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RÉGIME ALIMENTAIRE : Animal ou végétal ?

Actualité publiée il y a 6 années 8 mois 2 semaines
Jean-Michel Lecerf / Chef du service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille
Nous sommes des omnivores.

La France se végétalise, non pas parce qu’elle reverdit, mais parce que les Français se végétalisent. C’est très bien, nous ne sommes pas des carnivores. Nous sommes des omnivores. Mais nous ne sommes pas non plus des herbivores, ni des granivores ! Jusqu’à la fin du siècle dernier, vers les années 90, notre consommation de produits animaux a crû car elle était signe de richesse, d’autant que leur prix baissait et qu’ils devenaient accessibles à tous.

Nous ne sommes pas des carnivores. Nous sommes des omnivores. Mais nous ne sommes pas non plus des herbivores, ni des granivores !

Aucun aliment n’est à bannir

 

Rétablir un équilibre est donc bienvenu. Il est bon de choisir de temps en temps un repas végétarien, ovo-lacto végétarien pour être précis.

 

Pour autant faut-il rejeter l’animal ? Certes, certains voudraient accuser les mangeurs de viande de tous les maux et non des moindres, avec parfois de gros mots. N’entrons pas dans ce débat et acceptons la diversité humaine, d’autant plus que l’omnivorisme est notre condition humaine depuis toujours.

Les chercheurs en paléonto-zoologie nous apprennent d’ailleurs que le cerveau humain s’est développé lorsque la consommation de viande a pu être accrue avec la confection des premiers outils et avec l’apparition du feu.

D’autres nous disent que la consommation de poisson, riche en oméga 3, a permis à notre cerveau de mieux fonctionner.

Il est admis que la tolérance au lactose a permis aux pastoraux d’acquérir une plus grande diversité alimentaire, tant il est vrai que les produits laitiers sont les aliments ayant la plus grande diversité en nutriments et autres composés.

La physiologie nous enseigne aussi que l’animal est un excellent bio-transformateur, efficace pour incorporer les acides gras végétaux et les rendre plus biodisponibles. L’œuf est un trésor pour sa richesse en de multiples micronutriments et micro-constituants, tels la lutéine que nous avons du mal à incorporer autrement dans notre pigment maculaire. La meilleure source de vitamine D provient du poisson gras. Le cholestérol alimentaire est indispensable au cerveau du tout-petit petit. Le lait est une source majeure de glutathion aux propriétés antioxydantes; la viande est une excellente source de fer et de zinc, le lait et le poisson assurent l’essentiel de nos apports en iode. Seuls les produits animaux sont sources de vitamine B12, dont l’absence altère les performances cognitives à tout âge. Les apports conseillés en calcium peinent à être atteints sans produits laitiers.

 

Et les végétaux ? Ils ont des propriétés inégalées car ils ont l’exclusivité de l’apport en fibres, en prébiotiques (à l’exception des galacto-oligosaccharides du lait) et en vitamine C. Ce sont aussi nos sources privilégiées de vitamine B9 et de glucides. Quant aux protéines végétales, elles ont des atouts à ne pas négliger. Celles du soja sont aussi capables de stimuler la synthèse protéique que les protéines animales, excepté les protéines du lactosérum, toujours supérieures.

 

Aucun aliment n’est à bannir : la charcuterie, le fromage sont des aliments appréciés des personnes âgées : associons-les à des légumes, des cornichons, des pommes de terre et des fruits… N’oublions pas les légumes secs sans nous en gaver, et rajoutons quelques noix. Tous les aliments ont des vertus complémentaires. Il est clair que la complémentarité des deux règnes est la clé d’une nutrition réussie.

 

Et l’environnement ? Sans élevage, pas de pâturage, pas de bocage, pas de paysage. La pâture est un excellent puits à carbone. Et la nourriture du bétail ? Elle provient souvent, pour les bovins et ovins, de fourrages et productions que l’homme ne pourrait pas valoriser autrement. Cependant, il est vrai qu’il faut retrouver un équilibre : trop d’animaux nourris au détriment du bon sens sont produits aux USA ou aux Pays-Bas. Cherchons la qualité, le terroir, la proximité ; produisons moins mais mieux, quitte à mettre le prix.

 

Mangeons végétarien de temps en temps et même assez souvent sans renier le reste : ce serait une erreur.

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