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CANCER de la PROSTATE : Incontinence, dysfonction sexuelle… quels risques avec chaque traitement ?

Actualité publiée il y a 4 années 2 mois 3 semaines
JAMA
La décision de traitement du cancer de la prostate reste complexe car elle doit prendre en compte l'efficacité du traitement, mais également les effets secondaires possibles

Cette équipe de l'Université Vanderbilt (Nashville) qui a suivi, durant près de 10 ans, plus de 2.000 hommes ayant suivi un traitement contre le cancer de la prostate, évalue aujourd’hui les résultats associés aux différentes options de traitement. Les effets indésirables associés concernant les fonctions intestinale, urinaire et sexuelle à long terme ont été évalués après chaque type de traitement, afin de permettre des choix mieux éclairés. L’analyse, présentée dans le JAMA apporte ainsi une feuille de route précieuse pour les patients et pour leurs médecins.

 

Il s’agit de l’analyse des données de l'étude CEASAR (Comparative Effectiveness Analysis of Surgery and Radiation for Localized Prostate Cancer), coordonnée à la Vanderbilt University : l’étude multisites a suivi sur 10 ans, ces patients diagnostiqués entre 2011 et 2012, avec un cancer de la prostate localisé. L’étude apporte de toutes nouvelles données sur les effets secondaires de la radiothérapie, de la chirurgie ou de la surveillance active chez des patients de tous âges et de toutes ethnies. « Nous apportons également des informations objectives sur les effets secondaires des différentes options de traitement du cancer de la prostate », résume l'auteur principal, le Dr Daniel Barocas, professeur agrégé et chef du Service d’Urologie.

La décision de traitement reste complexe.

La décision de traitement prend en compte l'efficacité du traitement, mais également les effets secondaires possibles, dont ceux liés au surdiagnostic et au surtraitement, deux risques élevés liés à ce type de cancer. C’est pourquoi l’équipe a travaillé sur les résultats à 10 ans et auprès d’un large échantillon de patients, soit 1.386 hommes atteints d'un cancer de la prostate à risque favorable et 619 hommes atteints d'un cancer de la prostate à risque défavorable. L’objectif était d’évaluer l'impact des décisions de traitement sur les fonctions urinaire, sexuelle et intestinale sur une période de 5 ans.

 

Les participants à pronostic favorable ont choisi parmi les options thérapeutiques suivantes :

  1. surveillance active : une stratégie d'observation au cours de laquelle le traitement n'est utilisé qu’en cas d’aggravation significative de la maladie ;
  2. prostatectomie préservant les nerfs, ou ablation chirurgicale de la prostate avec tentative de protéger les nerfs qui longent la prostate- dans l’objectif de minimiser l'impact de la chirurgie sur la fonction érectile ;
  3. radiothérapie par faisceau externe (EBRT : External beam radiation therapy) : une thérapie courante à base de doses quotidiennes de rayonnement pour détruire les cellules cancéreuses.
  4. curiethérapie à bas débit de dose : un type de radiothérapie continue par l’intermédiaire de câbles auxquels le patient est relié durant toute la durée du traitement (plusieurs jours).

 

 

Les participants à pronostic défavorable ont choisi parmi les options thérapeutiques suivantes :

  1. prostatectomie : ablation chirurgicale de la prostate ;
  2. radiothérapie par faisceau externe + thérapie de privation des androgènes (ou de déprivation androgénique), une thérapie destinée à réduire les niveaux d'hormones androgènes afin d'améliorer l'efficacité du rayonnement.

Quel que soit le traitement, seul 1 homme sur 2 retrouvera à 5 ans une fonction sexuelle suffisante

 

Principaux résultats selon le traitement

Sur la fonction sexuelle :

  • les patients ayant subi une chirurgie connaissent une baisse immédiate et nette de la fonction érectile par rapport aux autres groupes ;
  • en moyenne, la fonction sexuelle des hommes traités par prostatectomie s'améliore avec le temps ;
  • les patients ayant subi une radiothérapie voient leur fonction sexuelle moins brutalement impactée au départ que les patients ayant subi une chirurgie, cependant leur fonction sexuelle se dégrade plus au fil du traitement, de sorte que les différences de fonction sexuelle entre les 2 groupes de traitement s'atténuent à 5 ans.
  • toutes les options de traitement, même la surveillance, sont associées à des déclins importants : l'ampleur du déclin au fil du temps au sein de chaque groupe est toujours plus élevée que l'ampleur de la différence entre les groupes de traitement à 5 ans. « Que vous subissiez une intervention chirurgicale ou une radiothérapie, la fonction érectile est -en général- réduite. Si l’évolution de l’impact du traitement sur la fonction sexuelle est différente pour la chirurgie et la radiothérapie, l’étude montre que seul 1 homme sur 2 aura retrouvé à 5 ans une fonction sexuelle suffisante pour les rapports sexuels ;
  • les hommes ayant suivi une radiothérapie par faisceau externe + thérapie de privation des androgènes ont également une meilleure fonction sexuelle à 5 ans vs prostatectomie.

 

 

Sur la fonction urinaire :

  • la prostatectomie est associée, à 5 ans toujours, à une incontinence plus sévère que celle associée aux autres traitements pour les 2 groupes, à pronostic favorable et défavorable ;
  • à 5 ans, 10 à 16% des hommes ayant subi une prostatectomie signalent un problème modéré ou sévère « de fuites », vs 4 à 7% des patients ayant subi l’un des autres traitements ;
  • les hommes ayant subi une radiothérapie signalent également des symptômes urinaires, plus sévères au cours des 6 à 12 premiers mois, en particulier ceux ayant subi une curiethérapie à bas débit de dose. Cependant, ces symptômes urinaires s’effacent progressivement dans l’année ;
  • les hommes ayant suivi une radiothérapie par faisceau externe + thérapie de privation des androgènes souffrent d’une incontinence en général moins sévère à 5 ans vs prostatectomie.

 

 

Sur la fonction intestinale :

  • aucune différence cliniquement significative de la fonction intestinale à 5 ans n’est relevée entre les différents traitements, ce qui suggère que la radiothérapie « moderne » est associée à une toxicité urinaire et intestinale moindre que ses formes plus anciennes ;
  • les patients ayant subi une curiethérapie ont néanmoins plus de difficultés avec les symptômes intestinaux au cours de cette première année.

 

 

Bientôt un site web permettant d’estimer son score de risque d’incontinence, de dysfonction érectile et de troubles intestinaux : l’étude apporte donc des informations essentielles -et compréhensibles pour les patients- pour une prise de décision thérapeutique éclairée. L’équipe a d’ailleurs reçu une aide financière des Autorités sanitaires qui va permettre le développement d'une interface Web pour transmettre ces informations aux patients.

Une publication détaillée des données est également prévue dans le Journal of Urology avec des scores de risque pour chaque fonction, ce qui permettra aux patients d’avoir une idée plus précise de leur risque d’incontinence, de dysfonction sexuelle et de troubles intestinaux.

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