CANNABIS : Consommation fréquente et risque cardiaque ?
C’est bien la conclusion de cette étude de l’Université de Stanford, présentée lors de la 72è Réunion annuelle de l'American College of Cardiology : une consommation fréquente de cannabis apparait associée à un risque accru de maladies cardiaques. Alors qu’on ne retient principalement, avec la consommation de cannabis, que le risque majeur pour le cerveau en développement (exposition in utero, adolescence), ces chercheurs souhaitent sensibiliser au fait que la consommation de cannabis n'est pas toujours dénuée de risque cardiaque.
L’étude, l'une des plus vastes et des plus complètes à ce jour ayant examiné les implications cardiovasculaires de l'utilisation à long terme de la substance, intervient en plein contexte de légalisation du cannabis dans un nombre croissant d'États américains. L’étude révèle ainsi que la coronaropathie est la forme la plus courante de maladie cardiaque, avec le cannabis. Ainsi, sans démontrer la relation de cause à effet, la consommation de cannabis pourrait en fait favoriser l’accumulation de cholestérol dans les artères. La coronaropathie provoque généralement des douleurs thoraciques, un essoufflement et de la fatigue, et peut entraîner une crise cardiaque.
De précédentes études ont cependant abouti à des résultats mitigés sur la relation entre le cannabis et les maladies cardiaques, certaines suggérant que fumer du cannabis peut augmenter le risque de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral et d'autres événements cardiaques, en particulier chez les jeunes.
Quelle relation entre le cannabis et les maladies cardiaques ?
L’auteur principal, le Dr Ishan Paranjpe, médecin résident à l'Université de Stanford explique, qu’en termes de Santé publique, « certains méfaits de la consommation de cannabis sont mal documentés et restent peu reconnus ». L’étude suggère en effet un lien possible entre le cannabis et la coronaropathie, et même une relation dose-réponse entre la fréquence de la consommation et le niveau de risque.
L'étude : à partir de l’analyse des données du programme de recherche All of Us des National Institutes of Health (NIH), dont des informations détaillées sur la santé et les habitudes de 175.000 participants, les chercheurs ont pu préciser l’association entre la fréquence de consommation de cannabis et les taux de coronaropathie, mais aussi les troubles liés à la consommation de cannabis. Précisément, après prise en compte des facteurs de confusion possibles, dont l’âge, le sexe et les principaux facteurs de risque cardiovasculaire, l’analyse confirme que :
- les consommateurs quotidiens de cannabis présentent un risque accru de 34 % de développer une maladie coronarienne vs les participants qui n'ont jamais consommé de cannabis ;
- cependant, une consommation mensuelle de cannabis n'est pas associée à une augmentation significative du risque de coronaropathie ;
- par randomisation mendélienne, les chercheurs identifient une relation causale, concluant que les personnes souffrant de troubles liés à l'usage de cannabis sont en effet plus susceptibles de développer une coronaropathie ;
- par analyse génétique, cette relation causale se révèle indépendante des effets de confusion possibles de la consommation de tabac et d'alcool.
« La consommation quotidienne de cannabis n'est pas sans risque »,
écrivent les auteurs qui appellent les consommateurs réguliers à en informer leur médecin.
Quel processus ? De précédentes études ont suggéré que le tétrahydrocannabinol (THC), le principal cannabinoïde psychoactif du cannabis, agit sur des récepteurs qui se trouvent dans le système nerveux central ainsi que dans le cœur et les vaisseaux sanguins. Cette interaction entre le THC et les vaisseaux sanguins pourrait constituer une voie favorisant l'inflammation et l'accumulation de plaque, conduisant finalement à la maladie coronarienne. Ces mêmes effets ne seraient pas nécessairement attendus avec l'utilisation de cannabidiol (CBD), l’autre ingrédient actif du cannabis, non psychoactif.
Il est clair qu’identifier précisément ces voies moléculaires pourrait permettre de développer de nouvelles thérapies pour prévenir ou traiter les maladies cardiaques liées à la consommation « excessive » de cannabis, mais pas uniquement.
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