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CANNABIS : L’analyse de la salive révèle des anomalies dans le microbiome buccal

Actualité publiée il y a 2 années 3 mois 3 semaines
EBioMedicine
L'analyse de la salive de fumeurs de cannabis à long terme identifie des perturbations dans le microbiome buccal qui pourraient entraîner des troubles cérébraux (Visuel Fotolia)

L'analyse de la salive de fumeurs de cannabis à long terme identifie des perturbations dans le microbiome buccal qui pourraient entraîner des troubles cérébraux, selon cette étude de l’University of South Carolina, publiée dans EBioMedicine. Des conclusions frappantes basées sur un marqueur biologique objectif l’augmentation des niveaux d’une bactérie spécifique, Actinomyces meyeri, ainsi que sur un mécanisme démontré in vivo : donner à des souris cette bactérie entraîne une production de bêta-amyloïde dans le cerveau, la protéine toxique caractéristique de l’Alzheimer.

 

L’auteur principal, le Dr Wei Jiang, immunologiste et professeur agrégé de microbiologie et d'immunologie rappelle qu’on en sait encore peu sur la façon dont la consommation à long terme de cannabis affecte les microbes de la cavité buccale ou microbiome buccal. Or le microbiome buccal joue un rôle essentiel dans le maintien de la santé bucco-dentaire, mais ses modifications telles que celles causées par le tabagisme, peuvent perturber l'équilibre des microbes, nous rendant plus sensibles aux maladies.

Un lien entre le microbiome buccal et la santé du cerveau

C’est le sujet de cette recherche, qui explore les effets de la consommation de cannabis sur le microbiome buccal. L’équipe a analysé la salive des consommateurs de cannabis à long terme et identifie des niveaux accrus d'Actinomyces meyeri dans la bouche, en corrélation avec la durée de la consommation de cannabis.

 

Or ces niveaux accrus de bactéries peuvent entraîner des troubles du système immunitaire. Pour évaluer ces effets, l'équipe a administré oralement à des souris, des bactéries A. meyeri. Les chercheurs observent alors une diminution significative de l'activité des animaux ainsi qu’une augmentation des niveaux de bêta-amyloïde dans le cerveau, l'une des protéines associés à la maladie d'Alzheimer.

 « L'aspect le plus excitant de nos travaux est ce lien entre le microbiome buccal et la santé du cerveau », commentent les auteurs.

 

C’est un rappel aussi des effets parfois bénéfiques de nos microbiomes : nous vivons en harmonie avec notre microbiome, car les microbes commensaux ne causent pas de maladie et remplissent souvent des fonctions biologiques vitales. Ainsi qu’un rappel des risques associés à leur perturbation : ainsi, le tabagisme perturbe l'équilibre des microbes dans la cavité buccale, fumer du cannabis – un comportement déjà connu pour influencer le fonctionnement neuronal- perturbe également cet équilibre ce qui peut affecter le système immunitaire.

 

  • Dans le cas du cannabis, une des modifications majeures du microbiome buccal est l’augmentation des niveaux de bactéries A. meyeri. La famille de bactéries Actinomyces, dont A. meyeri fait partie, sont des bactéries commensales de la cavité buccale qui peuvent néanmoins devenir des pathogènes opportunistes.

 

Alors, la consommation de cannabis affecte la santé du cerveau -via A. meyeri ? Pour comprendre comment A. meyeri influence la santé du cerveau, les chercheurs ont inoculé A. meyeri à des souris. L’équipe constate une baisse d’activité chez les souris, une migration accrue des macrophages dans le cerveau et des niveaux accrus de bêta-amyloïde. Ces résultats suggèrent que la consommation de cannabis à long terme altère la santé du cerveau, en particulier,

 

  • via l'accumulation de protéine bêta-amyloïde toxique, caractéristique de la maladie d'Alzheimer et d'autres démences;
  • via la présence excessive de cellules immunitaires dans le cerveau peut entraîner une altération de la fonction cérébrale, et une inflammation cérébrale persistante.

 

Il faudra mieux décrypter encore ces mécanismes : car la consommation de cannabis peut peut-être provoquer la démence, mais peut également aider les personnes déjà atteintes. Ce paradoxe du cannabis est certainement fonction de la fréquence d'utilisation, de la durée d'utilisation, au mode de consommation, intensif ou modéré, autant de variables qui restent à préciser.

Enfin, ces résultats soulignent l'importance de la santé buccodentaire sur la fonction cérébrale.

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