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PARKINSON : Mais pourquoi les fumeuses ont moins de risque ?

Actualité publiée il y a 3 années 1 mois 1 semaine
Journal of Neurochemistry
Un médicament pour arrêter de fumer pourrait contribuer à traiter la maladie de Parkinson chez les femmes, et chez les femmes seulement (Visuel Fotolia 61290527)

Un médicament pour arrêter de fumer pourrait contribuer à traiter la maladie de Parkinson chez les femmes, et chez les femmes seulement, conclut cette étude de l’université du Texas A&M. Ce médicament, c’est la cytisine, un médicament de sevrage tabagique couramment utilisé en Europe, qui montre ici, dans le Journal of Neurochemistry, sa capacité à réduire la perte de neurones dopaminergiques, procurant un effet protecteur contre le trouble neurodégénératif. Pourquoi chez les femmes uniquement ? En cause les oestrogènes, dont l'action dans ce processus protecteur devra être éclaircie.

 

10 millions de personnes dans le monde vivent aujourd’hui avec la maladie de Parkinson, un trouble neurodégénératif qui entraîne des symptômes très handicapants dont des difficultés à marcher, des tremblements, et d'autres symptômes non liés au mouvement. Ces symptômes commencent à se développer lorsqu’environ 50% des neurones dopaminergiques dans le cerveau sont morts ou altérés. Il n’existe actuellement aucun traitement curatif de maladie de Parkinson, qui puisse arrêter ou freiner la perte de ces neurones dopaminergiques nécessaires à la motricité notamment.

Mais quel rôle de la nicotine dans la maladie de Parkinson ?

Les chercheurs texans se sont demandé pourquoi les fumeurs chroniques encourent un risque réduit de maladie de Parkinson. « Sur la base d'études épidémiologiques, ce phénomène est connu depuis environ 60 ans », relève l’un des auteurs principaux, Rahul Srinivasan, professeur au Département Neuroscience et Thérapeutiques expérimentales. « Cependant, on n’a jamais vraiment bien compris pourquoi, en particulier parce que le tabac et la fumée du tabac contiennent un très grand nombre de composés chimiques différents. L'un de ces produits chimiques est évidemment la nicotine, nous devions donc regarder le rôle de la nicotine dans cet effet protecteur contre la maladie de Parkinson ».

 

Nicotine ou cytisine ? Mener des essais cliniques (chez l’Homme) ou précliniques (chez l'animal) sur les effets de la consommation de nicotine est complexe, voire impossible, c’est pourquoi les chercheurs ont décidé de tester la cytisine comme alternative à la nicotine. La cytisine est un médicament de sevrage tabagique avec des propriétés similaires ou proches de la nicotine, avec un avantage cependant, très peu d'effets secondaires chez l'Homme.

 

Cytisine et Parkinson ? La cytisine se lie aux récepteurs cibles mais ne les active pas aussi efficacement que la nicotine. La cytisine maintient les récepteurs «occupés» et les «chaperonne» à la surface du neurone. Comme la cytisine est un composé naturel, assez largement disponible et bon marché, les chercheurs ont décidé de regarder ses effets chez un modèle animal de la maladie de Parkinson.

 

L'équipe a donc induit artificiellement la maladie de Parkinson chez ces modèles animaux, qui ont reçu soit une solution saline, soit de la cytisine. Les chercheurs ont effectué une série d'expériences comportementales afin d’évaluer un éventuel effet protecteur de la cytisine contre les symptômes de Parkinson. C’est en effet ce que montrent ces expériences :

  • un effet protecteur à la fois en termes de réduction des comportements parkinsoniens et en termes de réduction du nombre de neurones dopaminergiques perdus ;
  • cet effet protecteur de la cytisine n’est constaté que chez les modèles animaux femelles !
  • Et non chez les mâles : les scientifiques constatent que c’est en fait la combinaison cytisine et œstrogènes qui produit cet effet protecteur.

 

Des résultats qui ne s'appliqueraient qu'aux femmes ? les scientifiques n’ont pas dit leur dernier mot  et espèrent trouver des solutions pour les hommes, et les femmes ménopausées également : « Il existe des composés non « féminisants » qui font actuellement l'objet de recherches et peuvent activer les récepteurs-mêmes activés par les œstrogènes ».

Il reste également à comprendre comment les œstrogènes contribuent à cet effet protecteur.

« À première vue, ce médicament pourrait être utilisé dès aujourd'hui chez les femmes atteintes de la maladie de Parkinson, mais comme c'est le cas pour tous les médicaments, l'approbation ne sera possible qu’une fois le mécanisme du médicament parfaitement décrypté ». Et quel est exactement le rôle des œstrogènes dans ce processus protecteur contre la maladie de Parkinson ?

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