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ALCOOL : Mais pourquoi le stress fait boire

Actualité publiée il y a 7 années 4 mois 1 semaine
Neuron

C’est sur des rats stressés, qui consomment alors plus d'alcool, que ces scientifiques de l'Université de Pennsylvanie décryptent une « chimie cérébrale » connexe qui permet de mieux comprendre pourquoi le stress entraine une augmentation de la consommation d'alcool. En cause, des changements dans le centre de récompense du cerveau. Des conclusions présentées dans la revue Neuron, avec des implications, aussi, pour la prise en charge du syndrome de stress post-traumatique (SSPT).

Le stress est un facteur de risque bien documenté d'addiction cependant on connait encore mal les processus biologiques qui sous-tendent ces interactions entre le stress et l'alcool. On sait que le développement de l'alcoolodépendance et la signalisation du stress sont deux phénomènes qui impliquent des systèmes neuraux communs, en particulier, le centre de récompense du cerveau. Enfin, il est certain que mieux comprendre la chimie du cerveau impliquée dans ce lien entre stress et augmentation de la consommation d'alcool va permettre de mieux prendre en charge les problèmes avec l'alcool mais aussi avec d'autres substances, très probablement. Le stress modifie l'équilibre des neurones dopaminergiques : le Dr John Dani, président du département des Neurosciences de l'École de médecine Perelman de la « Penn » et son équipe confirment que des rongeurs exposés au stress présentent alors une réponse affaiblie de la dopamine induite par l'alcool et vont donc avoir tendance à consommer plus d'alcool. Les chercheurs montrent que cette signalisation de la dopamine émoussée en réponse à l'éthanol est liée à des changements dans les circuits dans la région tegmentale ventrale, au cœur du système de récompense du cerveau. Le stress va modifier l'équilibre et l'activation de nombreux types de neurones, dont les neurones dopaminergiques (en vert sur visuel ci-contre) du circuit de la récompense (en rouge). Les chercheurs montrent également qu'en bloquant chimiquement les récepteurs de l'hormone du stress sur les neurones, ils empêchent cet effet du stress sur la consommation d'éthanol.


Pourquoi le stress provoque-t-il cet effet sur les circuits neuronaux ? Les auteurs suggèrent que si la réponse au stress a évolué, les substances addictives utilisent encore ces mécanismes « de protection ». Ainsi, sous l'effet du stress un ensemble spécifique de neurones normalement inhibiteurs, deviennent excitateurs, altèrent la réponse aux substances, ce qui incite à l'augmentation de la consommation. L'équipe montre que ces effets négatifs liés aux signaux excitateurs peuvent être corrigés, chez l'animal, par un produit chimique qui va restaurer les circuits altérés à la normale et calmer les neurones dopaminergiques.

C'est donc un nouvel éclairage sur la manière dont le circuit de récompense est altéré par le stress, avec des implications connexes pour les patients atteints de SSPT, qui ont, aussi, un risque accru de consommation excessive d'alcool et de drogues.

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