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COCAÏNE : Elle induit l'impatience sexuelle et les comportements à risques

Actualité publiée il y a 7 années 1 mois 3 semaines
Psychopharmacology

Si l’usage de cocaïne a déjà été associé aux comportements impulsifs, cette étude du Johns Hopkins va plus loin et affirme que la cocaïne rend ses usagers plus susceptibles de rapports sexuels à risque, non protégés avec à la clé, un risque accru d’infection à VIH. Des données présentées dans la revue Psychopharmacology qui engagent à renforcer la prévention, jusqu’à fournir des préservatifs aux consommateurs de cocaïne.

Pour cette étude financée par les National Institutes of Health (NIH), les chercheurs de la Johns Hopkins ont recruté un petit nombre d'usagers réguliers de la cocaïne par publicité et bouche à oreille. On sait que la cocaïne est un stimulant qui crée des sentiments d'euphorie, de grande énergie et d'hypersensibilité, cette analyse des conclusions identifie un nouveau trait caractéristique : l'impatience. Une « impatience sexuelle » qui contribue à expliquer l'absence fréquente de protection par préservatif et donc l'incidence -déjà documentée- plus élevée, dans ce groupe de population, des infections à VIH ou d'autres infections sexuellement transmissibles (IST). Les auteurs parlent ainsi « d'impatience sexuelle » : « Notre étude contribue à expliquer pourquoi les usagers réguliers de cocaïne sont plus enclins aux rapports sexuels à risque et souligne pourquoi les responsables en santé publique et les médecins devraient s'assurer qu'ils soient bien « équipés » en préservatifs en prévention des IST », explique le Dr Matthew Johnson, professeur agrégé de psychiatrie et de sciences du comportement à l'école de médecine de l'Université Johns Hopkins.


C'est une petite étude qui a porté sur 12 participants dont 8 hommes, âgés en moyenne de 27 ans et à niveau d'études secondaire. Pendant 24 heures précédant chaque session, les participants devaient s'abstenir de consommer de la cocaïne ou d'autres substances dont l'alcool. A l'arrivée, pour chaque session de l'étude et 3 au total, les participants ont reçu une pilule soit sans cocaïne, soit comportant 125 milligrammes par 70 kilogrammes de poids corporel de cocaïne, soit 250 milligrammes par 70 kilogrammes de poids corporel de cocaïne. Les participants sont ensuite restés sous surveillance durant environ 4,5 heures jusqu'à ce que leur pression artérielle chuté en deçà de 150 millimètres de mercure, le signe que le pic d'effet de la cocaïne était passé. Toutes les 10 minutes pendant la session, les participants ont évalué l'effet de la pilule sur une échelle de 4 points, (0 : aucun effet, 4 effet maxi) et leur désir sexuel sur une échelle de 100 points (0 : aucun désir sexuel, 100 désir intense).

Cocaïne et désir sexuel, une association positive dose-dépendante : L'analyse montre que :

-le désir sexuel et l'effet de la pilule (ou de la cocaïne) sont dose-dépendants. Ainsi la dose la plus forte de cocaïne entraine le désir sexuel le plus intense.

-Ces deux effets culminent environ 45 minutes après la prise de cocaïne.

Sous cocaïne, on attend moins longtemps d'avoir un préservatif : dans une seconde étape, les participants ont été invités à regarder les photos de 60 personnes, 30 hommes et 30 femmes et à choisir ceux avec lesquels ils seraient prêts à avoir des rapports sexuels occasionnels. Ensuite, ils devaient choisir la personne la moins susceptible d'avoir une IST, à leur avis, puis lire une brève description d'une rencontre sexuelle hypothétique avec cette personne. Enfin, les chercheurs leur ont demandé d'évaluer leur probabilité d'utiliser un préservatif si celui-ci était immédiatement disponible et leur volonté d'attendre d'avoir un préservatif avant d'avoir des rapports sexuels (Attente de 2 minutes, 5mn, 15mn, 30mn, 1heure, 3 H, 6H).

-Sous cocaïne ou pas, si le préservatif est disponible, la probabilité de son utilisation est similaire, autour 80 à 87%,

-Sous cocaïne ou pas, si le préservatif n'est pas disponible, le risque de rapport sexuel non protégé augmente directement avec le délai d'attente.

-Sous cocaïne, cette probabilité accrue de rapports sexuels non protégés en raison de l'attente du préservatif est augmentée. Par exemple, les participants qui avaient reçu la dose la plus forte de cocaïne étaient en moyenne 40% susceptibles d'attendre une heure le préservatif vs 60% lorsqu'ils avaient reçu la pilule placebo.

Sous cocaïne, on est moins sensible au risque d'IST : Enfin, les participants ont été invités à évaluer leur probabilité d'utiliser un préservatif selon différents niveaux de risque d'IST (100%, 1/3, 1%...). Là encore la dose de cocaïne consommée est directement inversement associée au niveau de prise de risque d'IST, sans préservatif. Ex : Avec un risque d'IST de 2/1.000 et avec une forte dose de cocaïne, 40% des participants vont utiliser un préservatif vs 70% sans cocaïne.

La cocaïne semble donc augmenter le désir et l'impatience sexuelle, avec pour conséquence, en cas d'indisponibilité de préservatifs, plus de rapports non protégés et plus de risque d'IST.

Les auteurs rappellent en conclusion que comme la cocaïne, la consommation d'alcool crée aussi cette impatience sexuelle, mais contrairement à la cocaïne, n'augmente pas l'excitation sexuelle.

December 2016 DOI: 10.1007/s00213-016-4493-5 Cocaine administration dose-dependently increases sexual desire and decreases condom use likelihood: The role of delay and probability discounting in connecting cocaine with HIV

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