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Un nouveau SOMNIFÈRE qui laisse alerte

Actualité publiée il y a 4 années 4 mois 4 jours
PNAS
L’insomnie est le plus souvent traitée au moyen d’hypnotiques.

Les somnifères classiques (benzodiazépines) inhibent la réponse ou la perception d’une alerte par le cerveau endormi. Car même durant le sommeil, le cerveau traite les informations sensorielles et nous réveille s'il détecte une menace. Ainsi une étude suggérait que ces somnifères classiques pouvaient, dans certains cas, inhiber une réponse nécessaire au danger. Ce nouveau traitement ciblé contre l'insomnie, présenté par une équipe de l'Université de Tsukuba (Japon), dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS), promet moins d'effets secondaires. Et pour une bonne raison : contrairement aux hypnotiques couramment prescrits, il n'affecte pas le cerveau en entier.

 

Avec une prévalence signalée de 10 à 60%, l'insomnie est considérée comme un problème de santé publique grave. L’insomnie est le plus souvent traitée au moyen d’hypnotiques. Cependant, les hypnotiques ont des effets secondaires moteurs et cognitifs. Cette équipe japonaise documente un nouveau somnifère, le suvorexant, récemment approuvé et plus ciblé, avec beaucoup moins d'effets secondaires physiques et psychiques. Ces nouvelles données doivent être confirmées par d’autres études à grande échelle mais pourraient modifier le traitement de première intention de l’insomnie.

Les antagonistes des récepteurs de l’orexine (DORA) ciblent plus sélectivement les voies de sommeil / veille du cerveau

Ce médicament agit spécifiquement sur les récepteurs cérébraux impliqués dans l'état de veille

Les agents hypnotiques les plus courants pour le traitement de l'insomnie sont les agonistes de l'acide γ-aminobutyrique (GABA), qui se lient aux récepteurs GABAA pour renforcer l'action du neurotransmetteur inhibiteur, le GABA. Les récepteurs GABAA sont très répandus, ce qui signifie que les agonistes du GABA inhibent les neurones du cerveau et de la moelle épinière, y compris ceux qui ne sont pas impliqués dans le sommeil. Leur action est donc large dans l’ensemble du cerveau, ce qui nous rend somnolents, mais supprime également d’autres fonctions/zones cérébrales non ciblées, dont celle qui traite les entrées sensorielles. « Les effets secondaires des agonistes du GABA sont une source de préoccupation car ils peuvent entraver la capacité normale de répondre à des stimuli inattendus pendant le sommeil dans des situations d’urgence », explique l’auteur principal Jaehoon Seol.

 

A contrario, les antagonistes des récepteurs de l’orexine (DORA) qui ciblent plus sélectivement les voies de sommeil / veille du cerveau, présentent des avantages en termes de sécurité par rapport aux benzodiazépines, avec un effet moindre de « gueule de bois » et un maintien de la vigilance face aux menaces. Ainsi, le suvorexant inhibe les récepteurs de l'orexine du système favorisant l'éveil, inhibant ainsi l'éveil. C’est donc un traitement plus ciblé que les agonistes du GABA.

 

Pour évaluer ce moindre risque d’effets secondaires, les chercheurs ont mené un essai contrôlé randomisé auprès de 30 participants en bonne santé en laboratoire du sommeil. Les participants ont pris soit du suvorexant, soit du brotizolam (un agoniste du GABA), soit un placebo avant de s'endormir, puis ont été réveillés 90 minutes plus tard. Leur fonctionnement cognitif et physique a ensuite été testé. L’expérience montre que :

  • au réveil, le suvorexant induit moins de problèmes d'équilibre corporel que le brotizolam. Le cervelet, la zone du cerveau qui coordonne l'équilibre semble donc mieux préservée. D’ailleurs, précisent les chercheurs, le cervelet contient des récepteurs GABAA mais pas de récepteurs de l’orexine.

 

Cette toute première étude à étudier les effets secondaires potentiels du suvorexant et à les comparer à ceux du brotizolam, montre également des efficacités similaires pour les 2 médicaments.  

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