TCA : La thérapie d'exposition fonctionne aussi
En cas de trouble du comportement alimentaire (TCA), l’exposition aux aliments redoutés peut significativement aider les enfants qui en sont atteints, conclut cette équipe de pédiatres, de nutritionnistes et de psychologues de la Penn State, qui sensibilise ainsi, dans l’International Journal of Eating Disorders, les collègues à l’importance à accorder à l'accoutumance et à l'habituation dans la prise en charge de ces troubles du comportement chez l’Enfant.
Les TCA constituent un problème de santé croissant : aux seuls Etats-Unis et selon la National Eating Disorders Association, environ 30 millions d’Américains seront aux prises avec un TCA, dont l'anorexie mentale, la boulimie, l'hyperphagie boulimique au cours de leur vie. Les TCA sont causés par une combinaison de prédispositions biologiques et de facteurs environnementaux : être d’un nature anxieux ou perfectionniste et se faire taquiner sur sa taille ou son poids sont des facteurs courants du risque de développer un TCA. Sont particulièrement vulnérables, les membres des communautés LGBTQ+ et les adolescents plus généralement. Et la pandémie COVID n’a pas « arrangé les choses ». En pratique et à l’hôpital, l’équipe de recherche a pu constater une augmentation significative des consultations de patients hospitalisés et ambulatoires associées aux TCA, y compris aux Urgences, et particulièrement pendant la pandémie.
Que vous ayez peur des chiens, des aiguilles ou des espaces clos, l'une des interventions les plus efficaces pour ce type de trouble anxieux est la thérapie d'exposition qui consiste à affronter sa peur dans un environnement sûr. Cette nouvelle étude révèle que la thérapie par exposition est également prometteuse pour les adolescents souffrant de TCA : ainsi, l'exposition à des aliments redoutés, tels que des friandises et des pizzas, permet ici à des enfants participant à un programme d'hospitalisation partielle pour TCA, d’éprouver moins d’anxiété envers la nourriture, et en particulier vis-à-vis des aliments plus redoutés.
« Nous vivons dans une société très fortement influencée par la culture de l'alimentation, ce qui peut favoriser le développement de relations dysfonctionnelles avec notre corps » explique l’un des auteurs principaux, le Dr Jamal Essayli, professeur de pédiatrie, de psychiatrie et de santé comportementale.
« J'ai fait mon coming out en tant qu'homosexuel au lycée,
et au moment où je suis arrivé à l'université, j'ai remarqué une importance accrue accordée à l'image corporelle chez les hommes homosexuels. C'est en partie ce qui a inspiré mon intérêt pour mes recherches menées avec des patients souffrant de troubles de l'alimentation ».
L’étude est menée auprès de 54 adolescents âgés en moyenne de 14 ans suivant un programme d'hospitalisation pour TCA. Le programme se déroulait sur 5 jours par semaine, durant 8 semaines et lors de chaque session, l'équipe clinique exposait les patients à un aliment redouté. La plupart des participants redoutaient en effet certains types d’aliments, et
« c’était important pour eux de prendre conscience qu'il n'y a rien d'horrible à consommer de la pizza et de la glace de temps en temps et que cela fait partie d'une vie épanouie ».
Les participants déclaraient une évaluation de leurs niveaux de détresse à l’aide d’une échelle reconnue en 10 points (SUDS) immédiatement avant et après chaque exposition alimentaire. Ils étaient également encouragés à discuter de leurs sentiments sur cette thérapie d’exposition.
L’expérience révèle que :
- les niveaux de détresse tels qu’évalués par l’échelle SUDS diminuent considérablement au fil du temps, ce qui suggère que l'accoutumance s’est développée au fil des séances ;
- cependant, la différence entre les niveaux de détresse pré-exposition et post-exposition ne diminue pas au fil du temps, ce qui indique qu'il n'y a pas eu d'accoutumance au cours de la session-même ;
- ainsi, l'accoutumance entre les séances, mais pas l'accoutumance au cours de la séance, prédit des résultats de traitement favorables ;
- ces résultats favorables se traduisent concrètement par la prise de poids et des améliorations à des tests standards d’évaluation du comportement alimentaire.
Ainsi, l’étude soutient l'intégration de l'exposition alimentaire dans les programmes de prise en charge des troubles de l'alimentation et si les auteurs suggèrent des recherches complémentaires, ils appellent d’ores et déjà leurs collègues cliniciens à accorder une place à l'accoutumance et à l'habituation dans le traitement de ces patients.
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