TUBERCULOSE : Et quand les antibiotiques classiques ne sont plus efficaces ?
Traiter la tuberculose lorsque les antibiotiques ne fonctionnent plus ? Cette équipe de recherche de l'Université de Cologne apporte unenouvelle réponse à l’émergence des résistances de Mycobacterium tuberculosis. L’étude, publiée dans la revue Cell Chemical Biology, identifie de nouvelles molécules antibiotiques qui ciblent Mycobacterium tuberculosis et rendent le bacille moins pathogène pour l'Homme. En outre, certaines des substances découvertes pourraient permettre de renouveler le traitement de la tuberculose avec les médicaments disponibles, notamment lutter contre les souches de la bactérie qui ont déjà développé une résistance aux médicaments.
La recherche, menée par le Dr Jan Rybniker, spécialiste des maladies infectieuses, et son équipe de l’Hôpital de Cologne, apportent une première réponse à la prévalence et la mortalité élevées de la maladie qui cause près de 2 fois plus de décès que le VIH/SIDA. Plus de 10 millions de personnes contractent la tuberculose chaque année et la maladie devient de plus en plus résistante aux antibiotiques.
La tuberculose (TB) affecte principalement les poumons, mais peut également endommager d’autres organes. Si elle est diagnostiquée tôt et traitée avec des antibiotiques efficaces, elle est guérissable.
La tuberculose multirésistante apparaît notamment en Europe de l’Est et en Asie. Mycobacterium tuberculosis ne possède qu’un nombre limité de cibles pour les antibiotiques conventionnels. Ce qui rend d’autant plus difficile la découverte de nouveaux antibiotiques efficaces contre la maladie.
L’étude, menée en collaboration avec des collègues de l'Institut Pasteur de Lille et du Centre allemand de recherche sur les infections (DZIF), identifié de nouvelles molécules antibiotiques qui ciblent Mycobacterium tuberculosis et rendent la bactérie moins pathogène pour l'homme. L’équipe propose ainsi une stratégie de traitement alternative.
L'équipe a testé la capacité de 10.000 molécules à endiguer la multiplication des bactéries dans les cellules immunitaires humaines et a pu ainsi sélectionner un petit nombre d’entre elles, dont elle a analysé les capacités.
Des bloqueurs de virulence qui utilisent de nouvelles cibles
Ces molécules sélectionnées ont la particularité de viser des cibles distinctes de celles ciblées par les antibiotiques classiques. Ces molécules entraînent également à une pression sélective nettement moindre sur la bactérie, et donc suscitent moins de résistance. De plus, certaines de ces molécules présentent une double activité :
- elles attaquent non seulement les facteurs de virulence de la bactérie,
- mais renforcent aussi l’activité des monooxygénases, des enzymes nécessaires à l’activation et donc à l’efficacité de l’antibiotique classique éthionamide : l'éthionamide est un médicament utilisé depuis de nombreuses décennies pour traiter la tuberculose. Il s’agit d’un promédicament, une substance qui doit être activée enzymatiquement dans la bactérie pour la tuer. Par conséquent, les molécules découvertes agissent comme des boosters de promédicaments, permettent une approche alternative au développement d’antibiotiques conventionnels. Avec ces travaux, les chercheurs décryptent d’ailleurs le mécanisme moléculaire précis de cet effet booster. Ainsi,
en combinaison avec ces nouvelles substances, les médicaments déjà utilisés contre la TB pourraient gagner en efficacité.
La perspective de développement de nouvelles molécules contre la tuberculose : alors que les scientifiques se disent en capacité de moduler le spectre d’activité de ces nouvelles molécules et même s’il reste un long chemin à parcourir avant l'application clinique de ces doubles mécanismes chez l'Homme, ces travaux marquent un pas prometteur et attendu dans la lutte contre la TB.
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