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ANESTHÉSIE : A l’âge avancé, elle brouille durablement la pensée

Actualité publiée il y a 6 années 1 mois 2 semaines
British Journal of Anesthesia
Chez les patients âgés, le déclin à la suite d'une exposition à l'anesthésie et à la chirurgie s’avère accéléré

Plusieurs études ont déjà suggéré un impact de l’anesthésie sur la mémoire, avec des effets différents chez les adultes et les enfants. Cette étude de la Mayo Clinic associe, chez les adultes plus âgés l’anesthésie à un déclin qui peut être durable de la mémoire et de la pensée. Des données présentées dans le British Journal of Anesthesia qui rappellent la fragilité du maintien cognitif, avec un déclin accéléré par la chirurgie et l’anesthésie.

 

Ce lien entre l'exposition à l'anesthésie et la chirurgie et le déclin cognitif chez les personnes âgées est discuté depuis de nombreuses années. Des études chez l'animal ont suggéré que l'exposition à des anesthésiques inhalés peut entrainer des changements cérébraux, eux-mêmes liés à la maladie d'Alzheimer. En revanche, les études chez l’Homme aboutissent à des résultats parfois contradictoires.

 

Cette étude menée auprès de 1.819 participants à l'étude Mayo Clinic of Aging, suivis durant plus de 20 ans, conclut néanmoins que chez ces adultes âgés de 70 ans et plus, l'exposition à l'anesthésie générale et à la chirurgie est associée à une baisse significative de la mémoire et des capacités de réflexion.  Les données d’évaluations cognitives étaient relevées à intervalles d'environ 15 mois. Alors que les adultes plus âgés connaissent souvent un déclin cognitif associé au processus de vieillissement normal,

  • le déclin à la suite d'une exposition à l'anesthésie et à la chirurgie s’avère ici accéléré ;
  • plus encore, ce déclin de la fonction cérébrale s’avère durable, faible mais significatif, en particulier chez les personnes présentant déjà une déficience cognitive légère : ces patients, s’ils envisagent une chirurgie sous anesthésie générale, devront être surveillés attentivement sur le plan cognitif, notent les chercheurs.
  • Chez les personnes âgées cognitivement « borderline », l'exposition à l'anesthésie et à la chirurgie peut révéler des troubles jusque-là sous-jacents de la mémoire et de la pensée.

 

 

Informer sur ce risque de dysfonction cognitive : « Nous devons être sûrs que les patients qui envisagent une chirurgie, et leurs familles, soient correctement informés de ce risque possible », commente le Dr Juraj Sprung, anesthésiste à la Mayo Clinic et auteur principal de l'étude. Il est important également d’analyser avec ces patients les différentes alternatives, avant d’opter pour la chirurgie.

 

L’information passe par l’évaluation cognitive préalable : il s’agit d’effectuer des évaluations cognitives préopératoires de routine chez tous les patients âgés pour préciser au mieux le risque d'exposition à l’anesthésie. Une initiative au demeurant approuvée par l'American Geriatrics Society, mais qui n’est pas largement mise en œuvre en pratique clinique.

Rappelons que cette étude révèle une association mais ne démontre pas que l'anesthésie, la chirurgie ou les conditions sous-jacentes nécessitant l’intervention chirurgicale sont en cause dans cette accélération du déclin cognitif.


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