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COVID-19 : La maladie mentale, facteur de vulnérabilité à l’infection ?

Actualité publiée il y a 2 années 1 semaine 1 jour
JAMA Network Open
« La santé mentale doit également être prise en compte dans le risque d'infection COVID, en conjonction avec d'autres facteurs de risque » (Visuel Adobe Stock 249986725)

« La santé mentale doit également être prise en compte en conjonction avec d'autres facteurs de risque », explique cette équipe de l’Université de Californie - San Francisco (UCSF), la première à invoquer et à documenter l’importance de critères mentaux dans la vulnérabilité à l’infection. L’étude menée précisément auprès de participants vaccinés porte sur les « breakthrough infections » ou infections survenant en dépit de « l’immunisation ». De nouvelles données, publiées dans le JAMA Network Open qui suggèrent d’intégrer dans les groupes prioritaires pour les rappels, certains patients souffrant de troubles de la santé mentale.

 

En résumé, l’étude révèle que les personnes vaccinées contre le SRAS-CoV-2 et ayant des antécédents d'affections psychiatriques présentent également un risque accru de COVID-19. Un constat qui pourrait s’expliquer par une réponse immunitaire affaiblie ainsi que par les comportements à risque associés à certains de ces troubles.

 

L'étude : l’équipe de l'UCSF avec des collègues du San Francisco VA Health Care System a suivi plus de 250.000 patients du Département américain des anciens combattants, âgés en moyenne de 66 ans et à 90 % des hommes, ayant terminé leur schéma vaccinal. Un peu plus de la moitié (51,4%) des patients avaient reçu au moins un diagnostic psychiatrique au cours des 5 dernières années et 14,8% ont développé une infection de percée COVID-19, confirmée par un test positif. L’équipe a pris en compte dans son calcul, les facteurs de confusion possibles, dont l'âge, le sexe, l'origine ethnique et le type de vaccin utilisé, ainsi que les antécédents de tabagisme et les comorbidités comme l'obésité, le diabète, l'apnée du sommeil, les maladies cardiovasculaires, pulmonaires, rénales et hépatiques, le VIH et le cancer. L’analyse montre précisément que :

 

  • les patients âgés de plus de 65 ans souffrant de toxicomanie, de troubles psychotiques, de trouble bipolaire, de trouble de l’adaptation et de troubles anxieux, sont confrontés à

une incidence accrue de 24 % des « infections de percée » ou infections survenant après la vaccination ;

  • une incidence pour les moins de 65 ans souffrant des mêmes troubles mentaux, accrue de 11% des infections de percée ;
  • un risque accru de 24 % pour les plus de 65 ans toxicomanes,
  • un risque accru de 23 % pour les participants souffrant de troubles psychotiques,
  • un risque accru de 16 % pour les participants souffrant de trouble bipolaire, de 14 % en cas de trouble de l’adaptation et de 12 % en cas de troubles anxieux.
  • Pour les autres comorbidités, les augmentations d’incidence sont de 23 % pour la maladie rénale chronique, 20 % pour le VIH, 19 % pour les maladies cardiovasculaires, 18 % pour la maladie pulmonaire chronique et 13 % pour l'apnée du sommeil.

 

Quelles explications ? Si, en population générale, la reprise des infections, post-vaccination, s’explique par une immunité décroissante et une protection moindre contre les nouvelles variantes, cette augmentation des infections particulière chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques ne peut s’expliquer par ces seuls facteurs ou par des facteurs socio-démographiques ou des conditions (autres que mentales) préexistantes, commente l'auteur principal, le Dr Aoife O'Donovan, de l'UCSF Weill Institute for Neurosciences.

 

Il est possible que l'immunité après la vaccination diminue plus rapidement ou plus fortement chez ces personnes atteintes de troubles psychiatriques et/ou elles pourraient avoir une protection particulièrement réduite contre les nouveaux variants, en raison de traitements, ou encore, elles seraient plus susceptibles d'adopter des comportements les exposant à un risque plus élevé de COVID. Il est enfin possible que ces patients âgés atteints de troubles psychiatriques aient besoin de soins en personne plus fréquents, ce qui pourrait augmenter leurs interactions avec le système de santé et par conséquent leur risque d’infection.

 

Ainsi, certaines conditions psychiatriques, en particulier dans le groupe des 65 ans et plus, doivent être prises en compte au nombre des facteurs de risques au même titre que d’autres comorbidités plus souvent évoquées, dont l’obésité ou la maladie cardiaque.

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