ACOUPHÈNES : Les promesses de la stimulation cérébrale profonde
Le neurofeedback se montrait prometteur dans le traitement des acouphènes selon une recherche récente. Cette équipe de l'Université de Californie à San Francisco passe "au stade supérieur" et apporte les preuves préliminaires de l'innocuité et de l'efficacité de la stimulation cérébrale profonde dans le traitement des acouphènes sévères et réfractaires. La procédure est présentée comme « sûre » et les résultats, publiés dans le Journal of Neurosurgery comme « encourageants ».
L'acouphène est la perception d’un son dans l'oreille sans stimulus externe. Ce son peut prendre différentes formes, notamment « sonner, bourdonner, siffler, cliquer, pulser voire « crier » ». Les acouphènes peuvent aller et venir, ou peuvent être continus. La condition est généralement associée à une perte auditive avec l'âge, à des lésions de l'oreille causées par une exposition à des niveaux sonores par ricochet plus élevés, et à une réaction indésirable aux médicaments. La survenue des acouphènes peut également être affectée par le stress physique ou émotionnel, les changements d'humeur et les troubles du sommeil.
L’option stimulation cérébrale nécessite un ajustement très personnalisé pour chaque patient
Environ 15% des personnes souffrent d'acouphènes, sous une forme plus ou moins sévère. Pour la plupart d’entre elles, les symptômes ne sont pas gênants et ne nécessitent aucun traitement. Pour les autres, les acouphènes peuvent être intrusifs et réfractaires aux thérapies médicamenteuses, acoustiques et comportementales. Les acouphènes dégradent alors les niveaux de bien-être et de qualité de vie. Parfois même, ils empêchent l’accomplissement des tâches quotidiennes. Dans ces cas sévères, la stimulation cérébrale profonde pourrait être une bonne alternative.
La chirurgie de stimulation cérébrale profonde est déjà utilisée pour traiter différents troubles du mouvement et psychologiques sévères. Au cours de la chirurgie, des électrodes fixées aux extrémités de sondes sont implantées profondément dans le cerveau, dans des zones où des impulsions électriques anormales sont perturbées. Les électrodes sont reliées par des fils isolés à un générateur d'impulsions implantable, un dispositif microélectronique à piles placé ailleurs dans le corps, juste sous la peau. Le générateur délivre une stimulation électrique aux sites du cerveau où les sondes ont été implantées. Cette stimulation contribue à soulager les différents symptômes.
Les objectifs du traitement des acouphènes par stimulation cérébrale profonde : de précédentes études ont montré, qu’administrée dans le noyau caudé, la stimulation cérébrale profonde permet des modifications temporaires de l'intensité des acouphènes chez les patients souffrant d’acouphènes en tant que comorbidité. Cette nouvelle étude vise 3 objectifs :
- mettre au point un traitement par stimulation cérébrale profonde capable de réduire la gravité des acouphènes chez ces patients réfractaires aux autres traitements ;
- fournir une réduction à long terme de la sévérité des acouphènes ;
- permettre une évaluation critique des effets de la stimulation cérébrale profonde sur les acouphènes chez les patients ne présentant pas de comorbidité confondante, telle qu'un trouble du mouvement.
Un petit essai pilote plutôt prometteur : cet essai clinique de phase I prospectif, ouvert, est mené auprès de 5 patients (3 hommes et 2 femmes), âgés en moyenne de 51 ans et souffrant d'acouphènes sévères et réfractaires aux traitements acoustiques ou comportementaux. 4 des patients ont signalé des acouphènes dans les 2 oreilles et 1 dans une seule oreille. Les acouphènes avaient un tel impact négatif sur leur vie que ces participants étaient bénévoles pour subir une procédure invasive encore non validée, dans l'espoir d’en retirer un soulagement significatif de leurs symptômes. Chaque patient a subi une neurochirurgie pour implanter des électrodes dans le noyau caudé de chaque côté du cerveau. Les patients étaient éveillés pendant la chirurgie et ont dialogué avec l'équipe chirurgicale, ce qui a aidé l'équipe à fixer la position finale des dérivations. Aucun événement indésirable grave lié à la chirurgie n'a été observé chez ces patients. Après une période de cicatrisation postopératoire de 5 semaines, les patients ont commencé une période d'optimisation de la stimulation au cours de laquelle les réglages du générateur d'impulsions interne ont été ajustés périodiquement à la clinique et à domicile par le patient. L'objectif était de trouver un paramètre de stimulation optimal pour réduire la sévérité des acouphènes pour chaque patient. Cette période de réglage a duré de 5 à 13 mois en fonction du patient. Une fois ce paramètre de stimulation déterminé, les patients sont entrés dans une période de stimulation constante sur une durée de 24 semaines. Des ajustements mineurs ont été effectués, durant cette période, chez un seul des participants.
Des résultats préliminaires positifs : l’expérience montre que,
- dans l'ensemble, la stimulation cérébrale profonde est efficace à réduire les acouphènes, cependant cette amélioration est ressentie différemment par chaque patient ;
- des tests confirment une amélioration clinique significative chez 3 des patients ;
- une comparaison des scores sur une échelle des acouphènes avant le traitement et pendant la stimulation montre une amélioration clinique significative chez 4 patients. Un patient cependant n'a éprouvé aucun soulagement ;
- aucun effet indésirable grave lié à la chirurgie ou à la stimulation n'a été observé. Les effets indésirables légers comprenaient une douleur postopératoire aux sites d’incision, et des maux de tête résolus rapidement, une aggravation des symptômes des acouphènes durant la période de stimulation et, chez un patient, des hallucinations visuelles brèves pendant la période d’ajustement des paramètres de stimulation.
Bientôt un essai de phase II : Des résultats plutôt prometteurs donc qui encouragent le lancement d’un essai de phase II. L’idée étant pour cette seconde phase de préciser encore la position cible des électrodes dans le but de raccourcir la période d'optimisation de la stimulation et de rendre l'effet du traitement plus uniforme.
« Les résultats de cet essai de phase I sont très encourageants et nous espérons parvenir à une approche de ciblage mieux personnalisée pour implanter des électrodes lors de l’essai de phase II afin d'améliorer encore l'efficacité de la thérapie », conclut le Dr Cheung, auteur principal de l’étude.
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