SOMMEIL : Une restriction prolongée nous ronge jusqu'à l'os

On savait déjà qu’une privation chronique de sommeil accroît le risque de maladie chronique, en particulier de troubles métaboliques. Cette étude de l’Oregon Health & Science University (Portland) suggère qu’une insuffisance durable de sommeil serait aussi un facteur de risque pour notre santé osseuse. Ces conclusions présentées à la 99è Réunion annuelle de l’Endocrine Society (Orlando), montrent que 3 semaines de restriction de sommeil suffisent à ralentir considérablement le processus naturel de formation osseuse, ici chez des hommes en bonne santé. Or…environ une personne sur 3 manque de sommeil.
Ici, la perturbation circadienne ou de l'horloge biologique a été définie comme un décalage entre l'horloge interne du corps et l'environnement, entraîné par une journée plus courte ou plus longue que 24 heures.
Cette petite étude a évalué les conséquences pour la santé de la restriction du sommeil combinée à une perturbation circadienne chez 10 hommes suivis en laboratoire où, pendant 3 semaines, ils ont été contraints à s'endormir dormir chaque jour 4 heures plus tard que le jour précédent, ce qui leur imposait des journées de 28 heures. Les participants ont été autorisés à dormir seulement 5,6 heures par période de 24 heures, le sommeil court étant une situation fréquente chez les travailleurs de nuit et de quart, donc intéressante à étudier. Bien que réveillés plus longtemps, les participants ont reçu les mêmes apports caloriques et nutritionnels tout au long de l'étude. Les biomarqueurs osseux ont été mesurés dans des échantillons de sang prélevés à l'inclusion et à la fin de l'étude. 6 des participants étaient jeunes : âgés de 20 à 27 ans, 4 plus âgés : 55 à 65 ans.
Une « décomposition » de l'os sans nouvelle formation osseuse : l'expérience permet de constater, qu'après 3 semaines de privation de sommeil, les niveaux d'un marqueur de formation osseuse appelé P1NP s'avèrent considérablement réduits. Cette réduction est plus marquée chez les participants jeunes, soit une baisse de 27% vs 18%. En revanche les niveaux du marqueur de résorption osseuse CTX restent inchangés. Ces résultats suggèrent une « décomposition » sans nouvelle formation osseuse.
Une perte osseuse qui ouvre une fenêtre de susceptibilité à l'ostéoporose et aux fractures, commente le Dr Christine Swanson, professeur à l'Université du Colorado : « Si la perturbation chronique du sommeil est confirmée comme facteur de risque d'ostéoporose, cela pourrait contribuer à expliquer pourquoi on n'identifie pas de cause claire pour l'ostéoporose chez environ 1 patient sur 2 ».
En conclusion, la perturbation du sommeil est largement préjudiciable au métabolisme, dont le métabolisme osseux, et même chez des sujets jeunes. Il reste bien sûr à confirmer ces résultats chez les femmes et par des études plus larges.
1-Apr-2017 Prolonged sleep disturbance can lead to lower bone formation
Retrouvez les blogs thématiques de Santé log :
Autres actualités sur le même thème
GROSSESSE : Pourquoi le sommeil est si important pour la mère et pour l'enfant
Actualité publiée il y a 8 années 4 moisUn mauvais sommeil pendant la grossesse peut perturber le système immunitaire et entrainer des complications de naissance, révèle cette étude de l’Université...HORLOGE BIOLOGIQUE: Ils cartographient son mécanisme
Actualité publiée il y a 9 années 2 moisAu cœur de cette petite zone du cerveau, le noyau suprachiasmatique, est niché le centre de contrôle de notre horloge génétique interne et donc des rythmes...FIBROMYALGIE: Traiter les troubles du sommeil avant l'installation de la douleur neuropathique
Actualité publiée il y a 9 années 1 moisBON SOMMEIL, BONNE HUMEUR, et si c'était le secret d’une bonne mémoire ?
Actualité publiée il y a 6 années 1 semaine