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COVID-19 : L’enzyme qui rend les hommes plus vulnérables que les femmes

Actualité publiée il y a 3 années 11 mois 2 semaines
European Heart Journal
Le sang des hommes contient des concentrations plus élevées d’une enzyme, ACE2, qui aide le coronavirus SARS-CoV-2 à infecter les cellules.

Cette large étude de l’Université de Groningen (Pays-Bas) révèle que le sang des hommes contient des concentrations plus élevées d’une enzyme, ACE2, qui aide le SARS-CoV-2 à infecter les cellules. En revanche, la recherche, publiée dans l’European Heart Journal, reste mitigée sur un effet des médicaments de l’insuffisance cardiaque sur la sévérité de la maladie.

On a déjà vu que les hommes sont plus susceptibles de développer des formes sévères de COVID-19, la maladie associée au nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Les taux de prise en charge en réanimation et de mortalité sont également plus élevés. Une étude de Wuhan a également conclu à un taux de décès multiplié par 2 chez les hommes. Cette très large étude menée auprès de plusieurs milliers de patients explique pour la première fois ces résultats. Elle montre que les hommes ont des concentrations plus élevées d'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) dans le sang que les femmes. Alors que l'ACE2 est, pour le coronavirus SARS-CoV-2,  la « porte » d’infection des cellules saines, cela explique pourquoi les hommes sont plus vulnérables au COVID-19 que les femmes.

Le sexe masculin est le facteur prédictif le plus fort des concentrations élevées d'ACE2

L'ACE2 se trouve non seulement dans les poumons, mais aussi dans le cœur, les reins et les tissus tapissant les vaisseaux sanguins, et les testicules à des niveaux particulièrement élevés. La régulation de l’enzyme dans les testicules pourrait expliquer en partie des concentrations plus élevées d'ACE2 chez les hommes. L'ACE2 est un récepteur à la surface des cellules. Il se lie au coronavirus et lui permet d'entrer et d'infecter des cellules saines après modification par une autre protéine (TMPRSS2) présente à la surface de la cellule.

 

Sexe masculin et concentrations plus élevées d’ACE2 : ici, les chercheurs ont mesuré les concentrations d'ACE2 dans des échantillons de sang prélevés sur deux groupes de patients atteints d'insuffisance cardiaque de 11 pays européens, dont pour le 1er groupe, 1.485 hommes et 537 femmes et pour le 2è groupe, 1.123 hommes et 575 femmes. Lorsque les chercheurs ont examiné les facteurs cliniques qui pourraient jouer un rôle dans les concentrations d'ACE2, y compris l'utilisation des traitements inhibiteurs de l'ECA (pour traiter l’insuffisance cardiaque), ils constatent que le sexe masculin est le facteur prédictif le plus fort de concentrations élevées d'ACE2. Cependant, ils constatent aussi que les inhibiteurs de l'ECA et d’autres médicaments de l’insuffisance cardiaque ne sont pas systématiquement associés à des concentrations plasmatiques d'ACE2 plus élevées.

 

Inhibiteurs de l’ECA et risque de COVID-19 sévère ?? De précédentes recherches avaient en effet suggéré que traiter les patients souffrant d'hypertension ou d'insuffisance cardiaque avec des inhibiteurs de l'ECA ou des bloqueurs des récepteurs de l'angiotensine (ARA) pourrait encore augmenter le risque de complications de COVID-19. Ces médicaments pourraient en effet augmenter les concentrations d'ACE2 dans le plasma, augmentant ainsi le risque de COVID-19 pour les patients cardiovasculaires prenant ces médicaments. Cette étude centrée sur les concentrations d'ACE2 dans le plasma (et non dans les tissus tels que les tissus pulmonaires) s’inscrit en faux contre cette hypothèse. Ce point reste cependant à éclaircir.

 

« Lorsque nous avons constaté que l'un des biomarqueurs les plus puissants, ACE2, était beaucoup plus élevé chez les hommes que chez les femmes, nous avons réalisé pourquoi le risque de décès était plus élevé chez les hommes. L’effet des traitements de l’insuffisance cardiaque n’est pas clair, car la faible augmentation des concentrations dans le groupe 2 n'a pas été observée dans le groupe 1. Nos résultats ne suggèrent pas que ces traitements devraient être interrompus chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque qui développent COVID-19 ».

 

 

Ainsi, en pratique clinique, l’étude ne soutient pas l'arrêt de ces médicaments chez les patients COVID-19 comme cela avait été suggéré par les études précédentes.