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COVID-19 : Et si la thérapie antirétrovirale réduisait le risque d’infection ?

Actualité publiée il y a 2 années 1 mois 2 jours
Clinical Infectious Diseases
Une thérapie antirétrovirale (TARV) à long terme, avec des inhibiteurs de la protéase pourrait permettre de prévenir l'infection COVID-19 (Schéma NIH).

Cette équipe de médecins français du Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges et de l'Hôpital général de Melun, suggère qu'une thérapie antirétrovirale (TARV) à long terme, avec des inhibiteurs de la protéase permet de prévenir l'infection COVID-19. Ces données, présentées lors du Congrès 2002 de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID 2022, Lisbonne) et publiées dans la revue Clinical Infectious Diseases, ouvrent la piste des inhibiteurs de la protéase en prophylaxie des infections COVID-19 : ces médicaments qui ont un bon profil d'innocuité et sont généralement bien tolérés semblent attaquer le virus avant qu'il n'ait pu se répliquer et offrent une chance d'empêcher la propagation et la l’émergence de nouveaux variants du virus SARS-CoV-2.

 

L’équipe dirigée par le Dr Steve Nguala du Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges a mené cette étude observationnelle préliminaire auprès de plus de 500 personnes vivant avec le VIH. Les conclusions révèlent une association entre le TARV par inhibiteurs de la protéase (IP) et un risque réduit de 70 % d'infection COVID-19. Cette découverte, encourageante et prometteuse devra être validée par des études plus larges : les chercheurs précisent que « ces conclusions ne doivent pas être considérées comme une preuve concluante que l'utilisation à long terme d'inhibiteurs de protéase protège les personnes vivant avec le VIH du COVID-19 ».

Du rôle positif des inhibiteurs de la protéase contre la réplication virale

Des pistes sur d’autres effets protecteurs du TARV : les personnes vivant avec le VIH sont plus exposées au risque d'infections communautaires ou opportunistes, mais, curieusement ne semblent pas être exposées à un risque accru de COVID-19 sévère. Ce constat incite à faire l’hypothèse que leur TARV pourrait avoir un effet protecteur contre COVID-19. Les chercheurs rappellent d’ailleurs que le TARV a été documenté comme facteur de protection possible contre le Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) en 2003, mais sur un échantillon trop modeste de patients pour pouvoir conclure.

 

Les inhibiteurs de la protéase, une classe de médicaments antiviraux utilisés pour traiter le VIH, agissent en bloquant une enzyme essentielle (appelée protéase) dont les virus ont besoin pour se répliquer et infecter davantage de cellules. L’efficacité de ces médicaments contre COVID-19 n’a jamais été étudiée. C’est pourquoi l’équipe française a mené cette étude de cohorte multicentrique dans 6 hôpitaux d'Ile-de-France pour évaluer l'impact de l'utilisation à long terme des IP chez les patients séropositifs, sur l'incidence du COVID-19. L’étude a donc suivi, de mai 2020 à mai 2021, 169 participants séropositifs traités par TARV avec IP et 338 patients séropositifs traités par TARV sans IP. L’âge moyen des participants était 50 ans. Aucun des participants n'avait été précédemment diagnostiqué avec le COVID-19. Tous les patients ont passé des évaluations cliniques régulières et un dépistage du COVID-19 pendant le suivi habituel du VIH (tous les 6 mois). L’analyse révèle, sur 1 an de suivi, que :

 

  • 12 % (18/153) des participants prenant des IP vs 22 % (61/283) des participants du groupe « non IP » ont contracté un COVID- 19 évalué par une sérologie SARS-COV-2 positive à la fin de l'étude ;
  • 4 patients du groupe non IP ont été hospitalisés avec COVID-19 ;
  • Après prise en compte des facteurs de confusion possibles (ou facteurs de risque accru de COVID-19), les patients du groupe IP ont un risque réduit de 70 % d’infection COVID-19 que les participants du groupe non IP.

 

« Les médicaments inhibiteurs de la protéase ont une longue histoire d'utilisation. L’incidence réduite de COVID-19 chez les patients traités avec ces médicaments soulève la question d'un effet préventif qui doit être étudié plus avant. D'autres études avec un plus grand nombre de patients et des essais randomisés chez des personnes sans VIH, sont nécessaires pour confirmer ces résultats préliminaires prometteurs ».

 

A noter, le Paxlovid, développé par Pfizer, contre les formes sévères de COVID-19, est une association de 2 molécules, dont un inhibiteur de la protéase majeure du SARS-CoV-2.

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