avancée significative pour alléger le fardeau des familles et améliorer les résultats pour les jeunes enfants, relèvent les auteurs. Notamment parce que l'application d'un antibiotique directement sur la zone infectée plutôt que par voie orale pourrait contribuer à réduire les effets secondaires tels que les mycoses et les maux d'estomac. Un tel traitement permettrait mécaniquement d’optimiser l'observance par les patients et de réduire l'utilisation d'antibiotiques chez les enfants.
La prochaine étape sera translationnelle, du laboratoire à la clinique, en passant par des essais cliniques (chez l’Homme).
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