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ANOREXIE : Une « simple » anomalie dans un circuit ?

Actualité publiée il y a 2 années 6 mois 23 heures
Nature Neuroscience
Une activité anormale dans un circuit cérébral particulier, qui provoque l’anorexie chez un modèle animal (Visuel Adobe Stock 427281694)

Cette découverte pourrait changer la prise en charge clinique de l’anorexie, un trouble du comportement alimentaire (TCA) qui touche environ 1,4 % des femmes et de 0,2 % des hommes au cours de la vie : l’équipe de neurologues du Baylor College of Medicine (Houston) et de la Louisiana State University, identifie une activité anormale dans un circuit cérébral particulier, qui provoque l’anorexie chez un modèle animal. Ces travaux, publiés dans la revue Nature Neuroscience, désignent une cible possible pour de futurs traitements.

 

Les personnes anorexiques sont excessivement préoccupées par la prise de poids et limitent sévèrement leur prise alimentaire, pratiquent l'exercice de manière excessive et accusent ainsi une perte de poids importante. « L'anorexie entraîne le taux de mortalité le plus élevé parmi toutes les maladies psychiatriques », précise l'auteur principal, le Dr Yong Xu, professeur de pédiatrie, de nutrition et de biologie moléculaire et cellulaire au Baylor. L'anorexie est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, mais cette différence de prévalence reste mal comprise. Cette équipe identifie non seulement une activité anormale dans un circuit du cerveau, associée à l’anorexie, mais montre également que la restauration génétique et pharmacologique de l'activité du circuit cérébral en question, réduit les symptômes de la condition.

 

« La condition n'a pas de traitement approuvé et la cause sous-jacente reste mal comprise », ajoute l’auteur. Dans cette étude, nous identifions sur un modèle animal d’anorexie des altérations du circuit cérébral qui semblent impliquées dans ce TCA.

 

L'étude in vivo : l’équipe travaille depuis des années sur les TCAs et avait déjà montré que le dysfonctionnement des neurones dopaminergiques et sérotoninergiques, qui régulent l'alimentation, est associé l'anorexie. Cependant, la façon dont ces 2 groupes de neurones dans le cerveau contribuent à l’anorexie restait mal comprise. Cette étude chez l’animal révèle que :

 

  • dans des conditions normales, les neurones dopaminergiques communiquent avec les neurones sérotoninergiques, et cette interaction régule l'alimentation ;
  • la force du signal transmis le long du circuit cérébral dopamine-sérotonine détermine l’importance de la prise alimentaire ;
  • lorsque les neurones dopaminergiques émettent un signal de basse fréquence, par exemple entre 2 et 10 Hertz, le résultat est l’inhibition des neurones sérotoninergiques et un comportement de suralimentation ;
  • lorsque les neurones dopaminergiques s'activent à une fréquence plus élevée entre 10 et 30 Hertz, les neurones sérotoninergiques sont activés, ce qui induit l’arrêt de l'alimentation.

 

Le circuit dopamine-sérotonine dans le développement ou la persistance de l'anorexie : chez la souris, ce circuit cérébral apparaît super activé en cas de manque d'appétit et d'exercice excessif. Enfin, le récepteur de la dopamine DRD1 est identifié comme un médiateur clé de l'hyperactivité de ce circuit. L'inactivation du gène DRD1 permet de partiellement restaurer un comportement alimentaire normal chez l’animal ;

 

Quelles implications ? Ces travaux suggèrent que cibler et inhiber le récepteur DRD1 pourrait contribuer à réduire l'hyperactivité du circuit et donc les comportements anorexiques. D’ailleurs, l’équipe montre qu'un médicament qui interfère avec l'activité du récepteur DRD1 permet -toujours chez la souris- de prévenir efficacement l'anorexie et la perte de poids.

 

Ces premiers résultats très prometteurs vont donner lieu à de futurs essais cliniques.


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