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VITAMINE D : Et si trop c’était mauvais pour les os ?

Actualité publiée il y a 4 années 6 mois 2 semaines
JAMA
La prise de fortes doses de vitamine D peut, au contraire de l’effet recherché, entraîner une diminution de la densité osseuse…

Notre corps a besoin de vitamine D pour absorber le calcium et maintenir la solidité et la santé des os. De nombreuses personnes se voient prescrire des suppléments de vitamine D et certains patients peuvent prendre jusqu'à 20 fois la dose quotidienne recommandée pour prévenir ou traiter diverses affections médicales pouvant être liées à une carence en vitamine D. Cette équipe de l’Université de Calgary a voulu préciser la bonne dose. L’étude, présentée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), révèle que la prise de fortes doses de vitamine D peut, au contraire de l’effet recherché, entraîner une diminution de la densité osseuse…

 

Lorsque notre peau est exposée au soleil, elle produit la vitamine D, dont notre corps a besoin pour absorber le calcium indispensable à la santé des os. En cas d'exposition au soleil, il suffit d'environ 10 à 15 minutes durant l'été pour générer toute la vitamine D dont votre corps a besoin pour la journée. Cependant, dans de nombreuses régions du monde, l'exposition au soleil est réduite durant l'hiver, les populations sont plus à risque de carence et se tournent vers une supplémentation.

Dans le doute, faut-il prendre une dose plus élevée ?

Quelles sont les recommandations : il est recommandé à un adulte en bonne santé de consommer au total 600 unités internationales (UI) jusqu'à 70 ans et 800 UI après 70 ans. En cas d'ostéoporose et de risque de perte osseuse, la consommation recommandée peut atteindre 2.000 UI de vitamine D. Cependant, certains patients vont prendre jusqu'à 20 fois la dose quotidienne recommandée pour prévenir une carence en vitamine D. « Si la vitamine D est impliquée dans la régulation de nombreux systèmes de l'organisme, c'est le squelette qui est le plus clairement affecté par une carence en vitamine D » déclare l’auteur principal, le Dr David Hanley, endocrinologue. Et plus la densité osseuse est faible, plus le risque de fracture est élevé. Il reste néanmoins difficile d'établir clairement la dose optimale de vitamine D.

 

L’étude menée par des chercheurs de l'Institut McCaig pour la santé des os et des articulations répond clairement à la question :

Prendre de fortes doses de vitamine D ne présente aucun avantage.

Cet essai clinique randomisé à double insu est mené auprès de participants âgés de 55 à 70 ans pour vérifier l'hypothèse selon laquelle l'augmentation de la dose de vitamine D pourrait permettre une augmentation de la densité osseuse. Un tiers des participants à l'étude ont reçu 400 UI de vitamine D par jour, un tiers 4.000 UI par jour et un tiers 10.000 UI par jour. La densité et la résistance des os des participants ont été mesurées par tomodensitométrie à haute résolution et par absorptiométrie à double rayons X, au niveau des os du poignet et de la cheville. Ces mesures ont été effectuées au début de l'étude et à 6, 12, 24 et 36 mois. Pour évaluer les niveaux de vitamine D et de calcium, les chercheurs ont également prélevé des échantillons de sang à jeun au début de l’étude et à 3, 6, 12, 18, 24, 30 et 36 mois, ainsi que des échantillons d’urine chaque année. L’analyse constate :

  • une diminution modeste de la densité minérale osseuse (DMO) sur la durée de l'étude,
  • aucune différence de DMO entre les 3 groupes selon l’analyse par absorptiométrie à double rayons X ;
  • mais des différences significatives de perte osseuse entre les trois niveaux de dose, telle que mesurée, plus finement, par tomodensitométrie à haute résolution : la DMO diminue au cours de la période de 3 ans de 1,4% dans le groupe 400 UI, de 2,6% dans le groupe 4.000 UI et de 3,6% dans le groupe 10.000 UI.

 

 

Contrairement à l’hypothèse de départ, une supplémentation très élevée, c’est moins de DMO ! En pratique, prescrire ou prendre des suppléments de vitamine D à des doses supérieures à celles recommandées ne permet pas l’augmentation de la densité ou de la résistance des os. Au lieu de gagner en DMO avec des doses plus élevées, le groupe le plus fortement supplémenté « a perdu de l'os plus rapidement », écrivent les chercheurs.  

 

Un autre effet secondaire avec de trop fortes doses : L’un des résultats secondaires de l’étude suggère un autre risque lié à la prise de fortes concentrations de vitamine D : les participants assignés à recevoir des doses plus élevées de suppléments quotidiens de vitamine D (4.000 UI et 10.000 UI) durant les 3 années de suivi, présentent un risque accru d’hypercalciurie (taux de calcium élevé dans les urines) par rapport à ceux recevant une dose quotidienne plus faible. L'hypercalciurie n'est pas rare en population générale, mais elle est associée à un risque accru de calculs rénaux et peut favoriser une insuffisance rénale. Dans cette étude, l'incidence de l’hypercalciurie varie considérablement entre les groupes d'étude à 400 UI (17%), 4000 UI (22%) et 10 000 UI (31%).

 

En conclusion, de trop fortes doses de vitamine D ne sont pas bénéfiques ni pour le squelette, ni pour les reins.

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