Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

VACCINATION COVID-19 : N’est-il pas temps d’adopter une approche plus nuancée ?

Actualité publiée il y a 2 années 11 mois 3 semaines
CMAJ
Il est temps d’opter pour une approche plus nuancée et ciblée qui prenne également en compte des critères comme le taux de circulation dans la communauté et le degré d’exposition au travail (Visuel Adobe Stock 411803402)

Cette équipe canadienne de l'Université de l'Alberta se pose à son tour sérieusement la question d’opérer un tournant dans la stratégie de vaccination. Maintenant qu’une grande partie des personnes plus âgées et des plus vulnérables ont été vaccinées, il est temps d’opter pour une approche plus nuancée et ciblée qui prenne également en compte des critères comme le taux de circulation dans la communauté et le degré d’exposition au travail. Ces recommandations, présentées dans le Canadian Medical association Journal (CMAJ) qui rejoignent les données d’une précédente étude de modélisation publiées dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, comprennent également le report si nécessaire de la 2è dose.

 

L‘analyse de l’équipe canadienne suggère que les personnes vivant dans les quartiers et travaillant à des postes plus exposés au risque d'infection COVID-19 devraient, à ce stade de « 3è vague » être prioritaires pour la vaccination. L’étude est basée sur la situation et les données canadiennes, cependant, elle pose la question universelle de l’adaptation nécessaire de la stratégie de vaccination, une fois la majorité des personnes âgées et vulnérables vaccinées, avec la diffusion des variantes plus contagieuses et face à un système de santé submergé mais dans certaines régions tout particulièrement.

« Il est temps de s’écarter du débat de l'âge et des facteurs de risque médicaux »,

écrit, dans son communiqué, l’auteur principal, Finlay McAlister, professeur à la faculté de médecine et de dentisterie de l'Université de l'Alberta : « La troisième vague nous montre que les plus vulnérables sont les personnes vivant dans les quartiers les plus pauvres et travaillant dans des contextes d’exposition élevée (professionnels de santé, enseignants, vendeurs, ouvriers). Des groupes qui jusque-là n’ont jamais été considérés comme prioritaires pour la vaccination ».

Ces conclusions sont notamment basées sur l’analyse des données de 61.000 patients canadiens participant à la Canadian Community Health Survey. Les chercheurs ont identifié le nombre de personnes atteintes d'affections reconnues comme des facteurs de risque de maladie grave à COVID-19, notamment l'hypertension artérielle, le diabète et le tabagisme. L’analyse montre que :

  • 75% des participants présentent au moins un facteur de risque et un tiers en ont 2 ou plus ;

« Lorsque 75% des personnes sont éligibles, ce n'est pas vraiment une priorité ».

 

« Vacciner ciblé » et attendre 3 mois pour la seconde injection : au Canada, le Comité consultatif national sur la vaccination recommande aujourd’hui, face à la pénurie de vaccins, d'administrer les premières doses au plus grand nombre de Canadiens possible, en priorisant les personnes les plus exposées, même si cela signifie attendre jusqu'à trois mois pour administrer les deuxièmes doses. Les données montrent que la première dose confère au bout de quelques semaines une efficacité d'environ 80%, l’approche qui consiste à retarder la deuxième dose semble une bonne approche.

 

Prioriser les secondes doses : les chercheurs notent que certains groupes devraient recevoir une attention particulière pour obtenir leur deuxième dose plus rapidement, en particulier les patients cancéreux et greffés qui ne développent pas le même niveau d'immunité à l’issue de la première dose.

L’atteinte de l'immunité collective le plus rapidement possible, estimée à 70%, pourrait permettre de réduire le risque de développement de nouvelles variantes. Enfin, les mesures de distanciation telles que le port de masques, la distanciation sociale et le lavage des mains devraient être poursuivies.

 

Il reste une question de fond, concluent les auteurs, « quelle est la durée de cette protection via la première dose, nous ne le saurons que rétrospectivement ».