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CANCER COLORECTAL : Des pathogènes laitiers déclencheurs de tumeur ?

Actualité publiée il y a 2 années 12 mois 2 jours
PNAS
Découverte d'une nouvelle forme d'agents infectieux dans les produits laitiers et les sérums bovins, des segments d'ADN en forme d'anneau (Visuel Adobe Stock 334045085)

Cette équipe du Deutsches Krebsforschungszentrum ou German Cancer Research Center (DKFZ, Heidelberg) révèle comment de nouveaux agents pathogènes peuvent provoquer le développement du cancer colorectal.  Ces facteurs bovins présents dans les produits laitiers et la viande (BMMFs pour bovine milk and meat factors) déclenchent une inflammation chronique locale, qui peut provoquer des mutations via des molécules d'oxygène et favoriser le développement du cancer. Ces travaux publiés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) isolent ainsi plus d'une centaine de ces agents dans les produits d’origine animale.

 

Qui sont ces nouveaux agents infectieux ? Il y a quelques années, une équipe du DKFZ avait découvert cette nouvelle forme d'agents infectieux dans les produits laitiers et les sérums bovins, des segments d'ADN en forme d'anneau qui présentent une grande similitude avec les séquences de certains plasmides bactériens. Les chercheurs les ont donc nommés « Bovine Meat and Milk Factors ». Alors que le lien entre la consommation de viande bovine ou de produits laitiers et l'incidence du cancer colorectal a souvent été suggéré, l’équipe s’est alors intéressée au processus sous-jacent. Les chercheurs ont pu isoler plus d'une centaine de ces agents dans des produits laitiers et montrent que les BMMFs peuvent se multiplier dans les cellules humaines, où ils produisent un produit protéique, Rep, dont ils ont besoin pour leur réplication. Mais comment ces agents contribuent-ils au développement du cancer colorectal ?

Au départ, les BMMFs déclenchent une inflammation chronique locale,

cette inflammation peut via des molécules d'oxygène activées induire des mutations et déclencher le développement du cancer. L’équipe montre une présence détectable de ces BMMF et des marqueurs inflammatoires à proximité de tumeurs intestinales malignes, ce qui n’est pas le cas dans le tissu intestinal de participants exempts de tumeur.

 

Les BMMFs pourraient donc jouer un rôle majeur dans le développement du cancer colorectal. C’est la théorie de Harald zur Hausen et son équipe du DZFZ qui détecte ces pathogènes à niveau élevé à proximité des tumeurs, chez les patients atteints de cancer colorectal. Pour détecter ces agents pathogènes, les chercheurs ont utilisé des anticorps générés contre la protéine Rep. Cela leur a permis de détecter les BMMFs dans 15 des 16 échantillons de tissus de cancer colorectal.

 

La protéine Rep, clé de leur réplication : ce ne sont pas les cellules cancéreuses elles-mêmes qui contiennent la protéine Rep, mais les cellules situées à proximité immédiate des tumeurs. La protéine Rep est ainsi détectée dans la lamina propria, la couche de tissu conjonctif située sous la muqueuse intestinale. Rep est particulièrement présente au voisinage des cryptes intestinales. À partir de ces cellules Rep positives, les chercheurs ont pu isoler l'ADN des BMMFs, très similaire à celui des mêmes agents pathogènes précédemment isolés à partir d'échantillons de lait.

 

BMMF déclenche un processus inflammatoire chronique dans les tissus intestinaux, avec la présence de macrophages pro-inflammatoires. Et Rep est présente autour ou même dans les macrophages. Chez les patients cancéreux, 7,3% de toutes les cellules intestinales de l'environnement tumoral sont positives à Rep. Mais seulement dans 1,7% des cellules intestinales du groupe témoin. Des niveaux élevés d'espèces réactives de l'oxygène sont également détectés dans l'environnement proche des cellules Rep-positives. « Ces radicaux favorisent le développement de mutations génétiques », explique l’auteur.

 

Et plus les mutations s'accumulent, et plus la spirale de croissance cellulaire est incontrôlable. Bien évidemment, ces travaux qui appellent à des recherches complémentaires n'impliquent pas qu'ils faille supprimer les produits laitiers de l'alimentation.

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