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ALZHEIMER: Le déséquilibre de l’oreille interne c’est le déséquilibre du patient

Actualité publiée il y a 2 années 7 mois 1 semaine
Journal of Alzheimer's Disease
Le fonctionnement du système de l'oreille interne prédit fortement le risque de chute chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer (Visuel Fotolia)

Le fonctionnement du système de l'oreille interne prédit fortement le risque de chute chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, conclut cette étude de l’Université Johns Hopkins qui confirme ainsi l’importance critique du système vestibulaire chez les personnes atteintes de démence.

Ces données, publiées dans le Journal of Alzheimer's Disease, sont les toutes premières à démontrer à quel point le système vestibulaire contribue à la perte d'équilibre chez ce sous-groupe de patients et engage à détecter ce dysfonctionnement pour prévenir les chutes chez le patient dément.

 

En effet, cette petite étude, qui a suividurant 2 ans,  50 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer révèle que la déficience du système vestibulaire est liée à une augmentation de 50% du risque de chute chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer par rapport aux patients atteints de la maladie d'Alzheimer ayant une fonction vestibulaire normale. Cette déficience déjà documentée comme un facteur majeur de déséquilibre, prend donc une importance critique chez les personnes atteintes de démence.

 

La maladie d'Alzheimer est une maladie neurologique progressive qui détruit la mémoire et d'autres fonctions mentales importantes. Les chutes fréquentes chez les patients atteints, multiplient par 2 le risque d’invalidité et de perte d’autonomie, rappelle l’’auteur principal, le Dr Yuri Agrawal, professeur d'otorhinolaryngologie à la Johns Hopkins Medicine University School of Medicine. L’étude permet de mieux comprendre les causes profondes du taux de chute élevé chez les patients et suggère déjà des interventions spécifiques pour les prévenir : « Les chutes sont un problème majeur chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, qui chutent 2 fois plus vite que les personnes âgées en bonne santé, avec une incidence record de blessures, de placement en maison de retraite et une mortalité précoce élevée ».  

Évaluer et stimuler la fonction vestibulaire chez les personnes atteintes de démence

La déficience du système vestibulaire : le système vestibulaire se compose d'un groupe de canaux et de structures osseuses situées profondément dans l'oreille interne. Son dysfonctionnement est une cause connue d'étourdissements, de vertiges et de problèmes d'équilibre, même chez les personnes plus jeunes et en bonne santé. Cependant, cette déficience cause ces problèmes avec une fréquence plus élevée chez les plus âgés, donc se concentrer sur ce système comme cible et source de risque chez les patients atteints d'Alzheimer est une démarche qui a du sens.

 

L’étude : les 48 participants, âgés en moyenne de 65 ans, à 27 % des hommes, diagnostiqués avec une forme légère ou modérée de la maladie d'Alzheimer ont été évalués au Johns Hopkins Memory and Alzheimer's Treatment Center et au Johns Hopkins Alzheimer's Disease Research Center entre mars 2018 et janvier 2020. Le lien entre la déficience vestibulaire et les chutes a été suivi sur une période de 2 ans. Les chercheurs ont utilisé des dispositifs capables de suivre les réponses aux mouvements des yeux et de la tête (eye-tracking) pour stimuler et refléter la fonction vestibulaire.

 

  • les sujets identifiés comme présentant une altération de la fonction vestibulaire s’avèrent 50 % plus susceptibles de connaître des chutes, que les participants ayant une fonction vestibulaire normale ;
  • la perte de la fonction vestibulaire entraîne un balancement accru, provoquant une instabilité et un déséquilibre qui favorisent le risque de chutes.

« Le sixième sens caché », c’est l’appellation consacrée,

car le système vestibulaire fonctionne presque à un niveau subconscient. Il est toujours "allumé" et fonctionne normalement pour nous garder orientés lorsque nous nous déplaçons dans l'espace, en détectant ce qui se passe autour de nous », expliquent les chercheurs. Le système transmet automatiquement ces informations au cerveau comme le font d'autres organes sensoriels tels que les yeux ou les oreilles. Mais contrairement aux yeux -que nous pouvons fermer ou aux oreilles -que nous pouvons boucher- il n’est pas possible de contrôler volontairement le système vestibulaire. Ainsi, son dysfonctionnement induit immanquablement des vertiges, une désorientation, une incapacité à se déplacer normalement « dans le monde ».

 

Alors que de très nombreuses recherches sur la maladie d'Alzheimer se sont naturellement concentrées sur la perte de mémoire et d'autres troubles cognitifs, cette étude met en lumière le rôle essentiel du système vestibulaire, un rôle critique même chez le patient dément. D’autant que « la déficience vestibulaire peut être traitée avec des exercices d'équilibre effectués sous la direction d’un kinésithérapeute et que ces exercices ont le potentiel d’améliorer la qualité de vie des patients ».

 

Un essai clinique est d’ailleurs en cours pour évaluer la valeur de cette stratégie "de rééducation" dans la prévention des chutes chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.


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