CANCER : Prendre aussi en charge le risque cardiovasculaire
Les survivants adultes d'un cancer infantile sont fréquemment sous-traités pour les facteurs de risque cardiovasculaire, conclut cette étude d’une équipe du Fred Hutchinson Cancer Center (Seattle), à paraître dans le Journal of the American Heart Association (JAHA). Des conclusions qui souhaitent sensibiliser au risque jusqu'à 5 fois plus élevé de maladie cardiovasculaire et de décès de ces patients exposés plus jeunes, à la chimiothérapie et/ou à la radiothérapie.
Les adultes qui survivent à un cancer infantile présentent en effet un risque considérablement plus élevé de maladie cardiovasculaire mais restent 80 % plus susceptibles d'être sous-traités pour plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire : l’hypertension artérielle (HTA), diabète et l'hypercholestérolémie. De précédentes recherches ont montré qu'en raison de leur exposition à la chimiothérapie et/ou à la radiothérapie, les survivants d'un cancer infantile font ainsi face à un risque démultiplié de maladie cardiovasculaire et de décès mais déclarent ne recevoir que des soins médicaux généraux, non spécifiques à leur expérience du cancer. De plus, ces patients ne bénéficient pas des dépistages cardiovasculaires recommandés.
Un sous-diagnostic et un sous-traitement des troubles cardiovasculaires chez les survivants de cancer infantile
L'auteur principal, le Dr Eric J. Chow, M.D., M.P.H., professeur agrégé en recherche clinique et en sciences de la santé publique au Fred Hutchinson Cancer Center tire ainsi le signal d’alarme, et sur toute une gamme de facteurs et de problèmes cardiovasculaires : l’HTA, l'hypercholestérolémie, le diabète, le « mauvais » cholestérol, des niveaux élevés de triglycérides ou encore une glycémie supérieure aux recommandations.
L’étude est menée auprès de participants de l'étude Childhood Cancer Survivor Study (CCSS), ayant reçu un diagnostic de cancer avant l'âge de 21 ans entre 1970 et 1999 et ayant survécu au moins 5 ans. Entre septembre 2017 et avril 2020, les chercheurs ont recruté au sein de la cohorte des survivants du cancer infantile âgés d'au moins 18 ans, exempts alors de maladie et d’insuffisance cardiaque. Au sein de ces participants, les types de cancer les plus courants étaient la leucémie, le lymphome et le cancer des os.
Les chercheurs ont ainsi mesuré la pression artérielle, les lipides, le glucose et les taux d'hémoglobine A1c chez près de 600 adultes (âge médian de 37 ans) en moyenne 28 ans après le diagnostic de cancer et ont rapproché ces données de celles d’un groupe témoin de 350 adultes du même âge sans antécédent de cancer. L'analyse révèle,
que les survivants du cancer sont plus susceptibles de souffrir
- d'hypertension : 18 % vs 11 %,
- de taux de lipides anormaux : 14 % vs 4,9 %,
- de diabète : 6,5 % vs 3,2 % ;
- les participants des 2 groupes présentent des taux similaires d'hypertension sous-diagnostiquée, d'hypercholestérolémie et de diabète : soit 27,1 % chez les survivants du cancer vs 26,1 % dans le groupe témoin ;
- cependant, les survivants du cancer sont 80% plus susceptibles d'être sous-traités pour ces conditions vs témoins.
« Les maladies cardiaques graves sont rares chez les jeunes adultes en population générale, dont les survivants du cancer infantile, il est donc nécessaire de sensibiliser au risque accru de maladie cardiovasculaire chez ce groupe de patients » commente l’auteur. « Sensibiliser les professionnels des soins primaires et améliorer la capacité des survivants à gérer eux-mêmes leur santé pourrait permettre de mieux contrôler ce risque ».
D’autres conclusions intéressantes :
- les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires les plus sous-diagnostiqués et sous-traités chez les survivants du cancer sont l'hypertension à 18,9 % et les troubles lipidiques à 16,3 % ;
- parmi les survivants du cancer, les hommes sont 2 fois plus susceptibles d'être sous-diagnostiqués et sous-traités pour ces facteurs cardiovasculaires ;
- les survivants en surpoids ou obèses sont 2 à 3 fois plus susceptibles d'être sous-diagnostiqués et sous-traités ;
- les survivants du cancer présentant au moins 2 facteurs de mode de vie malsains, tels que l'inactivité physique et une faible consommation de fruits et légumes, sont 2 fois plus susceptibles d'être sous-traités ;
- les survivants d'un cancer infantile ayant confiance en leur capacité à gérer leur propre santé ont un risque réduit de moitié de sous-traitement de maladie cardiovasculaire étudiés.
Chez ces patients, l’éducation thérapeutique prend toute sa signification.
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