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PLAIES CHRONIQUES : Un gel topique à base d’antihypertenseur

Actualité publiée il y a 4 années 6 mois 2 semaines
Journal of Investigative Dermatology
Un gel topique comportant un médicament antihypertenseur pourrait bloquer les voies inflammatoires et accélérer la cicatrisation des plaies cutanées chroniques.

Avec le vieillissement des populations et l’incidence croissante du diabète à travers le monde, ces chercheurs de la Johns Hopkins Medicine (Baltimore) estiment à 20 millions par an, l’incidence mondiale des ulcères diabétiques. Les plaies chroniques, définies comme des lésions cutanées qui ne guérissent pas rapidement et présentent un risque élevé d'infection et de complications constituent aujourd’hui un défi en Santé publique. Il n’existe pas de traitement certain et définitif et aucun nouveau médicament « radical » pour la cicatrisation des plaies n’a été développé et autorisé au cours des 10 dernières années. Cette équipe internationale apporte un espoir en révélant l’efficacité d’un gel topique comportant un médicament antihypertenseur : le gel bloque les voies inflammatoires et accélère la cicatrisation des plaies cutanées chroniques. Les essais cliniques se poursuivent. 

 

L’idée de départ est d’utiliser les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II, une classe de médicaments (losartan, valsartan), prescrits pour traiter l'hypertension. Ces médicaments bloquent le système rénine-angiotensine (RAS) de la peau, impliqué dans la réponse inflammatoire de la peau, le dépôt de collagène et la signalisation nécessaire à la cicatrisation des plaies. De précédentes études ont montré que ce RAS est dérégulé chez les patients diabétiques. Un avantage de l'étude était aussi d’exploiter des médicaments disponibles et documentés depuis plus de 20 ans.

Le principe inhibiteur du système rénine angiotensine prometteur pour la cicatrisation

Ici, les chercheurs expérimentent des formulations gélifiées d'antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II, ces médicaments bloquant le RAS et augmentant le flux sanguin dans la plaie, ce qui favorise une cicatrisation plus rapide.

  • Le premier test de gel à 5% de losartan topique a été mené chez des souris à 3 phases différentes de la cicatrisation de la plaie : phase inflammatoire, phase de prolifération / remodelage, phase de fermeture. Un quatrième groupe de souris (témoin) a reçu des soins standard et un gel placebo. L’expérience montre que les souris traitées lors de la phase de prolifération ou épithélialisation obtiennent les meilleurs taux et délai de cicatrisation.
  • Le second test a porté sur les effets de différentes concentrations de losartan et de valsartan sur des souris diabétiques, jeunes et plus âgées au cours de cette même phase de prolifération / remodelage de la cicatrisation de la plaie -qui implique le développement de tissus sains. Le valsartan apparaît plus efficace que le losartan pour accélérer la cicatrisation, sans différence significative de délai selon les doses. Cependant, dans l'ensemble, un gel à 1% de valsartan induit l'impact le plus important sur la fermeture totale de la plaie, à 10% il entraîne une toxicité. Ainsi, 50% des souris ayant reçu le gel à 1% de valsartan ont complètement cicatrisé vs 10% seulement des souris témoins.
  • Un 3è test est ensuite mené chez le porc âgé et diabétique avec le gel à 1% de valsartan. Les animaux soignés avec ce gel ont cicatrisé beaucoup plus rapidement et les 12 plaies ont toutes été refermées au 50e jour vs aucune avec le placebo. Le médicament agit localement sur les tissus où il est absorbé et n’affecte pas tout le corps via la circulation sanguine, ce qui pourrait avoir des effets physiologiques inattendus et indésirables. Enfin, les porcs traités au valsartan présentent une couche épidermique plus épaisse, une couche de collagène dermique, ainsi que des fibres de collagène mieux organisées, ce qui suggère globalement une cicatrisation de meilleure qualité.

 

L’objectif avec ces travaux est de cibler directement la biologie à la base des plaies chroniques chez les diabétiques et les personnes âgées. Le gel topique semble permettre une cascade d'effets biologiques positifs qui facilitent et accélèrent la guérison des plaies chroniques. Il reste à conclure chez l’Homme, soulignent les chercheurs, qui espèrent que leur gel sera disponible pour un usage clinique d’ici quelques années.

Ce candidat pourrait également avoir, sous réserve de validation, d’autres applications pour traiter les cicatrices, les rides ou d’autres troubles ou lésions cutanées.

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