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ADDICTION : Pourquoi les accros au jeu prennent toujours plus de risques ?

Actualité publiée il y a 7 années 5 mois 3 semaines
Translational Psychiatry

Les troubles liés au jeu affectent aujourd’hui jusqu’à 3% de la population. En France, si une personne sur 2 joue au moins une fois par an, 1,3 % des joueurs sont qualifiés de « problématiques »*. Cette équipe de l’Université de Kyoto jette une nouvelle lumière sur ce qui se passe dans le cerveau des adeptes du jeu. A partir de scans d'IRMF, ces chercheurs japonais décryptent une diminution de l’activité cérébrale dans une zone spécifique du cerveau impliquée dans la flexibilité cognitive. Des travaux présentés dans la revue Translational Psychiatryqui ne précisent pas le sens de la relation entre addiction au jeu et perte de flexibilité cognitive.

L'addiction au jeu est un trouble mental caractérisé par une prise de risque excessive malgré des pertes successives. Des études par IRM fonctionnelle ont déjà montré que les toxicomanes ont une activité modifiée dans les zones du cerveau liées au risque et à la récompense, ce qui les rend plus enclins à faire des choix risqués.


Cette nouvelle recherche, toujours via IRMf, propose une nouvelle explication au processus d'addiction au jeu. Les addicts ont une mauvaise capacité à évaluer et à s'adapter à des situations à risque élevé. Ces sujets ont également des niveaux plus élevés d'humeur négative et de troubles anxieux, explique l'auteur principal, Hidehiko Takahashi de l'Université de Kyoto. Ainsi, chez les joueurs excessifs, le plaisir n'est pas l'objectif principal, et le comportement addictif résulte plutôt d'une incapacité à évaluer correctement les risques et à s'adapter en conséquence. Au contraire de sujets « sains » qui vont prendre leurs décisions en fonction de la probabilité de succès et du taux de risque, et sur la base d'un seuil de risque tolérable et vont savoir s'adapter en fonction des circonstances.

Les addicts au jeu perdent en flexibilité cognitive : les addicts souffriraient ainsi d'un défaut d'évaluation et d'un manque de capacité d'adaptation. Cette différence d'adaptabilité entre addicts et non addicts est ici démontrée avec 24 participants addicts vs témoins, qui ont effectué une série de tâches de jeu, pour remporter un certain nombre de crédits. Les addicts ont été confrontés à des choix risqués. Les chercheurs observent chez ces sujets une diminution de l'activité dans le cortex préfrontal dorsolatéral, une zone du cerveau impliquée dans la flexibilité cognitive. Selon les auteurs, ces observations suggèrent que ces joueurs n'ont pas la capacité d'adapter leur comportement au niveau de risque de la situation. Chez les joueurs, les chercheurs identifient ainsi une tendance au choix sous-optimale et risquée illustrant une défaillance de l'optimisation des risques à des moments de jeu où ils auraient dû les éviter. L'étude ne dit pas si cette défaillance est une cause d'addiction ou si la pratique excessive du jeu entraîne cette défaillance cognitive. Cependant, avec ces premiers résultats, l'équipeespère contribuer à une meilleure compréhension de la nature de la dépendance au jeu et éventuellement pouvoir développer de nouvelles stratégies de traitement, basée sur le développement de l'analyse et de la capacité d'adaptation.

Translational Psychiatry 4 April 2017 doi: 10.1038/tp.2017.55 Deficit of state-dependent risk attitude modulation in gambling disorder

*Source Enquête OFDT

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