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CIRRHOSE : Ces vésicules bactériennes qui mènent au cancer

Actualité publiée il y a 1 année 5 jours 23 heures
Liver International
Des vésicules produites par les bactéries intestinales déclenchent un cycle malin chez les patients atteints de cirrhose (Visuel Adobe Stock 588069518)

Des vésicules produites par les bactéries intestinales déclenchent un cycle malin chez les patients atteints de cirrhose, explique cette équipe de l’Université Niigata et de Kyoto : ces petites vésicules libérées par les bactéries, documentées pour la première fois dans la revue Liver International, induisent une activation immunitaire et la progression de la cirrhose du foie, ainsi qu'une réduction du taux d'albumine sérique, ce qui accroît le risque d’œdème et d’ascite.

 

La cirrhose représente la première cause de mortalité par cancer du foie. Sa progression entraîne différents symptômes, notamment la jaunisse, l'ascite, la rupture des varices et le carcinome hépatocellulaire. Souvent, même si les causes profondes, telles que le virus de l'hépatite, l'alcool et les facteurs liés au mode de vie sont « traitées », la fibrose progresse sans amélioration, en raison notamment de la capacité limitée des foies cirrhotiques à se régénérer.

Eviter le « point de non-retour »

Les bactéries intestinales sont considérées comme l'un des facteurs clés pouvant conduire à cet état. De précédentes recherches ont constaté que pendant la cirrhose, l'intestin est sensible à l'invasion bactérienne intestinale, en raison de multiples facteurs, dont une muqueuse œdémateuse, une réduction de la diversité des communautés bactériennes intestinales, la motilité intestinale, la production de mucus, la fonction de barrière épithéliale et la capacité immunitaire.

 

Cette équipe regarde de plus près l’hypothèse que l'invasion de vésicules extrêmement petites (environ 100 nm), provenant de certaines bactéries intestinales puisse induire cet effet néfaste sur le foie, sans qu’il « y ait besoin » d’une l'invasion des bactéries elles-mêmes.

 

L’étude a donc regardé in vitro les effets sur les cellules hépatiques et in vivo, sur des souris modèles de cirrhose, les effets de la libération de petites vésicules par la bactérie Escherichia coli (E. coli), un phénomène bien détecté, lorsque la cirrhose s'aggrave. Ces observations révèlent que :

 

  • les vésicules dérivées d'E. coli induisent une inflammation impliquant des macrophages et des neutrophiles et régulent à la hausse l'expression d’un gène spécifique, Clec4E, dans les cellules ;
  • les hépatocytes, les cellules hépatiques les plus importantes et responsables de la majorité de la fonction hépatique, subissent des changements importants une fois exposés aux vésicules, dont une diminution de la production d'albumine, produite par les hépatocytes et libérée dans le sang ;
  • l'administration de ces vésicules dérivées d'E. coli à des souris modèles de cirrhose induit une inflammation du foie, aggrave la fibrose et réduit les taux sériques d'albumine ;
  • ces états d'inflammation activée et d'aggravation de la fibrose sont, en revanche, atténués par l'administration d'albumine aux souris ;
  • enfin, le gène Clec4e s’avère positivement dans les macrophages ayant migré à l'extérieur du foie ;
  • des vésicules dérivées de bactéries intestinales et de multiples anticorps dirigés contre divers antigènes bactériens sont détectés dans l'ascite et le sérum, respectivement, de patients atteints de cirrhose ;
  • la présence de ces vésicules suggère qu'elles puissent être responsables de l’augmentation de l'inflammation du foie, de l’aggravation de la fibrose et de la diminution de la production d'albumine, les facteurs-mêmes de ces effets critiques chez les patients atteints.

 

Un mécanisme décrypté : ces travaux décryptent le mécanisme par lequel les patients atteints de cirrhose avancée développent une inflammation chronique causée par des vésicules bactériennes et d'autres agents, probablement, ce qui entraîne des lésions hépatiques et systémiques.

 

L’un des auteurs principaux, le Dr Atsunori Tsuchiya du Service de gastro-entérologie et d'hépatologie de l’Université de Niigata, conclut : « cette nouvelle compréhension des mécanismes en cause va nous permettre de développer de nouvelles thérapies, par exemple en renforçant les barrières intestinales des patients atteints de cirrhose ».

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