ATTRACTION et ACCOUPLEMENT : Pourquoi les phéromones ne mentent pas
Cette recherche sur les mouches à fruits certes, confirme le rôle implacable des phéromones des femelles : elles signifient aux mâles leur niveau de production d'œufs donc leur niveau de fécondité. Ces travaux d’une équipe de l’Université du Michigan, présentées dans la revue PLoS Genetics qui décryptent une partie du processus d’accouplement, de la signalisation de l’insuline, à la libération des phéromones et jusqu’à la reproduction, reposent la question de l’évolution de « l’attraction » et de la théorie « de l’énergie » qui opposerait fécondité et longévité.
Les individus choisissent leurs partenaires dans l’objectif d’optimiser les chances de réussite en matière de reproduction, et une composante importante de ce choix est l'évaluation des traits reflétant la qualité du partenaire. De précédentes études ont déjà suggéré que la signalisation de l'insuline, une voie de détection des éléments nutritifs caractéristique de l'investissement dans la survie par rapport à la reproduction, affecte l'attrait sexuel féminin chez la mouche à fruits, Drosophila melanogaster. L’étude montre combien les phéromones, des substances chimiques libérées par le corps, qui agissent comme des messagers entre individus d'une même espèce, ici de mouches à fruits femelles, révèlent combien la femelle a investi son énergie dans sa fécondité soit la production d'œufs, ce qui traduit son attrait en tant que partenaire pour l’accouplement. L’objectif est de mieux comprendre le processus d’accouplement qui « tourne » autour des phéromones.
Le rôle clé de la signalisation de l’insuline : en pratique, plus la mouche investit de l'énergie dans les œufs, plus les phéromones de son corps sont attrayantes, et plus ses chances d’accouplement et de reproduction sont élevées. L'équipe montre que les phéromones, l'attractivité et les chances d'accouplement des femelles différent considérablement en fonction de la signalisation de l'insuline de leur corps, ce qui indique comment leur corps utilise des aliments pour produire les œufs ou -au contraire- stocker de l’énergie. La mouche mâle est ainsi capable, lors de la détection de phéromones de la femelle, de détecter le signal que ses ovaires produisent beaucoup d'œufs à féconder. Cela rend plus attrayante en tant que partenaire d’accouplement possible. Ces travaux démontrent que ces effets sur l'attractivité proviennent en effet de la signalisation de l'insuline dans les cellules du foie et du follicule ovarien, et que ces signaux sont intégrés par des cellules productrices de phéromones appelées œdocytes. Et lorsque les chercheurs manipulent la signalisation de l'insuline dans les tissus concernés, ils modifient aussi l'attractivité. L’étude confirme ainsi la voie de l'insuline comme un lien fiable entre la fécondité et l'attractivité.
De la mouche à l’Homme : Les chercheurs travaillent ici sur les mouches à fruits parce qu'il est facile de modifier leurs voies de signalisation et d’évaluer ensuite les conséquences, ici sur l’accouplement. Cependant, la signalisation de l'insuline est similaire chez la plupart des espèces animales, dont les humains, et ces résultats pourraient bien avoir des implications pour la compréhension de notre accouplement : « Même des animaux simples ont développé la capacité de détecter des activités moléculaires qui déterminent la reproduction et le vieillissement dans de nombreuses espèces. Ces indices ont peut-être évolué pour influencer l'attractivité car ils prédisent avec précision la forme physique du partenaire ».
Accouplement et longévité : les biologistes de l'évolution se sont demandé pourquoi les individus et les espèces qui se reproduisent beaucoup vivent moins longtemps. L’explication, basée sur l’énergie n’est pas forcément exacte ou la seule, selon les chercheurs qui évoquent que le vieillissement pourrait en fait résulter aussi d’un besoin d’accouplements non satisfait. L'idée que donner de l'énergie à la mise au monde d’une progéniture plutôt qu’à une longue durée de vie n’a jamais été démontrée chez l’Hmme et nécessite d’autres recherches : « chez la mouche à fruits, les circuits neuronaux qui conduisent le vieillissement sont différents de ceux qui conduisent la reproduction, et ces circuits sont présents au même niveau dans notre cerveau. Il s’agit donc, pour les auteurs,
d’examiner de plus près ces circuits de reproduction et de longévité pour comprendre ce qu'ils influencent et comment ils s’influencent…
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