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CANCER : Pourquoi la majorité des patients ne répondent pas à l'immunothérapie

Actualité publiée il y a 3 années 1 mois 5 jours
Nature
Un médicament actuellement en cours de test pourrait, en inversant ce mécanisme, stimuler l'immunothérapie anticancéreuse (Visuel Adobe Stock 279977730).

Pourquoi la majorité des patients ne répondent pas à l'immunothérapie ? La réponse se trouve peut-être dans le microenvironnement tumoral. Pour la première fois cette équipe de l’Université de Pittsburgh décrypte le rôle du microenvironnement, un rôle plutôt favorable à la tumeur et qui détourne le système immunitaire dans son environnement le plus proche : ce microenvironnement produit en effet des composés chimiques qui permettent au cancer d'échapper aux cellules tueuses. La recherche, menée chez la souris modèle de mélanome, et publiée dans la revue Nature, suggère qu'un médicament actuellement en cours de test pourrait, en inversant ce mécanisme, stimuler l'immunothérapie anticancéreuse.

 

Les scientifiques de l’UPMC Hillman Cancer Center et de l’Université de Pittsburgh sont parvenus à perturber cet effet protecteur du microenvironnement tumoral chez la souris et constatent alors que cette perturbation réduit la tumeur, prolonge la survie et augmente la sensibilité à l'immunothérapie.

La tumeur affame les cellules T tueuses, mais nourrit les cellules T régulatrices

L’auteur principal, le Dr Greg Delgoffe, professeur d’immunologie fait ici l’hypothèse que c’est en raison de cette dérégulation du système immunitaire dans ce microenvironnement tumoral. Le système immunitaire est composé de nombreux types de cellules, parmi lesquelles les cellules T.

  • Un type, appelé cellules T tueuses, combat les envahisseurs, tels que les virus, les bactéries et même le cancer ;
  • un autre type, appelé cellules T régulatrices, ou «cellules Treg» en abrégé, neutralise les cellules T tueuses en agissant comme des protecteurs des cellules appartenant au corps. Les cellules T-reg contribuent à prévenir les maladies auto-immunes, telles que le diabète de type I, la maladie de Crohn et la sclérose en plaques, dans lesquelles les cellules T tueuses hyperactives attaquent par erreur les tissus sains du corps.

 

Pour pouvoir accomplir leur mission, ces cellules immunitaires doivent produire de l'énergie. L'équipe a regardé quel était « l’appétit » des différents types de cellules T et comment les tumeurs qui ont, elles-aussi, un grand appétit, se disputent les nutriments avec les cellules immunitaires du microenvironnement. Les chercheurs constatent alors que les cellules T tueuses et les cellules T régulatrices ont des appétits très différents, et que les cellules cancéreuses exploitent ces différences : les cellules cancéreuses affament les cellules T tueuses -qui les tueraient-, mais nourrissent les cellules T régulatrices qui les protègent.

  • Les tumeurs engloutissent donc les nutriments à proximité dont les cellules T tueuses auraient besoin pour attaquer.
  • Dans le même temps, les tumeurs excrètent de l'acide lactique, qui nourrit les lymphocytes T régulateurs, qui transforment l'acide lactique en énergie

Se « blottir » contre la tumeur est donc une bonne stratégie pour ces cellules immunitaires Tregs.

 

Affamer les Tregs pour laisser entrer les cellules T tueuses : sur des souris modèles de mélanome, les chercheurs montrent qu’éteindre le gène qui code pour la protéine (MCT1) qui permet aux Tregs de convertir l’acide lactique en énergie, ralentit considérablement la croissance tumorale. Les souris survivent également plus longtemps. « Lorsque les cellules Tregs ne sont pas entretenues par la tumeur, les cellules T tueuses peuvent entrer et attaquer la tumeur ». Et l'immunothérapie gagne alors en efficacité.

 

Il se trouve qu’un candidat qui inhibe la protéine MCT1 qui permet aux Tregs de convertir l’acide lactique en énergie, est actuellement testé chez des patients atteints de lymphome avancé. A suivre donc…

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